Mise à jour : 19 mai 2003

Discographie Bruckner
Huitième symphonie

en ut mineur - Wab 108


« Un triomphe plus beau  qu'aucun général romain osa jamais en rêver. » (Hugo Wolf)


A

Abendroth, ø [studio] Leipzig, 28 septembre 1949 OS. Radio Leipzig - Music & Arts CD-1099 (+ Beethoven 8e, 1944 & Brahms 2e, 1939) / Tahra 896 (+ 7e de 1956 - l'ancienne référence Tahra 114/5 est à éviter à cause du diapason trop bas)
Durées : I. 15'20 - II. 13'35 - III. 27'13 - IV. 22'03 = 1 h 18'11 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Rép. n° 80 & 159 / Choc Monde n° 188

« La Huitième [...] témoigne des risques, des partis pris extrêmeque suscite chez ce chef d'un autre âge cette partition-fleuve à l'architecture immence et accidentée, point de non-retour du néo-romantisme allemand, creuset d'idées neuves et d'audace harmoniques dont la postérité fera ses choux gras. Le célèbre « Adagio », pris dans un tempo extrêmement lent, le finale, où se superposent les thèmes entendus tout au long de l'œuvre, trouvent sous cette baguette contamment inspirée la respiration titanesque et naturelle à la fois [des autres grands chefs brucknériens]» (Francis Lafon, Monde la Musique n° 188 p. 92 - mai 1995)

Albrecht, ø Prague, 11 avril 1994 OP. Tchèque - Canyon Classics EC 3 686-2 / 00227
Durées : I. 16'39 - II. 13'41 - III. 27'07 - III. 24'40 = 1 h 22'17 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
Son : T. Ezaki
4/6 Rép. n° 78 / 4Y Diap. n° 413

« Gerd Albrecht, fêté lorsqu'il explore des répertoires peu connus, est souvent critiqué pour son manque de consistance dans les cheveau de bataille du répertoire. [...] Albrecht a été audiblement intéressé par les recherches de Karajan en matière de cathédrales sonores brucknériennes, mais il ne possède ni le souffle, ni le gabarit orchestrale nécessaires. La Philharmonie tchèque apparaît en chute libre (fiabilité des bois, par exemple), les tutti manquent de corps et Canyon n'a trouvé la balance à Prague aussi bien qu'à Moscou [...]. Compte tenu de la moins-value orchestrale, il aurait fallu un minimum de motorique pour convaincre. Or, malgré ça et là un souci louable d'animation (trio du second mouvement), cette interprétation n'avance jamais et nous vaut d'épouvantables « tunnels », notamment dans le Finale. » (Ch. Huss, Répertoire n° 78 p. 32 - mars 1995)

« [L'interprétation de Gerd Albrecht] se caractérise par son ampleur dans les mouvements extrêmes et l'Adagio, et par sa vivacité dans le Scherzo. L'équilibre d'ensemble est ainsi réalisé de façon parfaitement satisfaisante [...]. Cependant, cette gravure reste souvent plus contemplative que dynamique, ne rendant pas pleinement justice à la formidable tension de l'œuvre, qui a connu lectures plus impressionnantes ou plus émouvantes. La réalisation instrumentale est, elle, de premier plan, les cordes et les bois natamment se couvran de gloire, bien que l'orchestre tchèque ne soit pas familier de Bruckner qu'il n'a guère enregistré depuis de mémorables gravures avec Matacic. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 413 p. 100 - mars 1995)

Asahina [1], ø 15-16 avril 1976 OP. Osaka - Jean Jean JGD-2001-2017
Durées : I. 15'49 - II. 16'38 - III. 26'20 - IV. 24'00 = 1 h 23'04 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Asahina [2], ø Kobe, 23 août 1976 OP. Osaka - Jean-Jean JJ008-019 (intégrale)
Durées : I. 16:00 16:50 26:59 - IV. 24'37 = 1 h 24'45 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Asahina [3], ø 24 octobre 1980 OP. Osaka - [Victor KVX 5529/30 / JVC SJX 1151/9 intégrale - LP]
Durées : I. 16'46 - II. 17'08 - III. 29'13 - IV. 24'57 = 1 h 28'02 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Asahina [4], ø Concert Cathédrale Saint-Mari, 14 septembre 1983 OP. Osaka - JVC VCD 5013-14 / VICC 40190-99 (intégrale)
Durées : I. 15'59 - II. 16'34 - III. 27'54 - IV. 24'53 = 1 h 25'30 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
3Y Diap. n° 333

«La vision de [Takashi] Asahina frappe par son ampleur, et par la tension qu'il sait communiquer aux mouvements extrêmes, incontestablement les plus réussis. Pris dans un tempo très large, le finale, en particulier, bénéficie d'une relance permanente du discours des plus impressionnantes [...]. En revanche, le scherzo, esservi par une balance orchestrale assez déséquilibrée, avec des timbales et un tuba très en évidence, apparaît prosaïque, même le trio ne retrouvant pas la poésie souhaitable. Le sublime adagio manque lui aussi un peu de tendresse et d'intériorité en son début, alors que son sommet est traduit avec toute la majesté requise. Le philharmonique d'Osaka répond aux intensions de son chef avec plus de discipline, malgré quelques imprecisions dues au direct, que de beauté de timbres (les bois en particulier sont assez ingras), ou de richesse intrinsèque de sonorités (le son de l'orchestre manque de personnalité réelle [...]).» (Jean-Claude Hulot, Répertoire n° 333 p. 136 - décembre 1987)

Asahina [5], ø Concert 16 février 1993 New Japan P. - Fontec FOCD 9053/55
Durées : I. 15'46 - II. 15'27 - III. 27'34 - IV. 22'55 = 1 h 22'38 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Asahina [6], ø 13 novembre 1993 OS. Tokyo - Canyon Classics 362
Durées : I. 15'56 - II. 16'22 - III. 27'53 - IV. 24'53 = 1 h 25'05 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Asahina [7], ø Concert Tokyo, Suntory Hall, 24 juillet 1994 OP. Osaka - Canyon PCCL 00253 / PCCL-00476
Durées : I. 15'46 - II. 16'22 - III. 28'57 - IV. 23'43 = 1 h 24'48 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Asahina [8], - 6 mars 1997 OS. NHK - Fontec FOCD 9184

Asahina [9], 28 sept. / 9-10 octobre 1998 O. Metropolitain Tokyo - Fontec FOCD 9124/5
Durées : I. 15'27 - II. 15'59 - III. 27'13 - IV. 22'58 = 1 h 22'00 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Asahina [10], ø Concert 23-25 juillet 2001 OP. Osaka - Exton OVCL-00061
Durées : I. 14'34 - II. 15'19 - III. 26'14 - IV. 24'05 = 1 h 20'30 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

B

Barbirolli, ø Concert Londres, Royal Festival Hall, 20 mai 1970 Hallé Orchestra - BBC "Legends" BBCL 4067-2 / Carlton 91922 / Arkadia/Hunt CD 717 [avec une fausse date : 20 juillet et un défilement de bande trop rapide]
Durées : I. 14'34 - II. 13'27 - III. 23'35 - IV. 22'07 = 1 h 13'45 - [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
6 Rép. n° 32 & 150 / 2Y Diap. n° 368 /4* Monde n° 260

« La fièvre du concert peut susciter des interprétations brucknériennes tout à fait inattendues... Il manque en effet à la vision très motorique de Barbirolli (il relance infatigablement les tempos dans le Finale), un orchestre capable de soutenir le poids d'une telle œuvre. Ici les cordes sont sèches, les cuivres exsangues. » (Ch. Huss, Répertoire n° 32 p. 36 - janvier 1991)

« Il y a de beaux moments - le mordant du II, les vagues d'émotions du III ou la relance permanente du IV -, mais aussi une tendence à l'emphase (climax de III, quelques minauderies de traits pour souligner ce qui devrait simplement coiuler de source), un volet initial en deça et surtout, dès le début une incapacité des violons à incarner un son brucknérien. Ces mêmes violons frisent d'ailleurs le naufrage dans les dix dernières minutes. » (Ch. Huss, Répertoire n° 150 p. 58 - octobre 2001)

« Cette Huitième Symphonie de Bruckner - dans la bonne édition (Haas) - est un peu le testament musical du chef. Malgré un Orchestre de Hallé loin d'être parfait (les violons sont à la peine surtout dans le finale), l'interprétation est toujours émouvantes, intensément dramatique (« Adagio », finale) et plus d'une fois électrisante (le scherzo, rapide et féroce, avec une détente idéale dans le trio). Barbirolli, très subjectif, tragique ou même « pathétique » au bon sens du terme (à la Leonard Bernstein), frise l'emphase ; il impose cependant une vision puissante et dynamique (le finale !) et incrit l'œuvre, malgré la fébrilité de ses contrastes et la violence de ses inflexions, dans un geste architectural d'une exceptionnelle sûreté. » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 260 p. 83 - décembre 2001)

« Précison d'amblé que la qualité technique de ce disque est d'une médiocrité inacceptable pour un enregistrement de cette date [...], enfin l'orchestre Hallé était ce soir-là en très petite forme. Ces réserves (importantes) exprimées, La vision de Barbirolli est a connaître par sa grande liberté comme par ses outrances ; le Scherzo est mené à un tempo d'enfer (que l'orchestre ne soutient guère) et le crescendo de l'Adagio s'accélère curieusement, tandis que le Finale souffre de plusieurs baisses de tension. Mais en dépit de tout cela, il passe à l'audition de ce disque un souffle qui fait regrettant qu'aucun éditeur n'ait confié à Barbirolli un grand orchestre et un studio pour graver l'œuvre de façon digne de sa conception. » (Jean- Claude Hulot, Diapason n° 368 p. 112 - février 1991)

Barenboïm [1], ø 9 décembre 1980 OS. Chicago - DG 429-025-2 (p) 1993 (intégrale 72-81) [2741 007 (+ Te Deum) / 2740 253 (intégrale) - LP]
Durées : I. 15'21 - II. 15'09 - III. 25'55 - IV. 22'55 = 1 h 19'20 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
4Y Diap. n° 266, 268 & 399 (intégrale) / 4* Monde n° 173 (intégrale)

« Reste la Huitième, le plus haut sommet de la pensée de Bruckner, une page qui telle la Troisième, a longtemps souffert de piètres réalisations discographiques. Barenboïm, comme avant lui Furtwängler, Karajan et Wand, choisit donc l'édition Hass mais, chose curieuse, n'est pas totalement fidèle à sa lettre : ainsi, dans l'immense tutti couronnant la progression terminale de l'adagio (mesure 253), prolonge-t-il le mi bémol des violons - ainsi que l'indique, à tort, [l'édition] Nowak - ce qui a pour regrettable effet de masquer un stupéfiant arpège ascendan des harpes, que tout brucknérien garde e mémoire. Avec des tempos judicieusement enlevés (plus rapide que ceux de ceux de Karajan et même ceux de Wand), Barenboïm aborde les deux premiers mouvements de façon incisive et fougueuse. Cette vitalité ne parvient cependant pas toujours à traduire la sombre imminence emplie d'écroulement tragique, de ces deux temps. Paradoxalement, Karajan, qui est plus lent, soutient mieux la ligne de chant, et galbe de la courbe mélodique. L'Adagio et le colossale Finale ont avec Barenboïm une respiration enthousiasmante. La perfection du détail et la précision de l'articulation sont malgré tout supérieures chez Karajan et chez Günter Wand, très soutenus, violents et amples, mais Barenboïm, plus souple, révèle d'étonnantes inflexions, fort personnelles, souvent heureuses. D'une façon générale, Barenboïm est beaucoup plus à son aise dans les transitions, dans certaines échappées qui souvent au sein des développements, que dans le dur métal d'une coda ou d'un Finale. [...] Moins perfectionniste, ni somptueusement dense qu'un Karajan, moins mystique qu'un Jochum, moins héroïque qu'un Günther Wand, Barenboïm défend l'envoûtement intérieur, mystérieux. » (P. Szersnovicz, Diapason n° 266 p. 49 - novembre 1981)

Barenboïm [2], ø Concert octobre 1994 Orchestre Philharmonique de Berlin - Teldec 4509-94567-2 / 3984-23496-2 (intégrale 90-97)
Durées : I. 14'39 - II. 14'16 - III. 25'44 - IV. 22'22 = 1 h 17'01 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
8/9 Rép. n° 87 / 4Y Diap. n° 423 / 4Classica n° 9 (intégrale)

« Choisissant justement l'édition Haas, Barenboim enpoigne la partition avec une fougue qui n'exclut pas la spiritualité et la poésie. Il fait partie des rares interprètes qui soutiennent l'intérêt des deux premiers mouvements face aux monuments d'inspiration que constitue l'immence « Adagio » et le suffoquant finale. Là encore, son mérite est de ménager une perpétuelle avancée sans rien sacrifier en matière de phrasé et d'expression. Le traitement des agrégats sonores est exemplaire, les fortissimos les plus spectaculaire ne couvrent jamais les cordes et les subtilités des bois ne font jamais chuter la tension. Il est dommage que le « Scherzo » paraisse un rien bousculé compromettant les effets d'aboiements en cascade si caractéristiques des cors et l'intégration du thème central apaisé. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 87 p. 30 - janvier 1996)

« Si l'attachement [de Daniel Barenboïm] au maître de Saint-Floriant ne fait aucun doute, comme il le rappelle lui-même dans l'intéressant entretien qui accompagne cette nouvelle 8e, je ne crois pas que ces deux nouveaux disques [avec la 6e] représentent ses contributions les plus convaincantes à la discographie brucknérienne. [...] De façon significative, l'idée développée par Barenboïm qu'il faut conclure abruptement et plutôt rapidement les grandes codas ne me semble pas illustré ici de façon très convaincante. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 423 p. 90 - février 1996)

van Beinum, ø Concert 21 avril 1955 O. Concertgebouw - [Origine : Bande Radio - inédite]
[Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

van Beinum, ø Amsterdam, 6-9 juin 1955 O. Concertgebouw - Philips 442 730-2 / 464 950-2 [Epic SC 6011 - LP]
Durées : I. 14'05 - II. 13'56 - II. 23'23 - IV. 20'47 = 1 h 12'28 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
9/5 Rép. n° 88 / 5Y Diap. n° 423 / 4* Monde n° 196

« Les lectures de Beinum frappent par leur lucidité, élevant l'objectivité au rang de canon esthétique. La démarche, scrutatrice, apparaît davantage orientée vers l'exploration minutieuse des plus infimes secrets des partitions que vers la restitution de leur contenu émotionnel. Ce Bruckner-ci a beaucoup plus les pied sur terre que la tête dans les nuages : point de métaphysique, mais d'éminentes qualités d'assise, de densité, de rusticité, éliminant tout effet facile, comme toute tentation de virtuosité, de sensualité, tout vertige ontologique (c'est à cet égard l'anti Giulini, Bernstein, Furtwängler, Karajan), au profit d'un équilibre, rarissime dans cette musique, entre grandeur et humilité. L'approche, marquée par une radicale sévérité d'accent, privilégie clérté, rapidité, tranchant, nervosité, pour exalter un dynamisme constant, un élan, une avancée qui se nourrissent d'un survoltage permanent du mouvement, qui devient la composante principale d'un discours préservant, avec une implacable logique et une maîtrise architecturale transcendante, l'évidence des liens structurels à travers le galbe et la projection horizontale de la courbe mélodique. Bruckner échappe ici à tout statisme pour acquérir une motricité presque géométrique, une respiration d'une étonnante souplesse, fondée sur la constante tension dialectique organicité et rigueur. Peu fidèle aux indications textuelles de Bruckner, le tempo fluctue constamment, au gré de subtiles pulsations émotionnelles, recréant totalement l'agogique, sans toutefois jamais menacer la façade ou l'évidence structurelle. Partout on admire la beauté de l'orchestre, mobile, ductile, lumineux (ici, point de place pour les ténèbres, le clair-obscrure mystique), avec des basses d'une constante motricité, et des pupitres de cuivres, très favorisés, d'une clarté, d'une incisivité (les trompettes !) et d'une sécurité exceptionnels. Cela nous vaut une Huitième (édition Haas, donc idéale) d'une urgence vitale extraordinaire, infiniment plus jubilatoire et solaire qu'à l'ordinaire (Beinum semble lui nier toute dimension tragique, ce qui ne laisse pas d'apparaître un peu réducteur), avec un premier temps d'une flamme inégalée, un scherzo d'une fraîcheur inouïe, d'un enthousiasme idylique tout à fait inédit (et quelle justesse dans ce tempo très rapide !), avec un brio d'une rusticité ombrée, d'une ferveur bouleversante. L' « Adagio », très exactement nicht schleppend, subtitue à l'ataraxie métaphysique habituelle, un lyrisme passionné, radieux, à peine nuancé de teintes mélancoliques, innervé par une fébrilité constamment sous-jacente (écoutez l' « Anschwellung » de la figure de doublescroches qui propulse le mouvement vers son sommet à partir de 13'27 - mes. 185), chef-d'œuvre d'humanité, d'élévation, de tendresse simple. Le finale, rigouresement inégalé, se nourrit d'un influx titanesque, d'une ferveure radieuse, culminant dans l'extraordinaire péroraison, dramatiquement extirpée des limbes par d'incroyables coups de boutoir (à partir de 18'41). » (Pascal Brissaud, Répertoire n° 88 p. 33 - février 1996)

« La 8e est l'une des plus survoltées de toute la discographie, avec la version viennoise de Schuricht. Les tempos sont d'une formidable urgence, l'équilibre sonore, avec des timbales très présentes et des cuivres très différenciés, bien spécifique, et la tension cinglante d'un bout à l'autre de l'immence partition. On peut préférer des lectures plus contemplatives, mais dans l'optique choisie par Van Beinum, cette interprétation d'un radicalisme extrême ne peut manquer d'impressionner. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 423 p. 90 - février 1996)

« Sobre, ascétique même et d'une extraordinaire homogénéité de style, Eduard van Beinum (1901-1959) enregistré il y a quarante ans trouvait naturellement la respiration exacte, l'équilibre architectonique et la dynamique correspondant aux plandeur de l'écriture [...]. Son style âpre parfois d'une incroyable violence mais débarrassé de toute emphase et de la moindre lourdeurd'accent, joue pleinement en faveur de l'esence arganique du discours (il faut écouter par exemple les phrasés, la respiration, l'architecture, les transitions lumineuses et les gradations dynamiques du finale de la Huitième). Très rapide, [elle] est magnifique, quoique d'une exceptionnelle austérité. La comparaison avec quelques sommets de la discographie [...] est révélatrice de ce que peut apporter l'éclairage puissamment originale et fidèle de Van Beinum. » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 196 p. 76 - février 1996)

Sur le chef, on consultera le site très complet dédié aux personnalités musicales hollandaises.

