Franz Liszt
Sonate en si mineur, dernière page (mesures 728 sqq)
Liszt pensa un moment finir sa Sonate dans un grand fortissimo virtuose. Mais il choisit finalement de terminer dans la nuance triple piano après avoir réexposé une dernière fois le matériau utilisé. Cela donne une impression d'unité et d'une oeuvre qui se referme sur elle même, une fois les tensions apaisées. En 1847, il écrivait au Duc Alexandre de Saxe : « Le moment vient pour moi au milieu du chemin de notre vie [en italien dans le texte], de briser ma chrysalide de virtuose et de laisser plein vol à ma pensée. » Cette dernière page de la Sonate montre bien le chemin parcouru et la pleine maîtrise d'un homme qui a bu toutes les virtuosités de l'amuseur public et touche l'essence même de la musique. Alfred Brendel dans la plaquette de son enregistrement de 1981 s'exprime ainsi : « Nous ne pouvons être assez reconnaissants à Liszt d'avoir biffer la fin fortissimo conventionnelle qu'il avait prémitivement écrite. Les sept lignes qu'il a mises à la place ajoutent à la sonate un élément qui n'a pas de prix. »