Mise à jour : 17 décembre 2005
(Clavier-Übung IV)
Gavrilov, ø
Wiesbaden, septembre 1992 - DG 435 436-2
Durée : 74'18
9/8 Rép. n° 63 (et 5 n° 122) / 5Y Diap. n° 400 / 3* Monde
n° 172
« L'accent est constamment mis sur la clarté du contrepoint, avec des tempos plutôt vifs dans l'ensemble. [...] Ce n'est pas parce que Gavrilov n'envoie pas le signal coutumier de l'expression romantisme (rubato, jeux d'intensité...) que le texte est déshumanisé. Gavrilov ne m'avait pas toujours convaincu dans ses derniers enregistrements. Ici, il tient les deux bouts de la chaîne en se montrant aussi net que Gould mais plus imagé, et surtout, grâce à une prodigieuse technique, il rend toujours sensible le jaillissement de l'invention. Une version qui fera date. » (Jacques Bonnaure, Répertoire n° 63)
« Procédant d'une analyse serrée du contrepoint, conduite avec une parfaite homogénéité de style, de couleur, de tempo, n'utilisant presque jamais la pédale, l'interprétation de Gavrilov ne subit aucune de ces petite altérations dues aux imprécisions de mixage, à la nécessité, parfois, de compenser un son qui paraît dur. Et la vérité de cette version résolument pianistique est entièrement restituée. Ainsi, là où Gould et Barenboim (Var. 8, 11, 13, 14, 20, etc.) ont cherché à rendre les différences d'étagement permise par les deux claviers du clavecin, Gavrilov cherche (et trouve) une continuité absolue entre les deux mains dont les nécessaires et acrobatiques croisements demeurent --c'est un tour de force --inaudible. [...] Pourtant en dépit de la rigeur de la pulsation, de cette jubilation digitale jusque dans les deux en mode mineur, ces Variations Goldberg, où les reprises sont systématiquemnt exécutées à l'identique de l'exposition initiale, frustrent l'auditeur en raison précisément de leur trop grande rectitude, de la métrique trop exacte des ornements et du renoncement volontaire à toute forme de déclamation. A cause de cela, la grandeur se perd. » (Patrice Peillon, Monde n° 172)
Gould, [1] ø Concert
radio 1954 - CBC PSCD 2007 (+ 4 p&f du 2e livre du CBT)
Durée : 42'30
5Y Diap. n° 426
« Moins sophistiqué que la dernière, la présente réalisation est en même temps plus conventionnelle et plus modérée que le première version discographique dont elle annonce pourtant la sobriété, la légèreté, le souffle et la prodigieuse transparence. En dépit de brèves imperfections dans les variations rapides, Gould se met à la recherche de l'émotion (Var. 13), sereine mais non désolée (Var. 25), et de l'élégance (Var. 7, 19), sans négliger ce dynamisme et cette vertigineuse dextérité (Var. 20) qui ne lui interdisent pas de se mouvoir avec une liberté exceptionnelle. Après un Quodlibet étonnamment calme, presque emprunté, le cycle des Variations Goldberg se referme sur une reprise de l'Aria marquée au sceau d'une poignante sérénité. » Adélaïde de Place, Diapason n° 426)
Vous pouvez lire la page de présentation française de ce premier enregistrement gouldien sur le site de l'éditeur et écouter des extraits de l'aria et des quatre premières variations : www.cbcrecords.cbc.ca/pscd/2007.html
Gould, [2] ø studio 10, 14-16 juin 1955
- Sony "Original Jacket" 7464-64226-2 [Columbia ML 5060 - LP]
Durée : 38'33
Recommandé Compact n° 40
« [Ces premières Goldberg] sont, sous les doigts du pianiste canadien alors tout jeune, d'un grand dynamisme qu'accroît encore l'absence de reprises [...]. Mais surtout plus poétique que l'enregistrement de 198[1]. Gould joue « staccato », en détachant les notes sur son piano, à la manière d'un clavecin. Il arrive même à nous suggérer un instrument hybride [...] capable de sonorité proches du clavecin mais des nuances du piano. [...] Il sait associer une douceur fragile, des passages plaintifs sans être mièvre, à une vivacité, un allant sobre mais franc. [...] Après cette version, l'interprétation de Bach au piano (et même au clavecin) n'a plus jamais été la même. Un étape essentielle. » ([J-L. Macia ?], Compact n° 40)