Böhm [1], ø Concert 27 novembre 1969 Orchestre Philharmonique de Berlin - Sardana CDR 217

Böhm [2], ø Concert Munich, 1971 OS. Radio Bavaroise - Originals SH 817 / IMD KB 405
Durées : I. 13'40 - II. 13'10 - III. 24'29 - IV. 20'37 = 1 h 11'56 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955 - coupures dans le finale]

Böhm [3], ø Concert 26 mai 1974 Philharmonique de Vienne - Sardana SACD 174/5

Böhm [4], ø Vienne, Musikverein, février 1976 Philharmonique de Vienne - DG "Double" 463 550-2 (+7e) / 463 081-2 [2709 068 (+7e) - LP]
Durées : I. 14'51 - II. 14'23 - III. 27'47 - IV. 23'00 = 1 h 20' [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955 - avec un passage de la version Haas dans le finale]
9 Rép. n° 132 / 4Y Diap. n° 219 / Choc Monde

« Böhm possède sa vision propre, faite d'acuité rythmique, de véhémence fiévreuse sur les dynamique et surtout de transparence polyphonique optimale, dans les tempos idéalement dosés. Le grand chef autrichien, l'anti-Célibidache par excellence, avance ici avec une fermeté inflexible dans la mise en place de l'architecture, une tension constante sur chaque ligne mélodique, avec une âpreté harmonique brûlante, une hargne tragique sur les contrastes et un sens des ruptures et des climax d'une intensité tellurique (I. de 13' à 13'50 par exemple, où timbales et trompettes propulsent un cataclisme fatal). L'adagio, loin de certaines cérémonies mystiques parfois douteuses et sans aucune concession à la sentimentalité du rubato, est un exemple sublime de progression dramatique. Le finale est lui aussi poignant d'intensité, avec une sorte de rage contenue qui finit par exploser dans des fanfares impitoyables. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 132 p. 41 - février 2000)

« Boehm trouve le chemin de l'œuvre dans une vision somptueuse et retenue - quant aux tempi - qui fait aussi bien la part de la gloire sonore que de la tension ou du chant ténu. Et, bien entendu, le sentiment intérieur et « l'esprti de prière » sont saufs tout au long de ce monument symphonique pour culminer dans l'extase d'un Adagio conçu, au-delà de la confession individualiste, comme un acte de foi tissé des certitudes du compositeur. Boehm se contantant (et c'est déjà beaucoup) de reconduire, de « relayer » le message, sans jamais intervenir par quelque touche ou inflexion personnelle dans le cheminement de l'hymne mystique. » (Roger Tellart, Diapason n° 219 p. 55 - juillet 1977)

Böhm [5], ø Concert Zürich, 4 juillet 1978 O. Tonhalle Zurich - Palexa CD-0522 (p) 2001
Durées : I. 13'54 - II. 13'20 - III. 24'41 - IV. 20'09 = 1 h 12' [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955 - contrairement a ce qu'indique le disque]
10 Rép. n° 147 / Diap. d'or n° 483 / Choc Monde n° 255 / Recommandé Classica n° 33

« Böhm à la Tonhalle développe une vision active, qui relance sans cesse les phrases dans des tempos mordants, impatients presque (cf. le Finale), avec une gestion inouïe des flux et surtout des climax qui articulent le discours (celui de l'Adagio vous clouera sur place...). C'est aussi inéluctable que Boulez-Vienne, mais en plus humain, plus vibran et beacoup plus risqué. Bref, c'est un incontournable pour tous les brucknérien, dans un son, rappelons le, digne d'un enregistrement studio. » (Ch. Huss, Répertoire n° 147 p. 40 - juin 2001)

« Sa vision véritablement incandescente transfigure l'Orchestre de la Tonhalle, l'obligeant sans le rendre parfait à un dépassement collectif de soi dont l'intensité physique palpable est l'un des chocs que procure l'écoute. L'architecture d'ensemble se déduit du moindre phrasé, du moindre accent - comme toujours chez Böhm d'une précision naturelle, ni démonstrative, ni figée - et s'étend en cercle concentriques de la première à la dernière mesure. [...] Le tempo est très soutenu, les mouvements sont caractérisés avec une fermeté prappante, la conduite du discours est de bout en bout incoercitible (Scherzo, Finale), et Böhm semble être l'un des seuls à concevoir l'immence Adagio comme autre chose qu'un thrène funèbre : il est très exactement, dans un geste pénétrant, intense, mais jamais grandiloquent, ce mouvement « solennel, lent mais sans traîner » que demande Bruckner. » (Rémy Louis, Diapason n° 483 p. 70 - juillet 2001)

« Böhm construit le premier mouvement selon une courbe idéale, sans lourdeur ni statisme. Avec le coucours d'un Orchestre de la Tonhalle chauffé à blanc mais qui, malgré un travail méritoire, ne peut se comparer tout à fait à Vienne, à Berlin ou au Concertgebouw, le mystère terrifiant de ce premier « Allegro moderato », le climat abrupt et tragique du scherzo et de l' « Adagio », le finale, extraordinairement tendu mais sans brutalité, imposent une vision puissante, remarquablement dynamique par son articulation. L'intensité, le tranchant qui parcourent l'architecture polyphonique lui confèrent une étonnante sensation d'évidence. » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 255 p. 80 - juin 2001)

« Dès la première minute, il se produit un miracle comme il en existe parfois au concert. L'atmosphère est électrique. Les cordes impriment un phrasé ample et frémissant, les cuivres sont ronds, chaleureux. Quelques « pizz » sont incertains, ma petite harmonie corrige sa justesse et Böhm cale aussitôt l'orchestre, le propulse dans un mouvement de plus en plus tendu... [...] L'Adagio atteint à autant d'émotion que dans la version de 197[6] avec Vienne, même si les cordes ne possèdent pas la même densité [...]. Ecoutez comment, dans cette première mesure où les cordes flottent dans le mauvais tempo, Böhm resserre brutalement leur respiration pour les emmener dans un déferlement à couper le souffle ! Certains des musiciens ont peut-être fait ici le concert de leur vie, malgré un grossier montage à trois minutes dans le finale. On pardonne tout cela car le témoignage est immence. » (Stéphane Friédérich, Classica n° 33 p. 58 - juin 2001)

Boulez, ø Concert, St Florian, Chorherrenstift, 21-22 septembre 1996 Philharmonique de Vienne - DG 459 678-2 / TDK TDBA0002 (DVD-Video)
Durées : I. 15'08 - II. 13'39 - III. 24'52 - IV. 22'19 = 1 h 16'14 [Vers. 1887/90 Haas, 1935]
Son : Ulrich Vette.
10 Rép. n° 138 & vidéo n° 146 / 4Y Diap. n° 472 / Monde n° 246 / 4 Classica n° 24

« Le choc de l'audition de cette immence 8e de Bruckner est d'autant plus grand qu'on n'imaginait pas Boulez dans ce répertoire où se sont illustrés les plus grands chefs du siècle. [...] Boulez réussit ici la quadrature du cercle : la rigueur de la construction et la beauté de l'expression, l'étan intraitable des tempos et l'extraordinaire vitalité du flux, l'étagement des plans et la fusion harmonique des timbres, la netteté de la mise en place et la fluidité et puissance du discours. Dès l'Allegro moderato on est pris par la beauté rayonnante du Philharmonique de Vienne, avec lequel manifestement Boulez a de profonde affinités. [...] Le Scherzo, l'un des plus vifs de toute la discographie, fait un contraste saisissant par la scansion affûtée des cordes, l'éclat solaire des cuivres, des trompettes surtout, à la percussivité tétanisante des timbales, dont le martèlement possède un caractère de danse sacrale à la Stravinski. [...] L'Adagio est réellement « Feierlich », sans surcharge expressive (cf. Celibidache, qui fait un sort à chaque note), sans recherche de la volupté sonore (Karajan), sans sofistication un rien ampoulée (Barenboïm, Teldec), sans cérébralité luxueuse (Solti/Vienne). L'acuité harmonique des chorals de cuivres et le fondu timbrique des cordes confèrent une hauteur de vue visionnaire à ce mouvement qui culmine dans un sommet d'une violence paroystique (19'40 à 20'07), où les trompettes possèdent un impact foudroyant, unique dans toute la discographie. Le Finale, pris dans un tempo enlevé [...], met en valeur des timbales sauvages, d'une férocité rythmique prodigieuse (5'19 à 6'). On admire aussi l'intégration parfaite des silences dans les transitions, l'inflexibilité des relances et la subtilité des crescendos ou des diminuendos, signature d'une maîtrise totale des dunamique et des volumes qui n'apparaissent jamais empesés ou alourdis, malgré leur force tellurique collossale, en particulier dans une coda d'anthologie où le grondement implacable des timbales soutient le formidable entrelacs architectural des fanfares de cuivres. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 138 p. 49 - septembre 2000)

« [Cet enregistrement] montre un Boulez plutôt respectueux de la Philharmonie, en tout cas ne bouleversant pas notre connaissance de l'œuvre. Les tempos sont modérés et équilibrés, à très peu près semblables globalement à ceux de Furtwängler avec le même orchestre par exemple [...]. L'image orchestrale est claire, même dans les moments les plus chargés, et ample, mais sans beaucoup d'humanité ; seul l'Adagio surprend légèrement par son équilibre interne, Boulez commençant plutôt vivement pour ralentir sur le grand sommet d'intensité, à la différence de ce que faisaient Furtwängler ou Jochum [...]. Boulez cependant qui avoue cependant son intérêt pour ce « labyrinthe harmonique merveilleux » et a choisit, après avoir étudié les différentes partitions l'éditions Haas, ne marque pas l'œuvre de son empreinte comme il le fit pour les 5e et surtout 6e Symphonies de Mahler [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 472 p. 81 - juillet 2000)

« [La lecture de Pierre Boulez,] sobre, ascétique parfois, et d'une grande homogénéité de style trouve la respiration exacte, l'équilibre architecturale et dynamique correspondant aux splendeur de l'écriture, mais ne traduit pas toujours, à cause de la sérénité péremptoire, voire distanciée, de certaines inflexions et de certains accents, le dramatisme et l'aspect tragique sur lesquels est construite l'œuvre : incontestablement, Boulez donne ici à entendre la substance de ses angoises et de ses combats intérieurs les plus insurmontables. A l'opposé de la puissance émaciée et conflictuelle de Van Beinum/Concertgebouw en 1955 [...]. Boulez offre une vision d'ensemble solide mais trop immédiate, qui vaut surtout par une clarté du jeu orchestrale imparable mais renonce presque, au-delà de gradation d'intensité, de phrasés et de tempos savament étudées, à tout discours émotif. » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 246 p. 94 - septembre 2000)

« On peut être dérouté par la massivité de la direction, mais la magie des timbres viennois, et surtout la finesse des premiers violons et des cors, sont absolument magiques. Boulez dirige cette immence fresque sonore avec un détachement évident à l'égard de la dimension spirituelle. Sa préocupation est de préserver l'architecture, de rendre le premier mouvement avec la plus parfaite homogénéité possible. Soit. Beaucoup plus convaincant est le Scherzo, d'une souplesse assez fascinante : le calme des vents (les cors sont géniaux) est étonnant cependant que l'on sent une concentration totale afin que rien ne « depasse ». L'Adagio est en revanche le mouvement le plus problématique, dans lequel l'orchestre rutilant de couleur n'arrive pas à rompre avec une objectivité statique : l'absence d'engagement de Boulez nous laisse sur notre faim et le culte du son (Dieu que c'est beau !) vide cette musique d'une partie de sa substance. Le finale, avec cette incroyable progression dans l'entrée des cordes laisse pantois. La souplesse rythmique sert admirablement le geste porté vers l'ultime crescendo final. Si vous attendez autre chose que les climats des grandes lectures passées [...], écoutez cette version vibrante d'une certaine idée de la perfection. » (Pierre Massé, Classica n° 24 p. 58 - juillet 2000)

« [A Paris, entre 1943 et 1946] l'opinion générale était à peu près celle-ci : « Oh, c'est bon pour l'Europe centrale, ça ne m'intéresse pas ». Voilà un point de vue que je trouve incompréhensible, et pour deux raisons. Premièrement, les Français ont toujours été des fanatiques de Wagner, et ils ont été profondément marqués par son langage chromatique. Deuxièmement, ils ont toujours eu, du moins depuis Debussy, une sensibilité particulière pour le langage harmonique. Je n'arrive, donc pas à comprendre pourquoi ils n'ont pas tout de suite été séduits par ce langage, par ce labyrinthe harmonique merveilleux. » (Pierre Boulez)

« Plaidoyer pour la version Haas - Lorsqu'on aborde une symphonie de Bruckner, on est aussitôt confronté au problème des différentes versions. Pierre Boulez a dû lui aussi faire son choix ; entre la version de Robert Haas et la version de Leopold Nowak de 1890, il s'est décidé pour Haas, parce que les coupures de Nowak lui semblent superflues. « Cela perturbe quelquefois la symétrie, la logique et la construction. » Entre la version Nowak de 1887 et la version Haas, il explique tout aussi clairement et simplement son choix : « Dans la première mouture de la symphonie, premier et quatrième mouvements se termine de la même manière, tandis que dans la version définitive l'épilogue du premier mouvement s'efface pianissimo. » » (Ewald Markl, livret du disque DG)

C

Celibidache [1], ø 20 décembre 1974 Exclusive EX92T44/46 (avec pour date 1977) [Rococo 2135 / OW 7204-5 RC - LP]
[Edition utilisée non connue]

Celibidache [2], Concert 1975 ? OS. Radio Stuttgart - Meteor MCD 050/051

Celibidache [3], ø Concert Stuttgart, Liederhalle, 23 novembre 1976 OS. Radio Stuttgart - DG 445 471-2 (coffret - avec répétitions de III.)
Durées : I. 16'16 - II. 13'52 - III. 27'08 - IV. 26'04 = 1 h 23'20 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
8 Rép. n° 137 / 4Y Diap. n° 472

« Je revandique un préjugé favorable pour la période « stutgartienne » de Celibidache en regard des ultimes années munichoises. Sa maîtrise technique comme son exigence y atteignent leur apogées et influx physique ne connaissait pas encore d'entrave rédhibitoire. Car en professant la même « foi » musicale en Bruckner, voire les mêmes sophismes relatifs au tempo juste (qui « résulte de façon contraignante de la structure de la composition elle-même »...), Celibidache battait alors la mesure lentement, certes, mais de manière infiniment moins caricaturale que dans ses dernières années. [...] Celibicache travaillait dès cette époque une pâte sonore d'une plénitude étonnante [...], obtenant simultanément une douceur et une densité inouïe dans les voix intermédiaires. [...] Avec les années, ses lectures gagneront en lyrisme et en perfection de détail sans retrouver la vitalité, la verdeur rythmique qu'on percevait encore à Stuttgart. [...] Toujours jouée, hélas ! dans l'édition Nowak, qui valide les coupures apportées par Bruckner à son texte, la Huitième donne l'impression de tissus resserrés : l'absence d'incisivité des accents et la dissolution du squelette rythmique n'obèrent plus ici une direction tout aussi rayonnante (puissance, gestion miraculeuse des transitions, des micro inflexions...) même si celle-ci, orchestre et conditions techniques obligent, ne distille pas constamment le même nectar sonore. » (Gérard Belvire, Répertoire n° 137 p. 37 - juillet 2000)

Celibidache [4], ø Concert 13 novembre 1977 OS. Radio Stuttgart - Exclusive 92T44/46
Durées : I. 16'12 - II. 14'03 - III. 28'20 - IV. 26'27 = 1 h 25'02 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Celibidache [5], ø Concert 4 avril 1985 OP. Munich - Meteor MCD 036/037 / Audior AUDM 2505/2506

Celibidache [6], ø Concert Tokyo, Suntory Hall, 20 octobre 1990 OP. Munich - [Vidéo] Sony C-898 (VHS) / S2LV 48317 (CDV)
Durées : I. 20'06 - II. 16'38 - III. 31'33 - IV. 29'19 = 1 h 37'41 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
Réalisation : Shokichi Amano
Diap. d'or n° 393 / Choc Monde n° 166

« Avec Celibidache, on tient sans doute une des plus belles versions - sinon la référence absolue - de cette mytique Huitième. Chef aussi marginal que génial, il parvient à maintenir une tension à un niveau inégalé, malgré des tempos très étirés. Obtenir autant de mouvement et d'urgence dans la lenteur et le dépouillement le plus absolu, tient de la sorcellerie. Faire un sort à chaque note tout en gardant le fil conducteur d'une vision d'ensemble totalement maîtrisée dans son cheminement, porter l'émotion et la spiritualité à de tels somments, voilà peut-être ce que l'on devra considérer comme le testament artistique d'un grand prêtre qui n'est pas près d'être remplacé. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 96 p. 11 - novembre 1996)

« Il faut reconnaître que l'inhumaine Huitième est sans doute celle qui sied le mieux à Celibidache. [...] Ol serait injuste de ne pas mentionner la superbe prestation de l'Orchestre philharmonique de Munich, formation que Celibidache dirige depuis 1979. Soulignons l'homogénéité parfaite des cordes, la rondeur des bois, la puissance des cuivres et l'excellence du timbalier [...]. » (Philippe Venturini, Monde de la Musique n° 166 p. 118 - mai 1993)

Celibidache [7], ø Concert Munich, 12-13 septembre 1993 OP. Munich - Emi CDC 5 56696-2
Durées : I. 20'56 - II. 16'05 - III. 35'04 - IV. 32'08 = 1 h 44'13 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
7 Rép. n° 117 / Recommandé Classica n° 5

« Une fois encore la lenteur de Celibidache le démarque, avec notamment un premier mouvement distendu (21' contre 14' chez Horenstein !). Le scherzo noté lui aussi « Allegro moderato » perd ici une partie de sa signification comme de son potentiel de contraste : la rupture avec le trio, indiqué « langsam », est fatalement estompée. En outre, Celibidache paraît deux fois moins rapide que Giulini qui, en réalité prend encore plus de temps dans ce mouvement ! C'est que l'absence d'incisivité des accents et la dissolution du squelette rythmique ne sont pas des leurres agités par les méchants critiques coupables [...]. Il est ainsi difficile d'admettre un III indiqué « Feierlich langsam, doch nicht schleppend » et malgré cela joué très « schleppend » (traînant) pendant 35' : record absolu de la discographie passée, présente et à venir. La dilution du rythme frôle l'insupportable dans une mesure battue à la croche alors qu'il s'agit d'un 4/4. Bien sûr, le talent de Celibidache tire parti de cette atomisation du son dans une fragmentation diaphane (ah! cette harpe ineffable sur le velours mauve des cordes !) qui vous plonge dans un bain torpide dont rien ne prouve que le compositeur l'avait souhaité. Le finale souffre moins de cette lenteur. Depuis la chevauchée initiale des cors et trombones jusqu'à la conjugaison magistrale des thèmes dans la péroraison, le morceau est organisé avec puissance et majesté. Jamais avec élan ni mordant, hélas, mais quelle beauté, tout de même: écoutez la fulgurance du second thème aux trompettes et bois, et toutes les transitions, les micro-inflexions... J'avoue m'être une fois encore laissé subjuguer, l'irritation passée. » (Gérard Belvire, Répertoire n° 117 p. 32 - octobre 1998)

Celibidache [8], ø Concert Lisbonne, 23 avril 1994 OP. Munich - Audior AUD 7001-2 / Re!Discover RED 39 / Toshiba/EMI TOCE 9808-9 [Audior 607/10 - LP]
Durées : I. 19'19 - II. 15'46 - III. 33'16 - IV. 31'12 = 1 h 40'00 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Chailly, 10-12 mai 1999 O. Concertgebouw - Decca 466 653-2 / UCCD 1061
Durées : I. 16'05 - II. 14'59 - III. 25'29 - IV. 22'06 = 1 h 19'01 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
6 Rép. n° 160 / 4Y Diap. n° 494 / 3* Monde n° 268 / 4 Classica n° 45 / 6 Crescendo n° 60

D

Davies, ø Concert 22 juin 2002 O. Bruckner Linz - Stiftskonzerte Festival BOL 11 02
Durées : I. 14'09 - II. 13'21 - III. 24'47 - IV. 26'29 = 79'00 [Vers. originale de 1887, Ed. Nowak, 1977]

Dohnanyi, ø 6-7 février 1994 O. Cleveland - Decca/London 443 753-2 (+ 3e) / Musical Heritage SOC 524513K
Durées : I. 16'16 - II. 13'53 - III. 29'02 - IV. 22'29 = 1 h 22'19 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Rép. n° 91 / Diap. n° 426

E

Eichhorn, ø Linz, 4 juillet 1991 O. Bruckner Linz - Camerata 30CM275-6 (coffret 12 CD) / 225
Durées : I. 15'51 - II. 14'55 - III. 24'42 - IV. 21'46 = 1 h 17'27 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Eschenbach, ø Concert 27 septembre 1984 OS. Tonhalle Zürich - Lucky Ball LB-0062
Durées : I. 17'13 - II. 16'09 - III. 29'30 - IV. 25'05 = 1 h 28'15 [vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

F

Fedoseyev, ø 1999 OS. Tchaikovsky - Relief CR 991063
Durées : I. 14'42 - II. 16'13 - III. 22'10 - IV. 20'52 = 1 h 14'13 [Vers. originale de 1887, Ed. Nowak, 1977]

Furtwängler [1], ø Concert Vienne, 17 octobre 1944 Philharmonique de Vienne - Emi [Japon] CE 285757-58 (au diapason et constant) / DG "Original Masters" 474 030-2 / "Double" 445 415-2 (p 1994 + 4e de Stuttgart, 1951) / 431 878-2 / Music & Arts CD-764 (p 1993) / Grammofono GRM 78696-7 (p) 1997 (diapason trop bas et fluctuations) / LYS 106-107 (p 1996 - hors diapason) / Originals 854 / Magic Talent 48067 [Origine : Radio DDR]
Durées (Emi) : I. 15'18 - II. 14'08 - III. 25'30 - IV. 22'32 = 1 h 17'28
Durées (DG "Double") : I. 15'04 - II. 14'02 - III. 25'00 - IV. 22'30 = 1 h 16'36
Durées (DG "Original Masters") : I. 15'11 - II. 14'07 - III. 25'05 - IV. 22'20 = 76'43 [Vers. établie par Furtwängler sur le texte de Robert Haas et les anciennes versions - coupure ms. 209 à 218 qui étaient réintroduites par Haas dans l'Adagio et légères retouches d'orchestrations]
9/3 Rép. n° 60 & 71 / 5Y Diap. n° 397 (M&A) & Diap. d'or n° 412 (DG) / Recommandé Classica n° 50 (coffret)

La technique pose des problèmes pour cet enregistrement :

« On parle de copies russes faites à double vitesse pour expliquer la dégradation de la qualité de son, mais il est certain que la version publiée par DG et copiée par tout le monde sauf EMI/Toshiba a (entre autres) des problèmes de vitesse inconstante. Il faut noter que la version DG n'est pas consistente dans son défaut et que l'écart de vitesse varie d'un mouvement sur l'autre (de 1.2 à 1.6% pour les mouvements I, III et IV, 0.6 % pour le Scherzo). De plus, la sonorité est plus dure alors que le CD EMI a plus de basses et procure un son plus plein et plus naturel à mon goût qui permet d'apprécier davantage l'interprétation. Il y a bien sûr des avis contraires qui ressentent plus de tension dans le transfert DG. Enfin on pas bien le choix, car le transfert EMI n'est disponible qu'au Japon. » (Lionel Tacchini)

Espérons que la nouvelle édition dans la collection "Original Masters" apporte enfin le rétablissement du diapason.

« Dans son interprétation de la 8e, Furtwängler s'en tient comme en 1949 à l'édition de Robert Haas, à laquelle il apporte d'infimes retouches (coupures de dix mesures dans l'Adagio, quelques dynamiques, un coup de cymbale à la mesure 500 du Finale, etc.). Sa lecture n'est cependant pas uniquement dynamique, elle célèbre la grandeur et surtout la puissance brucknérienne (cf. la retenue du tempo avant le tutti à 11'12 du Finale). » (Ch. Huss, Répertoire n° 60 p. 34 - juillet 1993)

« [Comme dans la 9e berlinoise de la même époque] on y retrouve la formidable tension imposée par Furtwängler au discours brucknérien, son rubato très large capable d'accélérations fulgurantes au sein d'un même mouvement, et une violence tragique particulièrement impressionnante dans le Finale qui prend des allures de course à l'abîme. Cette interprétation très dramatique, très éloigné de l'optique défendue par d'autres chefs dans cette symphonie, est évidemment indispensable. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 397 p. 128 - octobre 1993)

Furtwängler [2], ø Concert radio (sans public) Berlin, Gemendehaus Dahlem, 14 mars 1949 Orchestre Philharmonique de Berlin - Toshiba TOCE 8514 / Testament SBT 1143 (diapason trop bas) / Emi 566 210-2 (p) 1996 (coffret Kabasta, Hausegger) / Lys "Les Brucknériens voll. 11" LYS 244 (p) 1997 [Pathé FALP 850-851 / EMI 147-29.231/32 / Electrola STE 91375-91378 (+ 7e) / SMVP 8057-8058 Il semble que l'un de ces disques mixte les deux prises du 14 et du 15. Il est possible que Lys utilise cette source - LP]
Durées : I. 15'38 - II. 14'10 - III. 24'43 - IV. 22'00 = 76'42 [Vers. établie par Furtwängler sur le texte de Robert Haas et les anciennes versions - coupure ms. 209 à 218 qui étaient réintroduites par Haas dans l'Adagio et légères réorchestrations]
8/4 Rép. n° 98 & 115 / 4Y Diap. n° 228, 422, 434, 442 & 452

« La violence mystique et la noirceur de l'œuvre correspond idéalement à la personnalité de ce démieurge. Les différentes interprétations qu'il nous a léguées ont toutes en commun un climat tragique de suffocation permanente qui donne sa dimension cosmique à cette page titanesque. La direction intuitive de Furtwängler et sa capacité à évoquer une atmosphère en un instant expliquent les différences marquées que l'on note d'un document à l'autre [...]. L'archive qui nous est restitué aujourd'hui [...] provient d'une scéance du 14 mars 1949, soit la veille du concert plus connu. Les différences y sont minimes, et l'on notera surtout la perfection instrumentale plus aboutie que de coutume chez Futwängler, peut-être au détriment de la tension dramatique, tout étant relatif a ce niveau d'inspiration. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 115 p. 37 - juillet 1998)

« [En comparant les deux prises du 14 et du 15 mars 1949, il faut bien dire que] les deux interprétations sont très proches, mouvements par mouvement, au point que prétendre les départager me semble un exercice assez vain. Néanmoins on apprécie d'entendre la version du 14 mars, aussi sombre, véhémente et tragique que celle du 15, mais bénéfiçiant à mon sens d'une prise de son moins confuse dans les fortissimos. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 442 p. 84 - novembre 1997)

« Sans le public enrhumé du 15 mars, l'interprétation est plus recueillie, plus intérieure, légèrement plus ample aussi dans les deux derniers mouvements, même si elle perd en flamboyance et si les formidables contrastes de tempos si caractéristiques des interprétations brucknériennes de Furtwängler sont moins accusés. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 452 p. 72 - octobre 1998)

Furtwängler [3], ø Concert Berlin, Titania Palast, 15 mars 1949 Orchestre Philharmonique de Berlin - Lys "Les Brucknériens voll. 12" LYS 245 (p) 1997 / Music & Arts CD-624 (p) 1988 / EMI CHS 5 66210-2 / Hunt CDWFE 356 / Originals SH 854 / Furtwängler Society (allemande) MMS 9103
Durées : I. 15'33 - II. 13'41 - III. 24'57 - IV. 21'55 = 1 h 15'58 [Version établie par Furtwängler sur le texte de Robert Haas et les anciennes versions - coupure ms. 209 à 218 qui étaient réintroduites par Haas dans l'Adagio et légères réorchestrations]
4Y Diap. n° 422 & 442

« [Cette interprétation] est très proche, par le choix du texte et des tempos et par la conception d'ensemble, de cette de 1944. Furwängler va cependant encore plus loin dans une conception tendue, noire (et la pâte sonore de Berlin est naturellement plus sombre que celle de Vienne) en usant d'un rubato extrème comme dans l'Adagio, où la sévérité contemporaine des premières pages s'oppose à la rapidité véhémente, frénésie que l'on retrouve d'ailleurs dans la coda du Finale. Mahleureusement, cette vision aussi impresionnante que personnelle est trahie par un qualité technique déplorable ; tous les fortissimos sont dénaturés par des saturations, tandis que les toux de l'auditoire parviennent à couvrir les ultimes mesures du premier mouvement. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 422 p. 89 - janvier 1996)

Furtwängler [4], ø Concert Vienne, Musikverien, 10 avril 1954 Orchestre Philharmonique de Berlin - Andante SC-A-4070 (fausse date du 24 avril) / Arkadia/Hunt "Furtwängler Edition" CDWFE 355.1 (p) 1993 / Fonit Cetra FE-17 / Emblem (USA) EF 4005-6
Durées : I. 16'21 - II. 14'23 - III. 27'07 - IV. 21'57 = 1 h 19'20 [Vers. établie par Furtwängler sur le texte de Robert Haas et les anciennes versions - coupure ms. 209 à 218 qui étaient réintroduites par Haas dans l'Adagio et légères réorchestrations - Nous maintenons cette indication (contrairement aux affirmations des éditeurs ou des articles suivants) : « c'est bien la version de 1892 que dirige Furtwängler et pas l'édition Nowak, comme en témoigne la coupure au 2e sujet du Finale et le coup de cymbale dans le développement. » (Lionel Tacchini)]
9/4 Rép. n° 64 / 3Y Diap. n° 404

« Cette bande a soulevé bien des controverses, certains discographes de Furtwängler mettant en doute la paternité de cette interprétation pour l'attribuer à Hans Kapperstbusch. Pourtant, en ce soir du [10 avril] 1954, c'est bien le grand Furt qui était à la tête de la Philharmonie de Vienne, et seul un mauvais archivage de la bande peut-être mise en cause [NB : cette date ne figure pas en effet sur la page concerts archi complète du site www.syuzo.com/kna-archiv]. [...] Les intuitions géniales en matière de rubato, surtout dans le « Scherzo » et le finale, semblent bien porter la signature, alors que « Kna » pratiquait habituellement une lecture plus stable dans la verticalité. Mais au fond au-delà des discussions de collectionneurs fanatiques, ce qui importe est bien la qualité de ce concert, et là nous sommes servis. Tout y est, puissance évocatrice, spiritualité exacerbée, élan et pulsation dévastateurs, urgence de l'émotion. Bref une grande version rendue dans des condition techniques très correctes. Même si la subjectivité immence de cette vision ne lui permet pas de prétendre à la référence absolue, ce document doit absolument être connu [...]. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 64 p. 41 - décembre 1993)

« Comme l'explique le texte de présentation de ce disque (une première chez Arkadia !) Leopold Nowak qui fut chargé, après la guerre, de l'édition des œuvres de Bruckner, le matériel de l'édition Haas ayant été conservé de l'autre côté du rideau de fer, envoya à Furtwängler, avant publication, les épreuves de sa propre édition, que le chef dirigea le 10 avril 1954, soit sept mois seulement avant sa mort. C'est pourquoi ce disque porte la mention a priori surprenante de l'édition Nowak alors que ce texte ne parut qu'en 1955 (Furtwängler introduit cependant dans le Final un couple de cymbales qui vient d'Oberleithner, et que Barenboim, vingt-cinq ans plus tard, conservera). Ces précisions historiques apportées, il faut reconnaître que cette version ultime, légèrement plus ample que celles de 1944, est aussi plus statique et ne retrouve pas la même tension ; cette interprétation, sans choisir pour autant une optique contemplative au demeurant parfaitement défendable dans cette œuvre, manque du drame intense qui faisait le prix de celle de 1944 et surtout des gravure berlinoise de 1949. [...] Si elle est a connaître, surtout compte tenu de sa singularité textuelle, elle ne peut pour autant être présentée [...] comme la meilleure des gravures de Furtwängler. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 404 p. 116 - mai 1994)

Sur les interpétations de Bruckner par Furtwängler, lisez la page synthétique http://www.thump.org/name/BRUCKNER.HTM (en anglais).