Gould, [3] ø 1957 - Sony [Columbia ML 5060]
Gould, [4] ø mono Concert
Salzbourg, 25 août 1959 - Sony
10 Rép. n° (8/5 n° 65)
« Gould s'y montre assez proche de sa fameuse version de 1955, avec peut-être moins de dureté dans l'articulation, et autant de rapidité. » (Jacques Bonnaure, Répertoire n° 65)
« On a peut-être pas assez insisté [sur] le miracle du concert donné à Salzbourg en août 1959 [...]. Face à ce public qu'il déteste tant, Gould risque tout dans la course à l'abîme hallucinée d'un funambule déchiré entre défiance virtuose et confidence débrile. Galvanisé par l'urgence du concert, il abandonne la plastique parfois glacée et autoritaire qu'il arbore en studio pour un geste direct et ininterrompu. Ainsi, en 1955 et en 1981, chaque variation dessine un fascinant microcosme puis le referme soignesement ; à Salzbourg, Gould nous guide dans l'architecture labyrinthique des Goldberg sans jamais reompre le fil d'Ariane. L'énoncé initial du thème sonne à la limite de l'absence ; c'est précisément cette pudeur qui bouleverse, celle d'un musicien qui nous laisse paercevoir les failles de sa folie mais ne nous montre rien : on devine seulement, sous la lumière presque aveuglante de sa virtuosité, le regard amusé et mélancolique d'un enfant. » (Gaëtan Naulleau, Diapason n° 466 p. 45)
Gould, [6] ø studio 22-25 avril, 16, 19
et 29 mai 1981 - Sony [CBS 37 779 - LP]
Durée : 51'18
10 Rép. / Diap. d'or n° 278
Les prises audios et vidéos sont légèrements différentes.
« On le voit, Glenn Gould, on l'entend plus que jamais, si près des notes, totalement pris et prenant, de l'Aria à l'Aria, comme un funambule sur un fil tendu, se penchant sur elles, acrobate du clavier, nouant avec chacune d'elle un rapport de connivence pure. [...] Tantôt avec une gravité profonde, tantôt avec une verve étincelante, tantôt avec une force impétueuse, mais toujours avec une sorte de chaleur intimiste, Glenn Gould reconstruit devant nous les Variations, laissant jaillir de lui, de son piano, des sons calibrés, taillés, biseautés, s'appuyant les uns sur les autres, chacun impeccablement ajustés et mécaniquement nécessaires dans la courbure des phrases, comme les pierres d'une clef de voûte. » (J-M. Piel, Diapason n° 278 - décembre 1982)
Un article en anglais de Jonathan Woolf sur les deux versions 1955 et 1981.
Quelques liens sur Glenn Gould
Pour un récital donné en 1955, Glenn Gould avait écrit un petit texte de présentation des Goldberg www.gould.nlc-bnc.ca/exhi/iii7.htm.(Anglais seulement, mais l'article se trouve dans les oeuvres réunies par Bruno Monsaingeon chez Fayard)
Deux pages intéressantes sur le site de La Bibliothèque nationale du Canada : Un concernant les prises rejetées pour la vidéo de la version 1981 par Richard Green et Gilles St-Laurent www.gould.nlc-bnc.ca/nlnews/fgreen.htm; l'autre n'est pas lié directement à l'interprétation, mais je vous recommande cependant d'accorder une attention particulière au texte de Jacques Hétu : www.gould.nlc-bnc.ca/phase3/fhetu.htm.
La Revue « Horizons Philosophiques » dans le numéro du printemps 1991 (Sémiotiques 2: théories et champs d'application Vol 1, n° 2) a publié un article de Ghyslaine Guertin : Glenn Gould: « archilecteur » des Variations Goldberg, que je n'ai pas pu consulter. Sommaire du numéro sur www.cam.org/~gagnonc/hp_1_2.html
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