G

Gielen, ø Baden-Baden, Studio Hans Rosbaud, 13-19 décembre 1990 OS. Southwestfunk - Hänssler 93061 / Intercord INT 860.914 / Accord 201 882 (coffret)
[Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935] Durées : I. 16'24 - II. 17'07 - III. 26'41 - IV. 23'36 = 1 h 23'48
4Y Diap. n° 383 / 4* Monde 172

« [Cette 8e de Bruckner réunit beaucoup de vertus ] : la clarté, (commune toutes les interprétation de Gielen) mais aussi une puissance contenue et une mise en évidence de la richesse structurelle (tant entre les groupes d'instruments qu'entre les thèmes) souvent occultée par des conceptions plus attachées à l'aspect mystique ou même pastoral de certains passages. Rien de pastoral dans le Scherzo, pris dans un ton distancié et un tempo très lent (sans paraître solennel), et rien d'anecdotique dans le Finale, d'une concentration extraordinaire. » (Francis Dresel, Diapason n° 383 p. 105 - juin 1992)

Giulini [1], ø Vienne, Musikverein, 30 mai 1984 Philharmonique de Vienne - DG "Masters" 445 529-2 / 415 124-2
Durée : I. 17'07 - II. 16'25 - III. 29'24 - IV. 24'36 = 1 h 27'20 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
8/8 Rép. n° 77 / 3Y Diap. n° 310 / Recommandé Compact n° 2 & 40

« En vaveur de cette version, on citera dans le désordre l'engagement extraordinaire d'un orchestre exceptionnel, le travail de la pâte sonore et des intensités, l'ampleur de la respiration, et surtout le paroxysme mystique de la direction de Giulini qui flôle l'office religieux. Ce mélange de respect distancié et d'investissement émotionnel est la marque du Giulini des grands jours. En revanche on pourra discuter d'autres aspects? En premier lieu bien sûr le choix de l'édition Nowak, au lieu de celle de Haas, alors qu'aujourd'hui personne ne conteste la supériorité de la seconde. Ensuite des tempos uniformément lents, qui gomment les contrastes et déséquilibre le rapport entre les deux derniers mouvements. La construction très horizontale de la direction, ponctuée par des jeux d'intensité plus que par des fluctuations, induit une impression d'immobilité contemplative et colossale qui grève la puissance motrice de la composition. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 77 p. 32 - février 1995)

« Ce qui frappe surtout, c'est la lenteur, ou plus précisément l'uniformité dans la lenteur, qui aboutit à gommer les contrastes : ceux par exemple qui doivent opposer le Scherzo au Trio ou à l'Adagio : ou ceux qui, à l'intérieur du Finale, doivent permettre à cette architecture colossale de trouver son élan vital.» (Paul-Gilbert Langevin, Diapason n° 310 p. 63 - novembre 1985)

« La grave crise psychologique vécue par le compositeur a rarement été « sentie » et exprimée avec autant d'acuité. Dans des tempos larges et assez lent, Giulini exprime avec sensibilité et intelligence la portée métaphysique de cette symphonie apocalyptique, présentant ainsi toute la dimension du sous-titre de l'œuvre : « du destin ». Le Philharmoniuqye de Vienne s'implique pleinenement dans cette lecture d'une partition écrite pour lui. Superbe ! » (Compact n° 40 p. 13 - mars 1989)

Giulini [2], ø Concert Stockolm, cérémonie Nobel, 1985 World PO. - Image Entertainment ID5434CL (DVD)
Durées : I. 16'43 - II. 16'27 - III. 26'04 -IV. 23'54 = 1 h 23'08 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Giulini [3], ø 29 mai 1986 Philharmonique de Vienne - Sardana CDR 132/135
Durées : I. 16'47 - II. 16'29 - III. 27'57 - IV. 24'20 = 1 h 25'30 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Goodall, ø 3 septembre 1969 OS. BBC - BBC Music BBCL 4086-2
Durées : I. 18'15 - II. 16'01 - III. 27'54 - IV. 27'07 = 1 h 29'20 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
3 Rép. n° 157

« La Huitième de Bruckner est l'archétype de ce que je hais dans l'interprétation brucknérienne. C'est d'une prétention, d'une affectation difficilement supportables [...]. Un exemple qui synthétise tout ? Prenez le Finale à 6'12 (c'est la lettre M de la partition) : le hautbois geignard qui pousse chaque note, puis cette péroraison tutti avec le ralenti au milieu pour relancer la seconde section de la phrase... Tout le monde se dépense pour « faire exister » quelque chose qui existe par soi-même. La Huitième de Bruckner n'est pas un décor de carton-pâte, qu'il convientrait d'animer à gros coup de pinceau, mais un paysage réel. C'est cette sollicitation permanente qui rend Goodhall insuppportable, cette sensation de « mission divine de devoir faire grand ». D'ailleurs tout le monde s'attelle si bien à la tâche que l'ensemble s'effrondre (l'orchestre, exténué !) dans les dernières minutes. Allez voir ailleurs !» (Ch. Huss, Répertoire n° 157 p. 80 - mai 2002)

Graf, ø 18 août 1994 O. Mozarteum - VFMO 0894
Durées : I. 17'10 - II. 16'38 - III. 27'30 - IV. 23'34 = 1 h 25'00 [Edition utilisée inconnue]

Gueller, ø Concert Basilique Weingarten, 31 août 1986 P. Junge Sueddeutsche Esslingen- Aurophon AU 34028
Durées : I. 17'10 - II. 15'31 - III. 30'18 - IV. 24'47 = 1 h 27'46

H

Haitink [1], ø 1-3 septembre 1969 O. Concertgebouw - Philips 442 040-2 (intégrale 60-72) [6700 020 / 6717 002 (intégrale) - LP]
Durées : I. 13'57 - II. 13'33 - III. 25'17 - IV. 20'44 = 1 h 13'31 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
9/7 Rép. n° 69 / Diap. n° 180 (intégrale)

« Dans la monumentale Symphonie n° 8, [... Bernard Haitink] fait valoir la qualité de son phrasé et de son intuition, et surtout de son sens de la construction dans les deux ultimes mouvements qu'il porte sans défaillance dans la durée et la tension. Se remettant à l'ouvrage plus tard, Haiktink ne parviendra pas à nous convaincre de la supériorité de tempos plus élargis. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 69 p. 36 - mai 1994)

Haitink [2], ø 25-26 mai 1981 O. Concertgebouw - Philips 412 465-2 / 6725014 / Philips Dutch Masters 462 943-2 [6725 014 / 6769 080 - LP + 9e]
Durée : I. 15'59 - II. 16'00 - III. 29'08 - IV. 23'49 = 1 h 24'56 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
4Y Diap. n° 277 & 300

« Comparée à la précédente, ancienne d'une quinzaine d'années, cette nouvelle vision de Haitink offre un approfondissement du même ordre que celui accompli entre ses deux Septièmes, et un modèle de réflexion et de maturation dans le sens métaphysique, tout à fait prépondérant ici. [...] Presque excessive pour le Scherzo [la] lenteur permet au Trio de ressortir miraculeusement, et devient d'une nécessité évidente dans les deux derniers et plus vastes mouvements, où Haitink se rapporche, plus encore peut-être que Wand, du premier et oubliable Jochum. » (P-G. Langevin, Diapason n° 277 p. 67 - novembre 1982)

Haitink [3], Concert 22 août 1989 O. Européen des Jeunes - Digital Co. Classics DC 90/05-06
Durées : I. 17'15 - II. 15'21 - III. 30'09 - IV. 25'17 = 1 h 30'15 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Haitink [4], ø Vienne, Musikverein, janvier 1995 Philharmonique de Vienne - Philips 470 534 / 446 659-2
Durées : I. 16'48 - II. 15'04 - III. 27'26 - IV. 23'47 = 1 h 23'16 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Haitink [5], Concert 3 décembre 2002 Staatskapelle Dresde - En Larmes ELS 02 303/4
Durées : I. 16'23 - II. 15'15 - III. 27'49 - IV. 24'47 = 74'30 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Harnoncourt, ø Concert, avril 2000 Orchestre Philharmonique de Berlin - Teldec 8573 81037-2
Durées : I. 16'25 - II. 14'19 - III. 27'22 - IV. 24'32 = 1 h 22'45 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
6 Rép. n° 147 / 5Y Diap. n° 482 / 2* Monde n° 255 / Recommandé Classica n° 33

« Là où Böhm [1978] frémit, crée une dramaturgie (cf. les cordes graves haletantes, le premier crescendo), Harnoncourt organise des sons et des phrases. Il tente un compromis entre les « actifs » et les « organistes », mais tout se passe comme si l'on était dans l'atelier de l'ébéniste, alors qu'on aimerait bien voir le beau meuble fini et laqué. Car la moyonnaire ne prend pas vraiment et, si force de conviction du chef parvient à nous titiller dans le 3e mouvement (imposant climax après 21') et le Finale (écoutez les violons autour de 15'), les deux premiers volets déçoivent. Plus que la ligne et l'avancée (ou l'intériorité, selon l'hestétique), on remarque surtout ici les parti pris de phrasés ou d'accentuations. » (Ch. Huss, Répertoire n° 147 p. 40 - juin 2001)

« La grande surprise de ce disque mais aussi la grande déception, c'est la version Nowak, qui ampute des section capitales dans l'Adagio et le Finale. Harnoncourt s'est d'ailleurs exprimé à ce sujet, en invoquant assez bizzarement l'accessibilité au grand public, d'une œuvre qui selon lui dure déja plus de quatre-vingts minutes (quinze minutes de plus pour la version Haas, mais infiniment préférable...). [...] Une fois pris en compte l'emplacement des violoncelles et des contrebasses (situés vers la gauche derrière les premiers violons) force est de constater que les handicaps ne parviennent heureusement pas à masquer la grandeur et la beauté de cette interprétation : tempo incroyablement larges dans les premier, troisième et quatrième mouvements qui rappellent étrangement les interprétations berlinoises de Karajan (1957 et 1975) [...].» (Thierry Soveau, Diapas on n° 482 p. 82 - juin 2001)

« Nikolaus Harnoncourt offre, enregistrée « live » avec l'Orchestre philharmonique de Berlin, une Huitième Symphonie où la volonté de clarté, d'engagement et l'attention quasi exclusive à des sonorités « différentes » des effets de timbres inattendus masquent mal une réalisation factuelle pas toujours parfaite, et une incapacité - surprennante après son enregistrement de la Septième ! - à concevoir l'articulation de la grande forme et à édifier de façon un tant soit peu progressive une architecture dépassant les effets immédiats de la seule dynamique contrastante. Harnoncourt suit malheureusement l'édition Nowak de la version de 1890, cuoix discutable, sinon rédhibitoire [...]. Si le finale, grâce à un modelé abrupt, se révèle impresionnant, voire partiellement réusi, le premier mouvement, le scherzo et l' « Adagio » souffrent de changement de tempo, d'arrêts et de « redéparts » arbitraire, qui vont parfois jusqu'à compromettre le sens vectoriel et la progression organique du discours. C'est dommage, car la puissance d'impact de plusieurs tutti et la mise en valeur de certains détails insufflent de beaux moments de tension à cette lecture qui manque de force visionnaire. » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 255 p. 80 - juin 2001)

« L'optique d'Harnoncourt qui s'est décidé à sacrifier « quelques belles pages » en choisissant la version Nowak, se justifie dans sa lecture profondément rude, s'en tenant aux hormonies premières de la pensée brucknérienne. Le philharmonique de Berlin, capté en public, est sans point de comparaison avec ses anciennes sonorités sous les baguettes de Furtwängler à Barenboïm [...]. L'interprétation d'Harnoncourt est pasionnante par la scission que le musicien autrichien provoque dans l'orchestre entre les cordes et les vents. Ici, les pupitres divisés créent une sorte de fourmillement qui met les solistes en permanence sur le devant de la scène. [...] Le mouvement permanent, des contrebasses à la flûte solo, rend cette lecture palpable, fragile, entrecoupée de silences. » (Stéphane Friédérich, Classica n° 33 p. 58 - juin 2001)

Horenstein [1], ø 1955 O. Pro Musica Vienne - Vox CDX2 5504 (p) 1992 [Vox PL 9682 (p) 1956 / VUX 2016 (p) 1962 / VSPS 5 (p) 1968 (fausse stéréo) / Turnabout THS 65090/91 (fausse stéréo) - LP]
Durées : I. 13'40 - II. 14'59 - III. 25'28 - IV. 22'33 = 1 h 16'41 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
5Y Diap. n° 407 / 4 Classica n° 41

Premier enregistrement studio de l'édition Nowak. cf. aussi Furtwängler 1954

« La Symphonie n° 8 de Bruckner (version 1890) est d'un galbe agréable ; malheureusement, la prise de son écrase les dynamiques. L'Orchestre Pro Musica rassemble des musiciens de plusieurs formations et témoigne de la renaissance après-guerre de l'interprétation brucknérienne. La direction d'Horenstein évite tout narcissisme au profit d'une délicatesse sans la vivacité des tempi. » (Stéphane Friédérich, Classica n° 41 p. 79 - avril 2002)

Horenstein [2], ø Concert Londres, Royal Albert Hall, 10 septembre 1970 LSO - BBC "Legends" BBCL 4017-2 (p 1999 + 9e) / Music & Arts CD-785 (p 1993 + Mahler, 6e & 9e) / Inta'glio INCD 7272 (p 1992 - transfert très médiocre) [Origine : BBC Sound Archives]
Durées : I. 15'45 - II. 15'03 - III. 25'52 - IV. 25'22 = 1 h 22'00 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Rép. n° 126 (5/5 n° 68 M&A) / 5Y Diap. n° 460

« La 8e de Bruckner, malgré quelques climax d'une haute densité spirituelle et d'un souffle dramatique grandiose (coda du mouvement final), souffre du manque d'intériorité du London Symphony, plus démonstratif que réellement mystique (cuivre surtout). » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 68 p. 36 - avril 1994)

« Le Bruckner de Horenstein est véritablement granitique, d'une puissance de pénétration émotionnelle très forte par la seule intransigeance et concentration. Sur cette trame, Horenstein opère un jeu tantôt subtil tantôt exacerbé sur les coloris de cuivres : les trompettes sont plus à vif qu'à l'ordinaire, mais tous les équilibres avec trombones et cors sont à souligner. Partout c'est la marque d'un grand brucknérien qui s'impose : ainsi dans le volet initial de la 8e, tel un rouleau compresseur (comparez avec Karjan-Berlin ; ce dernier semble faire du surplace). Certes [...] cette version « urgente et luthérienne à la fois » manque de spiritualité. Mais pour ma part, et malgré quelques carences orchestrales, je me laisse embarquer dans ce scénario de thriller. » (Ch. Huss, Répertoire n° 126 p. 67 - juillet 1999)

« Né à Kiev de père ukrainien mais de mère autrichiènne, Jascha Horenstein (1899-1975) commença une très brillante carrière de chef d'orchestre à Berlin, comme assitant de Furtwängler, avant que la montée du nazisme le contraingne à l'exil. [...] Interprète renommé de Mahler et de Bruckner, il laisse une discographie officiel du maître de Saint-Floriant limitée aux trois dernières symphonies [...]. De ses dernières années à Londres subsiste [une 5e et les 8e et 9e] exécutées en 1970. [...] Plus encore que les gravures viennoises un peu sèches, elles révèlent un formidable chef brucknérien alliant sens de la grande forme et souci du détail, calrté de la polyphonie et noblesse des phrasés, dégageant ainsi la grandiose architecture de ces deux chef d'œuvre ; malgré les limites des orchestres ces deux enregistremets mérite assurément de figurer parmi les grandes versions de ces deux symphonies. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 460 p. 64 - juin 1999)

Horvat, ø 28 janvier 2000 P. Zagreb - Zagreb Phil 37603
Durées : I. 14'41 - II. 13'39 - III. 25'20 - IV. 20'30 = 1 h 14'44 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

I

Inbal, ø Franckfort, août 1982 OS. Radio Franckfort - Teldec 8 48218 ZL / 8 44293 / 420225 / 243791 [6 48218 / 6 35642 (+ 3e et 4e) - LP]
Durées : I. 14'01 - II. 13'25 - III. 26'46 - IV. 21'08 = 1 h 15'35 [Vers. originale 1887, Ed. Nowak, 1977]
Diap. d'or n° 288

« Que nous offrent au juste ces « versions primitives » et en quoi diffèrent-elles des textes usuelles ? Et surtout que nous apprennent-elles de neuf sur le devenir de la symphonie brucknéreienne ? La réponse diffèrent sensiblement d'une symphonie à l'autre. [...] La première Huitième a été imprimée en 1973 et créée la même années [...]. Il se produit ceci de paradoxale que celui des trois [textes] dont il était le plus fier et qu'il n'aurait peut-être pas remanié si une circonstance extérieur ne l'y avait contraint - sa première Huitième - est justement la moins riche et le moins « neuf » comparé aux rédactions ultérieures, et probablement le seul des trois qui n'a guère de chance de s'imposer jamais au répertoire courant. Empressons-nous d'ajouter que ses passages les plus indispensables au déroulement de la pensée avaient été réintégrés par Robert Haas, en 1938, dans son édition de la version définitive : ce qui confère à celle-ci toute sa valeur permanente. Dans son ensemble, la rédaction primitive - celle-là même qui allait être rejetée par Hermann Levi, ce qui faillit conduire Bruckner au suicide - tient le milieu entre la Septième dont elle démarque maint passage (surtout dans le premier mouvement) et le texte de 1890, au langage harmonique beaucoup plus avancé, et dont, en outre, la signification psychologique sera profondément altérée dans le sens du pessimisme et de l'introspection. La version de 1887 offre finalement le même matériau que sa cadette, dans un état plus « brut ». » (Paul-Gilbert Langevin, Diapason n° 288 p. 63 - novembre 1983)

J

Jarvi, ø Londres, All Saints Church, Tooting, 17-19 novembre 1986 OP. Londres - Chandos DBTD 2023 / CHAN 8843/4 / 7080 / 6623
Durées : I. 16'50 - II. 15'16 - III. 28'12 - IV. 23'51 = 1 h 24'18 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
4Y Diap. n° 360 / 4d Compact n° 53

« Le résultat est de haute tenue. La vision de Järvi frappe en effet par son ampleur, qui ne tient pas seulement à des tempos très larges [...], mais encore à la conception d'ensemble, puissamment architecturée. L'œuvre est exposée en pleine calté, quitte à faire passer au second plan le mystère, ou la tendresse du mouvement lent. Cette conception trouve en l'Orchestre Philharmonique de Londres un instrument parfaitement adapté : cette phalange, aujourd'hui sans doute la meilleure de la capitale britanique (avec le London Symphony), impressionne en effet par sa dynamique très étendu [...], ce qui rejoint les vœux même du compositeur, ainsi que par la qualité exceptionnelle de ses solistes, en particulier les bois et les cors. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 360 p. 126 - mai 1990)

« Sans hésiter, plaçons cette version tout près des meilleures de la discographie [...]. Avec Järvi en effet, l'œuvre sort du néant, d'un rêve : le premier mouvement, pris un peu plus vite que de coutume, acquiert de ce fait une rigueur et une dimension exceptionnelles. Peu à peu, le tissu orchestral, servi par un orchestre aux sonorités éclatantes, fines et vivantes, revêt un aspect paradoxalement intimiste en dépit de la mesure même de l'œuvre et retrouve bien le côté mystique que voulait lui conférer Bruckner. Le scherzo, pris moderato mais sans lenteur retrouve avec Järvi des accents légers, fortement contrastés par la douceur quasi paradisiaque du trio : là encore, la pensée du musicien est scrupuleusement respectée [...]. Dès le début de l'adagio, centre focal de l'œuvre, Järvi nous « tient » par la densité de son discours, ses superbes développements et par la façon dont il sculpte avec minutie les resserrements du thème : preuve d'une lecture extrêmement attentive de la partition. [...] Les dernières minutes sont ainsi une fabuleuse ascention spirituelle, soutenue par les trompettes de la gloire et l'assurance de la Résurection : peu de chefs ont percé avec autant d'acuité la pensée de Bruckner et révélé avec autant de plénitude que Neeme Järvi l'exaltante beauté de cette Symphonie n° 8. » (Jean Gallois, Compact n° 53 p. 32 - mai 1990)

Jochum [1], ø 26-28,31 janvier & 3-4 février 1949 P. Staatsorchester Hambourg - DG "Originals" 449 758-2 [Polydor 68338/48S / Gramophone 69545/55 - 78t - DG 18051-2 / Decca (USA) DX 109 - LP]
Durées : 15'06 - II. 13'56 - III. 30'36 - IV. 23'01 = 1 h 22'39 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
10/3-4 Rép. n° 106 / Diap. d'or n° 442

« Le Scherzo [...] est d'une violence panique, le Finale d'une construction absolue, mais là où Jochum marque le plus de points, c'est dans l'Adagio, que l'on attendait plus fluide et chantant et qu'on retrouve d'une douleur absolue, ultime, insoutenable. L'itinéraire, vous aura mené de l'anéantissement absolue, au fol espoir, brisé par des archets lacérants comme des coups de poignard. La fin du mouvement s'amorce alors, littéralement en apesanteur, avec un dosage vibrato-legato qui m'a laissé coi. L'un des plus incroyables enregistrements de Bruckner jamais captés par les microphones. » (Ch. Huss, Répertoire n° 106 p. 34 - octobre 1997)

« Cette première gravure [de Jochum] repose sur l'édition Haas, la seule disponible en 1949. Est-ce, comme le prétendait Paul-Gilbert Langevin, l'effet bénéfique de rééquilibrage des deux derniers mouvements dû aux quelques mesures supplémentaires introduites par Haas ? Toujours est-il que cette lecture se distingue sensiblement des trois suivantes, et s'impose à mon sens y compris devant l'ultime et très émouvante prise en concert de 1984. En effet, si les deux premiers temps retrouvent la véhémence et l'animation que les gravures ultérieures ont rendues familières, en revanche les deux dernières se distinguent par leur ampleur. Le Finale ne manque ni de grandeur ni de véhémence, mais ne court pas la poste comme celui de Berlin (qu'il depasse de quatre minutes, et surtout l'immence Adagio est enfin, comme l'avait bien écrit Bruckner « lent, solennel, mais sans traîner ». A lui seul, ce gigantesque mouvement justifie l'achat de cet album : peu de chefs ont su ainsi porter sans faiblesse pendant plus de trente minutes (seul bien sûr Celibidache osera aller encore plus loin [...]), en restituant avec autant de justesse la solennité et la méditation que la comparaison poignate de sa conclusion, après le sommet d'intensité. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 442 p. 84 - novembre 1997)

Jochum [2], ø 21 novembre 1957 OS. Radio Bavaroise - [Origine : Archive Radio Bavaroise - Inédit ]
Durées : I. 14'03 - II. 13'44 - III. 27'31 - IV. 20'14 = 1 h 15'45 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

« La 8e que Jochum enregistra avec le Philharmonique de Berlin pour son cycle chez DG souffre d'une certaine rigidité qui a le bon goût d'être abscente de ce concert munichois dont on souhaiterait la publication et qui témoigne d'une interprétation quelque peu moins pressée mais surtout plus expressive, par une direction plus flexible et des phrasés plus accentués, caractéristiques du travail du chef avec l'orchestre de la Radio Bavaroise dans les années 50. Eugen Jochum, qui avait découvert Bruckner par l'intermédiaire de Sigmund von Hausegger, un chef contemporain des premières éxécutions de l'œuvre et ardent défenseur du compositeur, donne une 8e d'une rare justesse de style, comparable en ce point à celle contemporaine de Horenstein et d'une fervente intensité sans pour autant tomber dans les exagérations transcendentales chères aux générations plus récentes. Il évite également le statisme de marbre hérité des éditions Haas que l'on retrouvera chez la plupart des chefs qui y apprendront leur Bruckner et dont l'enregistrement de Karajan de la même époque est l'exemple le plus flagrant. On ne regrette vraiment que les choix de tempo très discutables du Finale, avec sa cavalcade insensée là où Bruckner demande une solennité de parade que seul Knappertsbusch osera, aussi à Munich, en 1963, ainsi que de l'épisodisme que cela entraine dans le reste du mouvement, sauvé par une conclusion à donner la chaire de poule. Passé ce remord du à une tradition générale tout aussi vivace qu'inexpliquée, il reste tout de même l'une des 8èmes les plus inspirées de la discographie de l'œuvre, pourtant généreuse, dans une prise de son moins étriquée que celle de l'enregistrement mythique de 1949. » (Lionel Tacchini)

Jochum [3], ø janvier 1964 Orchestre Philharmonique de Berlin - DG 431 163-2 / 429 079-2 ( intégrale 58-67 ) [138 918/19 - LP]
Durées : I. 13'36 - II. 13'54 - III. 26'35 - IV. 19'49 = 1 h 14'16 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
9/6 Rép. n° 19 (intégrale) / Diap. d'or n° 355 / 4d Compact n° 47

« On connaît les polémiques parfois stériles qui opposent les spécialistes sur la pertinence des choix d'édition. Qu'il nous suffise de dire ici que Jochum est fidèle à [l'édition] Nowak, ce qui n'est vraiment regrettable que pour les 2e et 8e Symphonies [...]. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 19)

Jochum [4], ø Dresde, 3-7 novembre 1976 Staatskapelle Dresde - Emi 5 73 905 2 / CZS 7 62935-2 (intégrale 75-80) / 7243 5 73827 2 [C 167-03402/3 Angel SB 3893 / Eterna 8 27 681-682 - LP]
Durées : I. 13'52 - II. 13'55 - III. 27'20 - IV. 20'46 = 1 h 16'07 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
Son : C. Strüben.
8 Rép. n° 30 & / 3Y Diap. n° 242, 366 & 5Y n° 476 (intégrale) / Monde n° 249 / 3d Compact n° 58

« [Voici la] réédition du cycle de Jochum à la tête de la merveilleuse Staatskapelle de Dresde. Cette intégrale, mise en chantier une quinzaine d'années après celle qu'il signa chez DG n'a jamais eu l'aura de la première. Après avoir de nouveau comparé attentivement les deux, nous ne pouvons que confirmer la prééminence de la version DG. Bien sûr, Jochum reste ici un très grand interpète de cette musique que, par l'ampleur du phrasé, le sens inné de l'architecture et la maîtrise de la dynmique. On y retrouve également cet art inimitable de la fluctuation contrôlée du tempo qui donne une urgence particulière aux gradations sonores. Mais on n'y retrouvera pas la fraîcheur d'antant, la simplicité évidente de l'articulation, même si instrumentalement la perfection semble encore plus achevée. [...] Avec la 8e nous retrouvons le meilleur de Jochum d'une très haute spiritualité, mais malheureusement toujours dans la regrettable édition Nowak. » (Philippe de Souza, Répertoiren ° 30 p. 30 - novembre 1990)

« En [1949], Eugen Jochum avait donné de cette œuvre qu'il chérit entre toutes une gravure inoubliable et définitive, dont rien de ce que nous avons entendu depuis, pas même Furtwängler, n'approche. Quelques années plus tard, alors qu'il bénéficiait pourtant du meilleur orchestre allemand, sinon mondial, le Philarmonique de Berlin au lieu de celui de Hambourg, sa seconde prestation était l'un des plus décevantes (eu égard au niveau de l'ensemble) que contenait son intégrale DG. Que s'était-il passé entre temps ? Simplement la parution en 1955, de l'édition Nowak, qui restitue à la lettre le manuscrit de la seconde version (1890) de la symphonie, tandis que l'édition précédente et tout aussi « authentique », celle de Robert Haas (1938), fondée aussi sur le dernier état de l'œuvre, avait le mérite d'y réintroduire plusieurs passages névralgiques que le maître n'avait consenti à écarter que sous la pression d'un entourage indélicat. Que le Brucknérien profond et vénérable qu'est Eugen Jochum se soit ainsi détourné de la vérité artistique au profit de ce qui n'est, selon le mot très juste de Deryck Cooke, que le « résultat d'une série embrouillée de fausses manœuvres » et, ajouterons-nous, celui d'un méthode dogmatique sans égar à l'esprit de la partition, voilà qui peut paraître inexplicable sinoon par des raisons extra-musicales que nous ne chercherons pas à élucider. Reste que notre espoir de voir Jochumrevenir un jour à Haas est aujourd'hui déçu : la gravure nouvelle ne diffère pas de la précédente dans son texte, et ne la surclasse que par un apport technique indiscutable et par un « climat » sonore plus authetique du fait que, comme la Cinquième à Ottobeuren, la Huitième a été enregistré dans l'église, Saint-Luc de Dresde. C'est là que réside, en fait, la véritable originalité de cet album. S'il existe, du phénomène brucknérien dans son essence, deux interprétations très divergeantes, l'une mystique, l'autre agnostique et purement humaine, la Huitième leur offre l'occasion idéal de se fondre en une synthèse supérieur : et la réverbération que permet l'enceinte d'un édifice sacré, par l'aura qu'elle confère à la musique, à son architechture étagée par paliers s'élevant vers l'infini, aidera indiscutablement le néophyte à aller droit au cœur du message brucknérien. S'y ajoute la prestation d'un des tous premiers orchestres actuels, des échos qui nous en parviennent - mais ceux-ci sont régulièrement salués comme des coups d'éclat [...]. Ce document ne peut être reçu qu' « en bloc ». l'amateur y trouvera certes une initiation idéale à l'art de Bruckner dans son aspect le plus gradiose [...]. » (Paul-Gilbert Langevin, Diapason n° 242 p. 56 - septembre 1979)

« Certes la pâte sonore (et la prise de son) est, par définition, plus homogène que dans la première version. Mais la conception de Jochum n'a pas varié, tandis que sa direction paraît souvent moins inspiré que dans l'enregistrement précédent [1964 avec l'OP. Berlin] ; à la grandeur succède parfois même la lourdeur, ce qui est d'autant plus dommage que la Staatskapelle de Dresde est en tout point superbe. [...] Si les 6e et 8e (curieusement l'un des points faibles du premier cycle) sont préférables aux gravure DG, en revanche on restera fidèle aux premières versions pour les autres Symphonies [...].» (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 366 p. 138 - décembre 1990)

« De la Symphonie n° 8, on dira seulement qu'elle a perdu de son intemporalité en dépit d'un finale stupéfiant de vigueur. » (Jean Gallois, Compact n° 28 p. 33 - novembre 1990)

Jochum [5], ø Concert 11 novembre 1978 Orchestre Philharmonique de Berlin - Sardana 182/183

Jochum [6], ø Concert juin 1982 OS. Bamberg - ORF L 2955 [LP]
Durées : I. 15'32 - II. 14'42 - III. 29'35 - IV. 23'05 = 1 h 22'54 [Vers. 1890, ed. Nowak]

Jochum [7], ø Concert 15 septembre 1982 OS. Bamberg - Sardana 141/142 / Altus ALTO 22/23 / ALT DVD 0001 / Fachmann 198/200
Durées : I. 15'25 - II. 14'59 - III. 27'41 - IV. 22'21 = 1 h 20'30 [Vers. 1890, ed. Nowak]

Jochum [8], ø Concert Amsterdam, 26 septembre 1984 O. Concertgebouw - Tahra TAH 171-174 / TAH 162-170 (intégrale composite 44-84) [Origine : archives NPS]
Durées : I. 14'53 - II. 14'19 - III. 27'53 - IV. 22'10 = 1 h 19'22 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
7/8 Rép. n° 90 / Diap. historique n° 429 (intégrale)

« Enfin on ne saurai passer sous silence la suprenante déception que constitue la Huitième d'Eugen, sans doute fatigué au crépulscule d'une aussi longue et prolifique carrière. Les défaillances de justesse se multiplie, indigne du Concertgebouw, l' « Adagio » se traîne sans pouvoir émotionnel et le final, plus appliqué qu'inspiré (avec une pagaille finale parmi les cuivre), confirme ce goût amer de concert loupé. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 90 p. 26 - avril 1996)

« La très tardive 8e, enregistrée seulement trois ans avant le mort de Jochum, est sans doute le sommet de cet ensemble, surtout par l'émotion bouleversante qui émane du mouvement lent (signalons que, contrairement à ce qu'affirme le texte de présentation, Jochum joue, comme à Berlin et à Dresde, la version définitive dans l'édition Nowak et non la rare version originale de 1887, dont il avait toutefois créé le premier mouvement à Munich en 1954 - qui nous donnera ce document ?). » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 429 p. 102 - septembre 1996)

Jorda, ø 2 mai 2000 O. Académie Bruckner -
Durées : I. 17'48 - II. 15'20 - III. 29'04 - IV. 27'26 = 1 h 30

K

Karajan [1], ø 28 juin (II. & III.) & 29 septembre (IV. en stéréo) 1944 Staatskapelle Berlin - Koch Swann "Legacy" 3-1448-2 /Iron Needle IN 1407 / Magic Master 37038 / Hunt 705 (finale seul)
Durées : I. perdu - II. 16'10 - III. 27'21 - IV. 27'34 = 71'00 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : H. Krüger
7/5 Rép. n° 77 & 129 / 3Y Diap. n° 407 & 411

« Ce document, d'un intérêt historique évident n'apporte [...] aucune clé discographique supplémentaire par rapport à l'oeuvre : c'est typiquement une archive pour kajanolâtres. » (Ch. Huss, Répertoire n° 129 p. 101 - novembre 1999)

« La bande qui nous occupe possède deux particularités : le 1er mouvement est perdu et le dernier est en stéréo expérimentale. On est frappé à nouveau par la précocité de la maturité du jeune Karajan [le « jeune freluquet autrichien » comme l'appelait un sinistre Adolf] : Le « Scherzo » est conduit avec une animation organique qui n'exclut jamais la respiration et la construction d'ensemble et le sublime « Adagio » révèle une poésie expressive alliée à une grandeur dynamique, le contrôle des masses sonores et la plénitude du déploiement, aboutissent à une émotion plus proche de son dernier enregistrement viennois que de celui de Berlin trop narcissique et wagnérisant pour certains. Le final, bien que capté quelques mois plus tard, véhicule la même charge spirituelle et démontre les mêmes qualités d'architecture. Moins tendue que celle de Futwängler, l'interprétation de Karajan atteint presque la même profondeur. Notre quotation se doit cependant de tenir compte de l'absence du premier mouvement. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 77 p. 32 - février 1995)

« En raison de sa forme laculaire, ce document est donc réservé aux fanatiques de Karajan, d'autant que [le Scherzo et l'Adagio] ne sont pas absoument convaincants. Karajan recherche avant tout dans cette grandeur assez ostentatoire, plus en situation dans le Finale, réellement écrasant, que dans les deux mouvements précédents [...]. Pareille conception trouvera son aboutissement dans la gravure berlinoise de 1957, plus achevée instrumentalement, tandis que les enregistrements ultérieurs de Berlin en 1975 et surtout Vienne en 1988 montreront l'évolution vers d'avantage de sérénité, sinon d'humilité du maestro. - Le Finale est un émouvant témoignage des premiers enregistrements sur bande magnétique (77cm/sec.) réalisés en stéréophonie en 1944 (le premier aurait été celui de la Sérénade n° 1 de Brahms le 26 avril 1943 à la Radio de Berlin). Il est impressionnant de constater que la qualité d'inscription du signal est parfaitement correct, que l'image sonore présente un excélent équilibre, une bonne définition et un parfait respect des nuances. La puissance qui s'en dégage laisse perpexe quant à la pseudo évolution de l'image sonore réalisée en cinquante ans... » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 411 p. 86 - janvier 1995)

Karajan [2], ø Vienna, Musikverein, 17 avril 1957 Philharmonique de Vienne - Andante 4997-5000 (+ 9e Mahler/Mitropoulos-1960 & Mort et Transfiguration/Böhm-1963)
Durées : I. 15'30 - II. 14'50 - III. 25'22 - IV. 24'36 = 1 h 20'30 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935 - Le livret de l'éditeur Andante propose Nowak, bien que Karajan ait semble-t-il toujours utilisé Haas...]

Karajan [3], ø [stéréo] 23-25 mai 1957 Orchestre Philharmonique de Berlin - Emi 569 092-2 / 566 094-2 / CMS 7 63469-2 [Columbia 33CX1586/7 62170 - LP]
Durées : I. 17'05 - II. 16'04 - III. 27'31 - IV. 26'17 = 1 h 26'59 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : Horst Lindner
3Y Diap. n° 361 4Y n° 435 / 3d Compact n° 53

« En 1957, à Berlin [...], le maestro signait son interprétation la plus ample, avec une recherche de monumentalité avoué. Le résultat est impresionnant, quoique non exempt de lourdeur, mais l'Adagio se révèle réellement émouvant. Moins étouffante de somptuosité que celle de 197[5] (dans l'intégrale DG), moins narcissique aussi, cette version n'ateint cependant pas le rayonnement poétique de l'ultime enregistrement viennois de 1988. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 361 p. 120 - juin 1990)

« L'erreur me semble d'avoir voulu donner trop d'ampleur au tempo lui-même ce qui alourdit sensiblement le discours (c'est très net dans les deux premiers mouvements). Là encore, et comme dans les versions ultérieures, Karajan privilégie le côté lyrique plutôt que contemplatif de l'œuvre : c'est ainsi que le scherzo manque de violence et devient quelque peu placide. Le contraste n'est pas assez marqué avec la rêverie ineffable du trio et le finale rejoint davantage la pensée de Karajan que celle, religieuse et contemplative, du compositeur. Mais l'adagio nous offre « aussi » des moments célestes, par son immatérialité même, tout comme le « Solennel » conclusif, au long silence habité, bouleversant (à 23'30), avant que le grand thème générateur réaparaisse dans toute son ampleur. » (Jean Gallois, Compact n° 53 p. 32 - mai 1990)

Karajan [4], ø Concert Londres, 1965 Philharmonique de Vienne - Nuova Era NE 2251/52 (+ Strauss, 4 derniers Lieders)
Durées : I. 16'26 - II. 15'07 - III. 26'45 - IV. 25'49 = 1 h 24'17 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
3d Compact n° 42

« Karajan dirige une Huitième Symphonie de Bruckner intense, ardente, extrêmement intériorisée, dont le point culminant est l'immence Adagio, d'une tendresse ineffable, d'une grandeur à la fois douloureuse et mystique. [...] Les autres mouvements sont tout aussi intenses, mais la prise de son privilégiant plus que de raison les registres graves (la timbales vraiment envahissante dans l'Allegro initial), réserve cette réalisation aux seuls véritable connaisseurs. - Prise de son sèche et sans ambiance. Aération très médiocre. Le son est coloré et distordu. » (Bruno Serrou, Compact n° 42 p. 36 - mai 1989)

Karajan [5], ø Concert 21 mars 1967 Orchestre Philharmonique de Berlin - Arkadia 705.2
Durées : I. 16'31 - II. 15'40 - III. 26'59 - IV. 25'34 = 1 h 24'44 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Karajan [6], ø janvier/avril 1975 Orchestre Philharmonique de Berlin - DG "Galleria" 439 969-2 (+ Wagner, Siegfried-Idyll) / 419 196-2 / 429-648-2 (intégrale 75-81) [2530 468-49 / 2707 085 / 2740 264 (intégrale) - LP]
Durées : I. 16'47 - II. 15'05 - III. 26'07 - IV. 24'07 = 1 h 22'06 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
3Y Diap. n° 210 & 363 (intégrale) / 3d Compact n° 22, 45 & 55 (intégrale)

« En 18 ans [enregistrement 1957 chez Emi], Karajan n'a sensiblement pas changé de point de vue. Adoptant à nouveau la version Nowak (la plus recommandable, il persiste dans l'adoption de tempi exagérément lents et nous donne ainsi la version la plus longue de l'ouvrage [...]. Les mouvements extrêmes, notamment, souffrent de ce parti-pris de lenteur et le caractère statique de l'interprétation désamorce les tensions accumulées de ces deux mopuvements, tout aussi bien que le ton fantastique, impérieux du Scherzo. Seul, le sublime Adagio trouve ici une traduction extraordinaire, d'une beauté sonore sompueuse qui traduit une sensualité sublimée. Mais a force de viser à la pure beauté sonore, Karajan démystifie l'humilité, la naïveté d'un message fait avant tout de piété et de simplicité. A la confession individuelle, Karajan substitue une conception panthéïste fin de siècle. En bref, Karajan dirige Bruckner comme un Wagner aphone. Il en fait trop de peur de ne pas pouvoir en dire assez. [...] Bruckner, c'est autre chose. » (Jean-Yves Bras, Diapason n° 210 p. 50 - octobre 1976)

« Dans la version berlinoise de 1975 [...] le chef atteint à un rafinement et une plénitude sonore inouïs. Le premier mouvement (l'un des plus brefs de Bruckner) est malheureusement pris un peu trop lentement ; le scherzo est parfois lours, et insuffisant le contraste avec la rêverie du Trio. Mais l' « Adagio » et le final sont d'une stupéfiante beauté : aucun chef, pas même Wilhelm Furtwängler, Günter Wand ou Karajan lui-même dans ses autres interprétations, n'a ainsi dirigé la terrifiante chevauchée mystique qui ouvre le finale et n'a donné un telle ampleur à la polyphonie de la coda. » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 178 p. 92 - juin 1994)

« Karajan nous donne de la Symphonie n° 8 une vision pleine de charme, mais plus personnelle que vraiment « brucknérienne ». Très lyrique (presque trop parfois), et ne respectant pas toujours l'esprit du compsiteur. » (Compact n° 45 p. 58 - septembre 1989)

Karajan [7], ø Concert 28 août 1975 Orchestre Philharmonique de Berlin - Fachmann Fuer Klassicsher Musik CDR 140/2

Karajan [8], ø Concert 15 août 1978 Philharmonique de Vienne - Fachmann Fuer Klassicsher Musik CDR 190/1 / Sardana SACD 241/2

Karajan [9], ø Concert Eglise St.Florian 8 juin 1979 Philharmonique de Vienne - DG 072 236-9 [Vidéo]
Durées : I. 16'53 - II. 15'38 - III. 26'29 - IV. 25'35 = 1 h 24'35 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Karajan [10], ø Concert Salzbourg, 17 août 1986 Philharmonique de Vienne - Fachmann Fuer Klassicsher Musik FKM-CDR 105/6

Karajan [11], ø Vienne, Musikverein, novembre 1988 Philharmonique de Vienne - DG 427 611-2 / Sony Classical SRLM5823 / SLV 46 403 [LD vidéo]
Durées : I. 16'56 - II. 16'25 - III. 25'13 - IV. 23'59 = 1 h 22'49 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : Günter Hermanns
10 Rép. n° 17 / 4Y Diap. n° 352 (Vidéo : Diap. d'or n° 387)

« Karajan signe là un disque qui fera partie de son testament musical. L'écoute comparée des deux versions de studio existantes (Philharmonie de Berlin, 1975, DG, et celle-ci) m'incite à affronter sereinement l'opinion hostile des détracteurs du génie brucknérien de Karajan. Il se trouve que Karajan a joué cette Symphonie tout au long de sa carrière et qu'elle constitue même un des piliers de son répertoire. Son premier enregistrement, celui de 1957 était déjà une grande réussite et l'enregistrement « live » (Nuova Era) de son interprétation de 1965, dont Christophe Huss nous a dit grand bien, atteste, avant que d'autres « live » ne viennent confirmer la chose, qu'il se sentait en totale affinité avec cette œuvre (les concerts auxquels il m'a été donné d'assister, notamment à Salzbourg, étaient presque des cérémonies sacrées à la gloire de Saint Bruckner). [...] Le présent enregistrement ne constitue nullement un doublon car il s'agit du témoignage bouleversant de la force surhumaine qu'un homme âgé de quatre vingt ans a été capable d'insuffler à un orchestre qui en a pourtant vu d'autres, y compris avec Karajan lui-même ! On sent le vieux maître se battre farouchement avec le matériau sonore pour tenter, telle démiurge qu'il a toujours rêvé d'être, de maîtriser les énergies colossales, les enchevêtrements telluriques des blocs, lignes et agrégats -avec des écarts de dynamique prodigieux - tout en se laissant emporter par une indicible élévation spirituelle. Cela nous vaut un premier mouvement proprement inouï où les cuivres, dans un engagement expressif total, jouent à fond de leurs possibilités. Si la plastique sonore est moins léchée que dans la version berlinoise -avec des tempos plutôt modérés (16' 56 contre 16'47 avec Berlin) -la violence élémen- taire du cataclysme tragique qui embrase la fin du mouvement dans une terrifiante fanfare des trompettes et des cors est bien plus paroxystique. Karajan livre là son dernier combat contre les puissances titanesques symbolisées par le thème de « l'annonce de la mort ». Moins réussi est le Scherzo, trop lent (16'25 contre 15'05 à Berlin), un peu statique, insuffisamment tendu, mê- me si le trio lyrique est d'une grande intensité extatique. Le sublime Adagio en revanche est d'une majesté écrasante. Palier par palier, dans une ascension céleste qui transforme le temps en éternité - Karajan aurait-il lu Saint Augustin ? - avec un sens de la respiration grandiose, Karajan conduit un orchestre envoûté - les cordes sont d'une brûlante intensité - à la formidable déflagration mystique finale, puis au rayonnant apaisement du murmure des tubas et des cors. Dans le finale, Karajan égale sinon dépasse sa prodigieuse réussite berlinoise. Le rythme initial de la chevauchée obstinée, ponctué par de violents coups de timbales, est plus tranchant avec Berlin, mais la prophétique coda, dont le début évoque l'ode funèbre de la 7e Symphonie et qui débouche sur la fantastique superposition contrapunctique des principaux thèmes de la Symphonie, est plus véhémente encore avec Vienne : on en sort exténué, ivre de musique. Karajan nous entraîne, une ultime fois, dans le gigantesque brasier cosmique où il nous fait côtoyer des cimes vertigineuses. Une expérience émotionnelle unique, même si l'accomplissement orchestral n'a pas la perfection formelle dont rêvent les puristes. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 17 p. 33 - septembre 1989)

« En douze ans, la conception globale n'a pas fondamentalement changé : les tempos sont presque semblabes à ceux de l'enregistrement berlinois, un peu plus ample pour le Scherzo, un peu plus allant pour l'Adagio, toutefois. Mais la lecture est plus décantée, moins attachée à la somptuosité du son pour elle-même, plus réellement habitée, que celle de 197[5]. Les mouvements extrêmes, puissants et dynamiques mais pas emphatiques, et le Scherzo, qui souvre sur un trio d'une rare poésie, sont des réussites absolues. Seul l'Adagio, assez rapide, manque un peu de recueillemnt, encore qu'il évite le narcissisme wagnérien de la version berlinoise. Cet enregistrement est le meilleur de ceux laissés par Karajan [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 352 p. 128 - septembre 1989)

Kegel [1], ø (Concert ?) 11 mars 1975 OS. Radio Leipzig - ODE Classics ODCLBOX3
Durées : I. 15'13 - II. 14'32 - III. 23'45 - IV. 24'01 = 1 h 18'00 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Kegel [2], ø 1990 OS. Radio Leipzig - Pilz 44 2063-2
Durées : I. 15'54 - II. 14'49 - III. 24'03 - IV. 23'50 = 1 h 18'52 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Kempe, ø 12-13 novembre 1971 O. Tonhalle Zürich - Somm "Celeste Series" SOMMCD 016-2 [Tudor 74003-04 / X-7656-57 / Ex Libris 16 607 - LP]
Durées : I. 16'14 - II. 14'10 - III. 27'40 - IV. 23'41 = 1 h 22'10 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
6 Rép. n° 147 / 5 Y Diap. n° 483

« La redécouverte de la version Kempe-Zurich se solde par une déception [...]. La conception est assez statique, avec un orchestre moins impliqué qu'avec Böhm [1978], quelques scories d'exécution (cf. 17'45 et 25'40 de l'Adagio) à, un son touffu et une vision qui se veut solennelle, mais sans vrai galbe sonore, ni profondeur patente. C'est un bon travail d'un bon chef [...] mais rien d'exceptionnel, vraiment. » (Ch. Huss, Répertoire n° 147 p. 40 - juin 2001)

« La gravure émouvante de Kempe [...] s'impose par la musicalité infallible du geste, la concentration expressive, et la noblesse qui imprègne toute l'œuvre d'une grandeur prenante. Le paradoxe vient de ce que son exigence même le dessert, car elle expose les limites de la Tonhalle, dans le son d'ensemble [...] comme dans la performance instrumentale des différents pupitres (d'où parfois de menus problèmes de justesse et d'attaque). » (Rémy Louis, Diapason n° 483 p. 77 - juillet 2001)

Un article en anglais de David Hurwitz.

Klemperer, ø 1924 O. Opéra Etat Berlin - Archiphon CD ARC-121/25 / Symposium SYMCD 1241 [Polydor 69764-67 - 78t]
Durée : Adagio seul III. 26'38 [Vers. 1892, Lienau 1892 et révision par Schalk]

Klemperer [1], ø Concert Cologne, 7 juin 1957 OS. Radio Cologne - Arkadia 704.1 / Frequenz 051-054 [Movimento Musica 02.023 - LP / Origine : Bande Radio]
Durées : I. 14'12 - II. 14'25 - III. 22'32 - IV. 20'44 = 1 h 11'53 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Klemperer [2], ø Londres, Kingsway Hall, oct./nov. 1970 New Philharmonia O. - Emi "Studio" ZDMB 63835 (+ Wagner, Hindemith) [HMV SLS 872 / HMV ASD 2943/4 / Angel SB 3799 - LP] (avec deux coupures dans le finale - 276 mesures)
Durées : I. 17'56 - II. 19'53 - III. 26'57 - IV. 19'26 = 1 h 24'12 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
6/5 Rép. n° 39 / 3Y Diap. n° 374

«Emi, dans le cadre de son exhaustive Edition Klemperer, nous livre en compact cette 8e de Bruckner qui fit beaucoup couler d'encre en son temps. C'est il est vrai une réalisation discutable et discutée, non seulement en raison d'une direction âpre, impresionnante d'architecture mais dénuée d'émotion, mais des deux énormes coupures que pratique arbitrairement Klemperer dans le Finale. [...] Nous passerons sur les justifications avancées par Klemperer (Bruckner aurait été « trop loin » dans l'invention), pour déplorer ce massacre qui déséquilibre totalement l'effet de symétrie avec le long et opulant Adagio qui le précède. Cet Adagio, [...] n'est ici que solennité empesée et froideur monumentaliste. Heureusement que les deux premiers mouvements nous rappellent quel brucknérien fut Klemperer en d'autre temps, par une direction implacable de compacité et d'une transparence inouïe. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 39 p. 35 - septembre 1991)

« [Pour cette Huitième Symphonie, Otto Klemperer] fait subir un traitement qui aboutit à une véritable distortion. Le premier mouvement, pris dans un tempo très ample, étonne par sa concentration et sa tension ; le Scherzo est littéralement inouï, le chef réussissant l'exploit, tout en batant tous les records de lenteur [...] de la faire rebondir avec une mobilité et une fluidité fascinante, tandis que le Trio atteint un sommet de romantisme méditatif ; l'Adagio est plus impressionnant qu'émouvant, comme souvent avec Klemperer, mais le Finale gâte l'ensemble car le maestro y pratique deux gigantesque coupures [...] qui déséquilibrent complètement l'un des mouvements les plus achevés de Bruckner, sous prétexte que l'inspiration du compositeur était trop riche. En dépit de la dimension grandiose de ce qui subsiste, pareille mutilation laisse l'auditeur frustré, avec le sentiment d'être passé tout près d'une des plus grandes interprétations, malheureusement discalifié par ce choix aberrant. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 374 p. 142 - septembre 1991)

Kobayashi, ø 29-30 novembre 2001 OP. Tchèque - Exton OVCL-00076 / OVGY-00003 (SACD)
Durées : I. 16'05 - II. 15'59 - III. 26'27 - IV. 26'04 = 1 h 24'39

Konwitschny, ø [stéréo] 18-19, 21 décembre 1959 OS. Radio Berlin - Weitblick SSS0012-2
Durées : I. 15'23 - II. 13'57 - III. 27'11 - IV. 24'42 = 1 h 21'13 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Koussevitzky, ø 30 décembre 1947 OS. Boston - ASDisc AS 360 [Origine : Bande pirate]
Durées : I. 11'55 - II. 11'20 - III. 16'05 - IV. 11'20 = 50'40 (version emputée par Koussevitzky pour être diffusée dans le cadre d'un programme radio d'une heure)
Diap. n° 360

Kubelik, ø 12 mars 1950 O. Concertgebouw - [Inédit : archives de la radio NAA]

Kubelik [1], ø [mono] Concert 8 novembre 1963 OS Radio Bavaroise - Orfeo "Orfeo d'Or" C 203 891 A
Durées : I. 14'39 II. 14'24 - III. 22'36 - IV. 22'14 = 1 h 13'53 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Diap. n° 360 / 4d Compact n° 52

« Bruckner appartient au patrimoine de l'Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, et Kubelick est l'héritier de la tradition venant du Danube. L'osmose entre ces deux éléments ne peut donc être que totale. Malgré des défaillances au sein des cuivres (il est vrai constamment mis à contribution), l'orchestre sonne comme un immence vaisseau, porté par la flamme intérieur, l'ardeur généreuse et la foi de Kubelik, qui brosse un hymne immence à la création. [...] Ici, sul le compositeur s'exprime, avec toute la bonhomie qu'on lui connaît. La rythmique de certains thèmes n'est jamais soulignée à l'excès (notamment dans le Scherzo, où Kubelik se fait poète sans affecter la volonté du compositeur). Le mouvement lent chante avec tendresse et mélancolie. Lardeur de la direction délivre une émotion contenue, d'une bouleversante spiritualité. Le grand thème introductif du finale est resplendissant (regrettons cependant que certains solos de cuivres dérapent quelque peu dans le pasage apaisé, alors que le rythme de marche, ample, révèle un orchestre impresionnant). » (Bruno Serrou, Compact n° 52 p. 40 - avril 1990)

Kubelik [2], ø Concert années 1970 ? OS. Radio Bavaroise - First Classics 2003/2004 / Meteor 015/016
Durées : I. 15'29 - II. 15'09 - III. 25'30 IV. 22'05 = 1 h 18'15 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Knappertsbusch [1], ø Concert Berlin, Titania Palast, 7-8 janvier 1951 OP. Berlin - Tahra THA 207/208 / Music & Arts CD-856 / Arkadia CDGI 711.1 (p) 1993 (avec date du 29 janvier 1952) / Music & Arts 1028 (coffret - idem) / Greenhill GH 0006/7
Durées : I. 14'52 - II. 13'53 - III. 26'55 - IV. 22'31 = 1 h 18'30 - [Vers. 1892 et révision par Schalk]
7/4 Rép. n° 112 / 4 Y Diap. n° 397

« Personnellement je n'ai jamais vraiment accroché à ses interprétations brucknériennes, mais ici indiscutablement il se passe quelque chose, un je-ne-sais-quoi comme disait Vladimir Jankélévitch, qui est de l'ordre de l'impalpable émotion. En écoute aveugle comparée, il est probable que ces enregistrements live seraient sérieusement critiqués à cause de certaines imprécisions de mise en place, de quelques accros, des timbres instrumentaux insolites (bois), des problèmes d'intonation sur les violons, des fluctuations très personnelles de tempos (avec des ralentissements saisissants) et des phrasés parfois étonnants, c'est le moins que l'on puisse dire (Finale de la 8e). Et pourtant [...] On est étreint par ce Bruckner énorme, babylonien, où des cuivres titanesques et des cordes graves massives édifient une impresionnante forteresse.L' « Adagio » de la 8e, malgré des violons un peu acidulés, est d'une majesté toute wagnérienne avec un climax gigantesque que réhausse une largeur de respiration inhabituelle. Le Finale est lui aussi une colossale démonstration de force et même de sauvagerie tellurique. Ce Bruckner-là manque peut-être de spiritualité et même de subtilité dans la finition, mais il s'enracine dans la tradition germanique d'un Bruckner grandiose, certains dirons grandiloquent. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 112 p. 40 - avril 1998)

« Plus rapide que sa gravure munichoise ultérieure mais tout aussi formidable par son climat d'apocalypse ; il semble de plus que Knapperstbusch ait ici choisi de suivre la partition préparée à son propre usage par Furtwängler, plus proche de l'original que la version d'Orberleithner retenue à Munich. [...] Ces documents [7e, 8e et 9e] sont passionnants, même si les mélomanes doivent en connaître les limites tenant tant au choix de partitions plus ou moins retouchées qu'à la technique même de Knappertsbusch dont on sait le mépris légendaire pour les répétitions. Lors que la Philharmonie de Berlin ou de Vienne l'assistent, le résultat est granduise [...] ; en revanche avec un orchestre aussi moyen que celui de l'Etat de Bavière, le résultat est souvent plus qu'approximatif. Si l'on compare la conception du chef avec celle de son contenporain Furtwängler, on observe que, dans les tempos globalement voisins, les accélérations et le rubato de « Furt » s'opposent à la matière sculptée par « Kna » , qui construit chaque mouvement d'un seul jet sans fluctuation, comme une coulée de matière sonore brute mais d'une puissance particulièrement impresionnante. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 397 p. 128 - octobre 1993)

Knappertsbusch [2], ø Concert Munich, 5 décembre 1955 O. Etat Bavière - Orfeo C 577 02-1 / Music & Arts CD-266 / King Records KICC 2156 [Origine : Radio Bavaroise]
Durées : I. 12'44 - II. 13'16 - III. 22'14 - IV. 21'27 = 1 h 09'41 [Vers. 1892 et révision par Schalk]
Rép. n° 159 p. 113 et n° 112 / 5 Classica n° 44

« Knappertsbusch avait appris « son » Bruckner selon une tradition (Editions Schalk) à laquelle plus aucun chef ne se réfère aujourd'hui sous peine d'être accusée de provocation. On se situe donc ici dans un univers différent, auquel on adhère ou pas. La richesse d'une telle interprétation vient du sentiment de recréation qu'elle procure : ce que nous entendons est une autre « vérité » musicale. [...] La Symphonie n° 8 déborde de vie, sans porter un « message spirituel » comme chez Furwängler ou Jochum. [...] Notons enfin que les prises de son [...] furent réalisées par la Radio de Bavière. Leur dynamique reste inférieur à celles des concerts, qui n'avaient pas pour vocation une publication. Il n'était alors pas question de saturer les récepteurs des particuliers... » (Stéphane Fiédérich, Classica n° 44 p. 66 - juillet 2002)

« Autant les interprétations wagnériennes sont absoluement indicutabless et souvent même géniales [...] autant ses exécutions (le mot est pris ici dans sa connotation négative) des symphonies de Bruckner sont tout a fait contestables. Dans le dédale des nombreux labels qui ont publié ses interprétations de studio ou de concert on finit par se convaincre que, malgré son attachement au maître de Saint-Florian, Knappertsbusch est largement passé à côté de sa prodigieuse élévation spirituelle. [...] Premier problème, « Kna » utilise des éditions tronquées qui défigurent gravement le message brucknérien : [...] l'édition Schalk/Von Oberleithner dans la 8e [...]. Deuxième problème, tout aussi rédhibitoire, la mise en place est très souvent approximative, flottante même, avec de longs tunnels prosïques, des variations incontrôlées de tempos et de dynamiques et, plus grave encore du côté de l'orchestre [...], de fréquents écarts de justesse [...]. » Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 159 p. 113 - juillet 2002)

Knappertsbusch [3], ø [mono] Concert Vienne, Musikverien, 29 octobre 1961 Philharmonique de Vienne - Melodram GM 4.0008 (coffret 7 CD) / Memories HR 4171/73 / King Records KICC 2378/9 / Nuova Era 2370/72 / Memories HR 4171/73 [date 1963] [BWS / Discocorp IGI-375 - LP]
Durées : I. 15'31 - II. 14'48 - III. 26'29 - IV. 25'49 = 1 h 22'37 [Vers. 1892 et révision par Schalk]
4Y Diap. n° 361

Knappertsbusch [4], ø Concert Munich, Herukressaal, 24 janvier 1963 OP. Munich - Refrain DR 910005-2 / King Records KICC 2407

Knappertsbusch [5], ø [studio] janvier 1963 OP. Munich - Westminster "The legacy" 471 211-2 / MCA "Millenium Classics" MCD 80 089 / MCA Classics MCAD2-9825A/B (+ 7e par Steinberg - stéréo inversée) / MCA MCD 99 825 / Westminster WP 64XK-10/11 / MVCW14001-2 [Music Guild MS-6208 / Vega C 30 A 441-2 / Westminster WST 235 (stéréo inversée) / CBS 72486-7 - LP]
Durées : I. 15'56 - II. 15'59 - III. 27'40 - IV. 26'02 = 1 h 25'39 [Vers. 1892 et révision par Schalk]
7/6 Rép. n° 60 & 150 / 4Y Diap. n° 393, 445 & 486

« Comme dans ses interprétations de concerts publiés par Music and Arts et Nuova Era, c'est encore aux arrangements signés Max von Oberleithner que Knappertsbusch fait appel. Pour résumer notre impression, nous dirons que les premiers mouvements déçoivent par leur manque de contenu émotionnel, surprennant quand on connaît la personnalité mystique de Kna., mais que le final est un éblouissement de grandeur. Libérant alors les forces telluriques d'un orchestre chauffé à blanc, il nous conduit vers un grand frisson qui efface les premiers instants de déception pour ne pas dire d'ennui. Interprétation donc inégale mais attachante par ses tempos amples et son approche par agrégats sonores qui rappelle plus un Klemperer qu'un Furtwängler plus attaché à la motorique. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 60 p. 33-34 - juillet 1993)

« Deux ans avant sa mort, Knapperstbusch enregistrait la Huitième de Brukner avec la Philharmonie de Munich. COmme a son habitude, il utilise une version révisée - ici par Max von Oberleithner - que l'on considère aujourd'hui comme fautive et peu recommandable. A priori, on se dit qu'une telle œuvre doit lui convenir. Pourtant, les trois premier mouvements déçoivent par leur atonie et leur absence d'élévation spirituelle : le dernier temps en proprement extraordiniare, d'une puissance formidable, d'une grandeur mystique. » (Jacques Bonnaure, Répertoire n° 150 p. 86 - octobre 2001)

« Datant de janvier 1963, c'est la seule gravure en studio du maître [..., elle] reste fidèle à l'édition arrangée par Max von Oberleithner (1868-1935, composituer disciple de Bruckner), dont l'orchestration est assez altérée par rapport à l'original [NB : elle « empâte inutilement l'orchestration »], mais on sait que Knapperstbusch tenait à défendre ces révisions apocryphes (alors que l'originale avait supplenté cette édition dès sa révélation par Furtwängler en 1939). Une fois admise cette singularité, l'interprétation de « Kna » est évidemment très personnelle. Plus ample que dans ses concerts, elle est tout entière orientée vers le Finale. Les deux premiers temps sont conçus comme des blocs présentés de façon plutôt abrupte : l'Adagio est plus solennel qu'émouvant mais impresionne à cet égard. Mais le Finale est réellement extraordinaire ; jamais aucun autre chef à ma connaissance, n'a su lui donner cette démeusure apocalyptique qui culmine dans une coda aux accents de fin du monde. Cette conception, marginale mais à sa manière géniale, est à connaître, surtout pour ceux qui sont déja familiarisés avec la partition. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 393 p. 106 - mai 1993)

Visitez le site www.syuzo.com/kna-archiv pour tout savoir des enregistrements et des concerts de Knappertsbusch.

L

López-Coboz, ø 14-15 mars 1993 OS. Cincinnati - Telarc 80343
Durées : I. 15'17 - II. 13'51 - III. 24'38 - IV. 22'19 = 1 h 16'17 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955 - deux passage du finale proviennent de la version Haas ou Nowak de 1887]
5/7 Rép. n° 67 / 2Y Diap. n° 405 / 3* Monde n° 175

« [La vision de Jesús López-Cobos] fait la part belle aux cuivres, notamment à coloration lcaire (trompette, trombonne)... au prix de quelques phrasés trop gouleyants dans le « Scherzo » et d'une atténuation de l'intériorité de certains limats (ex. écrasement de la montée des cordes à 4'10-4'20 de l' « Adagio »). Il faut dire que les cordes assez rêches de Cincinnati n'ont aucune des qualités auxquelles Berlin, Vienne, Dresde et Amsterdam nous ont habituées. L'impression générale que laisse ce disque est très largement frustre et sans surprise, l'ensemble manquant à la fois d'élan et de profondeur mystique. » (Ch. Huss, Répertoire n° 67 p. 32 - mars 1994)

« [Voici] une gravure honorable mais sans grand relief, qui ne vient pas bouleverser une discographie particulièrement riche. L'interprétation de López-Cobos est en effet de bonne tenue, avec des tempos plutôt rapides mais bien équilibrés et un sens de l'architecture d'ensemble qui n'appelle pas de reproches particuliers, sans pour autant susciter l'enthousiasme. Malheureusement, l'Orchestre de Cincinnati ne fait pas montre, non plus que dans les précédents volumes de la même série, de bien grandes qualités ; les timbres sont dénués de séduction, les cuivres lourds sans être particulièrement séduisants, les cordes rêches, la cohésion d'ensemble corecte sans plus. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 405 p. 118 - juin 1994)

« La Philharmonie de Vienne - qui créa l'œuvre -, la Philharmonie de Berlin, mais aussi le Concertgebouw d'Amsterdam et la Staatskapelle de Dresde restent chacun à leur façon, les prestigieux dépositaires du « grand son brucknérien ». Quel peut être alors l'apport d'un orchestre américain, de second rang qui plus est, à l'évidence bien éloigné de cette souverainté ? Bien curieusement, une certaine magie opère ; dès l' « Allegro » initial, l'orchestre étonne par sa précision, son éloquence et son ampleur. La direction de López-Cobos, fluide et expressive, plutôt allante, vaut également par des qualités d'agogique qui montrent clairement le chemin, servies de surcroît par une prise de son remarquable de transparence qui met à jour le contrepoint extrêmement sérré de ce langage harmoniquement très dense : trémolos des cordes d'une beauté cristaline, cuivres à l'impact saisissant. [...] L'ensemble de l'orchestre avoue néanmoins quelques faiblesses dans le finale notamment dans la coda, d'une folle exigence musicale et spirituelle. [...] A l'évidence, et c'est tant mieux, Jesús López-Cobos prend son intégrale Bruckner au sérieux : en témoignent les quelques révisions - pas toujours du meilleur aloi - qu'il a oppérés à partir de l'édition Nowak de 1890, notamment dans la section finale de l' « Adagio », confiée aux cordes qui jouent en notes détachées, peu après la harpe du climax. » (Thierry Soyeaux, Monde de la Musique n° 175 p. 96 - mars 1994)

Michael Gielen a travaillé près de sept années avec cet orchestre de Cincinnati (1980-1987).

M

Maazel [1], ø Concert Salzbourg, 3 août 1983 Philharmonique de Vienne - Lucky Ball LB 0018(a/b)
Durées : I. 16'11 - II. 14'45 - III. 28'03 - IV. 22'09 = 1 h 21'15

Fin du second mouvement très mauvais.

Maazel [2], ø Berlin, juin 1989 OP. Berlin - Emi CDR 7243 5 69796 2 8 / CDS 7 49990-2 / "Seraphim" 7243 5 73943 2
Durées : I. 16'05 - II. 14'09 - III. 25'53 - IV. 23'24 = 1 h 19'32 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
Son : M. Sheady.
4 Rép. n° 31 / 2Y Diap. n° 365 / 2d Compact n° 57

« Cette 8e confirment qu'il ne suffit pas d'être un grand chef pour être un grand brucknérien. [A Lorin Maazel] manque deux qualités essentielles dans ce répertoire : la modestie, l'humilité même devant le matériau qui ne demande qu'à être joué « mit Andacht » (avec ferveur) et le ton prophétique, ce mysticisme cosmique inimitable que seuls les plus grands ont su restituer. Ce disque n'est pas un total désastre, ne serait-ce que parce que la Philharmonie de Berlin y est splendide comme d'habitude et que Maazel sait faire sonner un orchestre. Mais justement cela sonne trop? Les cuivres, éclatants et exposés, surtout les trompettes, tiennent le heut du pavé alors que chez Bruckner, comme l'avait noté naguère Jochum, ils doivent être des instruments mélodiques au même titre que les bois et harmoniques au même titre que les cordes dans lesquelles ils doivent aussi se fondre harmonieusement. Brillante et superficiel, telle est cette 8e. » (Jean-Marie Brohm, Répertoiren ° 31 p. 43 - décembre 1990)

« Maazel adopte globalement des tempos plutôt vifs, notamment dans le trio du second mouvement, qui de ce fait perd malheureusement beacoup de sa poésie ; mais il ajoute à cela une volonté de grandeur qui tourne souvent à la lourdeur. Si la puissance sonore de la Philharmonie de Berlin lui permet d'écransant tutti (contrastant avec des pianissimos diaphanes dans l'Adagio), il est néanmoins regrettable que tout humanité disparaisse dès lors au profit de cette volonté de démeusure.» (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 365 p. 124 - novembre 1990)

« Quel peut bien être cet orchestre aux attaques floues offrant un discours sans véritable épaisseur (1er mouvement), aux rythmes émoussés, dénué d'ampleur et de densité (2ème). Oui, quels sont ces vents hésitants ces cordes peu homogènes (3ème mouvement) qui donnent au finale un aspect expressionniste au possible (la timbale à découvert !), voire l'allure de charge de cavalerie ? Le Philharmonique de Berlin ? Alors vraiment on s'interroge, en comparant avec ce qu'en faisait Karajan. Et là, il faut bien poser la vrai question. Maazel est-il l'homme rêvé pour diriger pareil partition ? Encore plus que la Symphonie n° 7 avec Berlin également pour Emi, l'œuvre lui échappe. Il a de plus retenu la version de 1890 dans l'édition Nowak (ui n'est pas la plus satisfaisante) ! Il s'en tient à l'écume, la surface de la partition, sans jamais atteindre le noyau dur, sans entrevoir vraiment les secrets qu'elle recèle ni ce que voulait chanter Bruckner. » (Jean Gallois, Compact n° 57 p. 25 - octobre 1990)

Maazel [3], ø Concert, Rome, 9 septembre 1995 OS. Radio Bavaroise - [Radio Bavaroise]
Durées : I. 17'34 - II. 15'23 - III. 28'41 - IV. 25'04 = 1 h 27'00

Maazel [4], ø Concert Munich, 1996 OS. Radio Bavaroise - Dreamlife DVD QLVC-1088
Durées : I. 18'48 - II. 17'13 - III. 30'06 - IV. 24'17 = 1 h 30'30 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Mandeal, ø juin 1987 OS. Cluj-Napoca - [Electrecord ST-ECE 03257/58 - LP]
Durées : I. 17'23 - II. 16'00 - III. 25'57 - IV. 24'50 = 1 h 25'30 [Edition utilisée non connue]

Marthé, ø 1997 Junge Osterreichische - Ethic 39753
Durées : I. 17'07 - II. 16'12 - III. 25'20 - IV. 26'32 = 1 h 25'30 [Edition utilisée inconnue]

Matacic [1], ø Concert 26 novembre 1975 OS. NHK - Altus AT 048 [King Records (coffret commémoratif) LP]
Durées : I. 14'04 - II. 14'06 - III. 26'22 - IV. 19'31 = 74'30

Matacic [2], ø Concert 7 mars 1984 OS. NHK - Denon 35 CO 1001
Durées : I. 13'55 - II. 14'38 - III. 25'18 - IV. 20'12 = 1 h 14'13 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955 - révisions de Matacic dans les second et troisième mouvements]
4Y Diap. n° 320 / 3d Compact n° 13

« Evidemment, on attendait avant tout autre cette Huitième de Bruckner si souvent entendu en concert [...], apprise de lui, dans sa ferveur, son intériorité et sa paradoxale fluidité de mouvement. Le live rend la justesse fabuleuse du souffle, l'idéal dynamique, sans appui, sans fracas, auquel parcenait Matacic dans cette partition. Mais on ne sait quelle estompe, quelle distance, quel refus de la vitalité habituellement mise en avant dans cette partition, vient briser les mouvements. Toute cette Huitième est un renoncement, assurément, un de ces moments magiques où se transmue la volonté d'un artiste, où s'abolit une conception au profit d'un chant simple, dépouillé, lumineusement évident. » (J-Ch. Hoffelé, Diapason n° 320 p. 159 - octobre 1986)

« Prise dans des tempos assez rapides, [l'interprétation] a fort belle allure : Bruckner figurait d'ailleurs parmi les musiciens préférés du grand chef yougoslave (disparu à 85 ans, le 4 janvier 1985, neuf mois après cet enregistrement public). Dès le mouvement initial, Matacic nous offre de superbes moments, en dépit de cuivres encore un peu hésitants, de violons manquant un peu de « chair ». Emporté par la fougue, il nous livre un scherzo aux rythme accentués, sans toutefois atteindre ni au mystère d'Haitink ni à l'effervescence multicolore de Giulini. En revanche l'Adagio connaît d'intense émotions, même si elle restent quelque peu extériorisées, les cordes n'atteignent pas à la sublime homogénéité, à la souplesse et au mœlleux du Concertgebouw de Haitink. Quant au finale, Matacic l'emporte vivement, en dépit de la mention « Nicht schell » [...] : nous ne retrouvons pas, dès lors, le fabuleux halètement qui devrait toujours l'ouvrir ni l'ample conclusion donnant à cette confession crépulsculaire et touchante toute sa valeur et tout sa grandeur. Nous tenons cependant là une version très attachante [...]. » (Jean Gallois, Compact n° 13 p. 42 - octobre 1986)

Masur, ø Dresde, 19-23 juin 1978 O. Gewandhaus Leipzig - RCA/Eurodisc GD 69227 (intégrale 74-78) [Ariola-Eurodisc 300 639 440 / 301 587-467 (intégrale) - LP]
Durées : I. 16'56 II. 14'18 - III. 26'26 - IV. 24'13 = 1 h 21'53 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : C. Strüben.
7 Rép. n° 30 / 3Y Diap. n° 366 (intégrale) / 3d Compact n° 58

« On y retrouve les qualités et les défauts typiques de ce grand chef, à savoir un style sans failles, un contrôle absolu et une opulence sonore qui séduise de façon instantanée, mais aussi un je ne sais quoi d'impersonnalité qui fait que ses interprétations n'impriment pas la mémoire. [...] Notre relative déception se cristalisera davantage sur une 8e qui traîne un peu et dont le difficile Adagio manque de finesse et de cohérence pour égaler les meilleurs. Il est certain que nous sommes peu indulgents, en raison encore une fois de la richesse de la discographie. L'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig montre des affinités évidente avec Bruckner, non seulement en raison d'une tradition historique locale très vivace, mais par la couleur très sombre de ses sonorités. Le grains des cordes en particulier nous semble un exemple parfait de l'orthodoxie brucknérienne.» (Philippe Desouza, Répertoire n° 30 p. 30 - novembre 1990)

« [Cette intégrale] se caractérise essentiellement par son honnêteté foncière et sont respect scrupuleux du texte ; plus proche en son esprit des conception artisanales de Wand que de la sophistication de Karajan, elle trouve ses limites en ses qualités mêmes. Inattaquable quant au respect des texte, la vision de Masur manque parfois d'ampleur et de dynamique, particulièrement dans les Symphonies ultimes et leurs admirables mouvements lents. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 366 p. 138 - décembre 1990)

Mehta [1], ø avril 1974 P. Los Angeles - Decca CSA 2237 [SXL 6671-2 - LP]
Durées : I. 14'57 - II. 14'27 - III. 27'54 - IV. 21'33 = 1 h 18'51 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Mehta [2], ø Concert Opera Franckfort, 1978 Israel Philharmonic - Image Entertainment DVD 5800-2
I. 15'06 - II. 14'18 - III. 29'25 - IV. 20'46 = 1 h 19'35 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Mehta [3], ø février 1989 OP. Israel - Sony S2K 45864
Durées : I. 15'57 - II. 14'11 - III. 25'37 - IV. 22'07 = 1 h 20'52 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Mehta [4], ø Concert Vienne, Musikverein, 28 janvier 1990 Philharmonique de Vienne - [Vidéo inédite ?]

Mehta [5], ø Concert Tokyo, Suntory Hall, 30 septembre 1996 Philharmonique de Vienne - [Vidéo inédite]

Mravinsky, ø [mono] studio Moscou, 30 juin 1959 P. Leningrad - BMG/Melodiya "Ed. Mravinsky, vol. 13" 74321 29402 2 (p) 1996 / 29459 [Melodiya D 06187/90 (p) 1960 / MK 210B (p) 1961 / RCA 29404 - LP]
Durées : I. 15'02 - II. 13'12 - III. 23'06 - IV. 22'21 = 1 h 13'42 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : Aleksander Grosman
Diap. n° 427

N

Nanut, ø 1989 OS. Ljubljana - Stradivari SCD-6059
Durées : I. 15'30 - II. 14'24 - III. 25'27 - IV. 20'31 = 1 h 16'02 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

P

Païta, ø mai 1982 OS. Philharmonic - Lodia LO 783/4 [LOD 783/4 - LP]
Durées : I. 13'08 - II. 13'36 - III. 25'55 - IV. 21'02 = 1 h 13'41 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Diap. n° 280 / Recommandé Compact n° 40

« Décidant d'ancrer solidement Bruckner dans un romantisme exalté de cuivre et de timbales, Païta le rend paradoxalement (peut-être) plus facile d'accès à des oreilles que rebuterait toute forme de grandeur recueillie. En même temps, hélas ! il gomme les recherches rythmiques et instrumentales que contient cette partition étonnante, que l'on ne peut impunément réduire à ses éclats. Ainsi, du Scherzo, Païta retient les accents heutés, maisescamote le Trio ; du Finale, les rythmes de chevauchée, mais aucun mystère, aucune angoisse : le retour du premier thème de l'œuvre, le début de la Coda sont précipités pour laisser place à de véhémentes fanfares, à une compilation sonore qui rend bien peu justisse à l'architectonique brucknérienne. L'orchestre porte ici sa part de responsabilité : peu virtuose, il comporte des bois et des cordes particulièrement neutres. » (Philippe Godefroid, Diapason n° 280 p. 55 - février 1983)

«[Utilisant la version Haas,] Le chef argentin []Carlos Païtarend ainsi pleinement justisse aux intention définitives du composituer. Dans des tempos alertes, il galvanise son orchestre et nous offre un Bruckner passionné et déchirant. De magnifiques moments tendrement lyriques laissent le chant s'épanouir et atteignent une noblesse et une spiritualité des plus rares. » (Compact n° 40 p. 13 - mars 1989)

R

Rögner, ø Berlin, mai/juillet 1985 OS. Radio Berlin (Est) - Berlin Classics 0031182BC
Durées : I. 12'34 - II. 13'19 - III. 26'21 - IV. 22'45 = 1 h 15'01 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
3Y Diap. n° 430

« [Heinz Rögner] succombe dans les deux premiers mouvements à son travers caractéristique qui concilie extrême rapidité avec une rigueur de battue implacable, le résultat offrant plus de brutalité que de fluidité. Les deux autres mouvements [...] sont plus convaincants, sans que cette lecture, souffrant de plus d'un orchestre discipliné mais rustique, ne vienne modifier la donne discographique [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 430 p. 100 - octobre 1996)

Rosbaud, ø 17 septembre 1955 OS. SWF Baden-Baden - Urania URN 22.188 (Attention ! Coupure de 8 minutes dans l'adagio, alors que l'enregistrement existe...). [Origine : Archives SWF]
Durées : I. 13'35 - II. 13'24 - III. 18'05 - IV. 19'29 = 64'30 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
4* Monde n° 267

« Le moins qu'on puisse dire est que Rosbaud avait une conception peu orthodoxe de cette musique. Le respect de la lettre et de l'esprit qu'il montrait dans le répertoire contemporain donne une force insoupçonnée à son interprétation très rapide (64 minutes lui suffisent là où la plupart des chefs approchent l'heure et demie !) de la Huitième Symphonie. [NB : l'auteur semble oublier la coupure dans l'adagio...] Il ne perd pas en intensité ce qu'il gagne en vitesse et montre que l'esprit brucknérien ne souffle pas que dans la lenteur. Dépouillée de tout maniérisme (exit le rubato), cette version souligne à la fois l'esprit classique qui habite encore Bruckner et les audaces qui annoncent l'avenir. La prise de son mono est, hélas, affligée d'un souffle parfois gênant. » (P. Galonce, Monde n° 267 p. 70 - Juillet 2002)

Rozhdestvensky [1], ø 8 avril 1984 OS. Ministère de la Culture d'URSS - Russian Revelation RV 10076
Durées : I. 14'40 - II. 14'19 - III. 26'39 - IV. 23'19 = 1 h 19'00 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Rozhdestvensky [2], ø 1985 OS. Ministère de la Culture d'URSS - BMG/Melodiya [japon] BVCX38013/14
Durées : I. 16'24 - II. 13'50 - III. 28'23 - IV. 25'47 = 1 h 24'38 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

S

Schuricht [1], ø Concert, 24 octobre 1955 OS. NDR - Originals SH 837 / Urania URN 22.152 (Attention ! le final est emputé des mesures 708 à 716 !)
Durées : I. 16'53 - II. 14'10 - III. 27'05 - IV. 21'05 = 1 h 19'13 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Schuricht [2], ø Vienne, Musikverien, 9-12 décembre 1963 Philharmonique de Vienne - Emi "Great conductors of the 20th century" 7243 5 75130-2 (p) 2002 / "Rouge & Noir" CZS 7 67279-2 (p) 1991 (+ 9e) / CDZ 25 2925 2
Durées : I. 15'32 - II. 14'00 - III. 21'44 - IV. 19'43 = 1 h 11'16 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : F. Dillnutt
Recommandé Rép. n° 158 & 42 / 5Y Diap. n° 492 & 376 / Recommandé Classica n° 42 / 4d Compact n° 69

« [La 8e est] d'une force et d'une motorique impresionnante, bousculée parfois, comme dans un Scherzo haletant au mépris du phrasé, mais d'une rigueur de construction et d'un contrôle dynamique époustouflants. La rapidité du tempo de l'inéfable Adagio ne permet certes pas les épanchements d'un Karajan (Vienne 198[8] ), ni la profondeur ascétique d'un Wand (Cologne [1979] ou l'urgence charnelle d'un Jochum [1964], mais son lyrisme sans affectation en séduira d'autant plus. Le Finale apparaît nettement moins bien venu, avec des ruptures de tension et un collage parfois artificiel dans la construction thématique. Il est vrai si complexe ici. On a l'impression que Schuricht a peur de perdre la concentration de l'auditeur et préfère presser plutôt que de laisser silence et respiration ponctuer cette immence arche sonore. Au total, une 8e très personnelle, loin des lenteurs à la mode d'aujourd'hui, aussi passionnante qu'insuffisante à traduire la totalité des facette de cette partition. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 42 p. 38 - décembre 1991)

« La Symphonie n° 8 de Bruckner [...] est une vrai révélation. La rage motrice, la puissance de pénétration des cuivres, d'un tranchant inouï, le sens de l'urgence dans les transitions, l'atmosphère menaçante du premier mouvement sont stupéfiants. Les autres mouvement sont eux aussi impitoyablement corsetés par une tension parfois cauchemardesque. Voilà un Bruckner de combat, réellement inspiré, servi par une bonne stéréo (1963) qui donne le vertige. » (J-M Brohm, Répertoire n° 158 p. 100 - juin 2002)

« Dès les début de la Huitième (version 1890) , on sent la maîtrise du chef et du penseur, réfrénant volontairement les affre du scherzo, dessinant un adagio éminnement personnel, d'une belle et haute tenue, traduisant dans le dernier volet l'ascèse « Brucknérienne » et sa montrée spirituelle. » (Jean Gallois, Compact n° 63 p. 30 - novembre 1991)

« La pierre angulaire de ce concert est l'une des plus incroyable symphonie n° 8 de Bruckner avec le Philarmonique de Vienne (1963). La violence de la direction, la beauté de la prise de son qui restitue le grain de l'orchestre avec génie en font l'une des versions les plus exaltées que nous ayons jamais entendues, bien supérieure à la mouture connue avec Hambourg (1950, Urania). Cette lecture qui mérite un « Recommandé » s'incrit dans une approche très traditionnelle. » (Stéphane Friédérich, Classica n° 42 p. 81 - mai 2002)

Sieghart, ø 21-23 février 2000 O. Bruckner Linz - Denon COCQ-83426
Durées : I. 15'33 - II. 13'45 - III. 26'01 - IV. 21'16 = 1 h 16'35 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Sinopoli, ø décembre 1994 Staatskapelle Dresde - DG 447 744-2
Durées : I. 17'19 - II. 15'19 - III. 27'53 - IV. 25'20 = 1 h 25'51 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Skrowaczewski, ø Concert 8-9 octobre 1993 OS. Radio Sarrebruck - Arte Nova 74321 34016 2 / 74321 85 290-2 (intégrale 93-01)
Durées : I. 15'30 - II. 16'02 - III. 28'14 - IV. 22'23 = 1 h 22'28 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
7 Rép. n° 116 / 4Y Diap. n° 484 (intégrale) / Monde n° 259 / 4 Classica n° 36 (intégrale)

« Skrowaczewski nous offre des interprétations tout à fait resommandables. [...] Les tempos équilibrés, plutôt allants et contrastés, notamment dans les scherzos, les ruptures dynamiques franches, la continuité maîtrisée de l'avancée, les ponctuations puissantes aux timbales (Finale de la 8e), la justesse des oppositions de masse entre les chorals de cuivres - profonds et bien timbrés - et les cordes, ainsi que la lisibilité polyphonique de la pâte orchestrale, en particulier de la petite harmonie [...] restituent à ce Bruckner sans prétention une simplicité bienvenue dans une dimension physique immédiate et même avec une émotion sicère (Adagio de la 8e). » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 116 p. 30 - septembre 1998)

« Skrowaczewski adopte un style qui le rattache sans hésitation au postromantisme les plus généreux : tempos globalement très amples, lyrisme intense des grands adagios, avec un usage fréquent du rubato qu'on pouvait croire disparu depuis Furtwängler et Jochum, image sonore également très vaste, s'appuyant sur une dynamique importante et une assise des basses toujours perceptible et présente dans la pulsation rythmique. Au débit de cette conception très attachante, on portera un orchestre de qualité moyenne plus homogène et discipliné que virtuose, dont les cuivres sont parfois criards et les cordes sollicitées aux limites de leurs possibilités. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 484 p. 102 - septembre 2001)

Solti [1], ø nov./déc. 1966 Philharmonique de Vienne - Decca "Ovation" 448 124-2 / 440 162-2 [London CSA 2219 / 1326/38 / Telefunken-Decca 6.35256 - LP]
Durées : I. 15'10 - II. 14'32 - III. 24'49 - IV. 20'45 = 1 h 15'16 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
7/8 Rép. n° 95 / 3Y Diap. n° 293

« Georg Solti n'a pas toujours eu la main heureuse dans Bruckner et il ne s'est jamais véritablement imposé dans cet univers à la fois cosmique et tourmenté comme il a pu le faire dans Mahler ou Wagner. [...] Solti privilégie l'énergie motrice des lignes sur la contemplation, la violence (voire la brutalité) des accents rythmiques (« Scherzo ») sur la chaleur harmonique, la clarté (parfois un peu carrée) de la construction polyphonique sur le mystère mélodique. Cette approche nous vaut quelques très beaux moments, en particulier dans les climax des mouvements extrêmes, à la fois impéteux et intraitable. Mais elle conduit aussi à quelques froideurs : le sublime « Adagio »manque ainsi un peu d'intériorité et surtout de cette indicible tristesse ontologique qui caractérise les grandes interprétations. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 95 p. 29 - octobre 1996)

« Les Bruckner de Solti ne sont guère convainquants ; force est de convenir que l'on s'y ennuie ferme. L'exécution, même si l'on peut s'étonner de changements de tempos parfois bizarre, surtout dans la Huitième, est de haute qualité - Vienne oblige - et la sonorité est magnifique ; mais l'impression retenue est celle d'une monumentale froideur, d'une absence totale d'inspiration et d'influx intérieur. » (Diapason n° 293 p. 67 - avril 1984)

Solti [2], ø Concert St-Pétersbourg [Leningrad], novembre 1990 OS. Chicago - Decca 430 228-2
Durées : I. 15'00 - II. 14'25 - III. 24'09 - IV. 20'09 = 1 h 13'59 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
Son : J. Lock & C. Moorfoot
5/8 Rép. n° 52 / 2Y Diap. n° 387

« Le Bruckner de Solti ne manque certes pas de brillance ni de consistance sonore, mais l'architecture semble lui échapper et le discours se fragmente irrémédiablement. [...] Après un Allegro d'une magnifique ampleur et d'une rigueur de phrasé exemplaire, on se dit que Solti maîtrise son sujet. Erreur, et nous allons déchanter dès le sublime Scherzo, plus bruyant que scandé et surtout l'Adagio central véritable pivot de l'œuvre qui se perd dans des détails zoomés sans que la voûte de l'ensemble ne soit vraiment charpentée. Ansi vidé de sa construction organique, le mouvement n'est plus qu'une juxtaposition diluée d'effet orchestraux certes superbes mais d'une vanité décourageante. Le Finale pris dans un tempo rapide subit le même sort, alors qu'il s'agit là d'une des plus divines longueurs de la musique brucknérienne. Le plus grand reproche que l'on puisse formuler à l'encontre de l'interprétation de Solti est sans doute l'absence de respiration et la non utilisation des silences qui jouent un rôle essentiel dans la ponctuation et l'équilibre du discours. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 52 p. 41 - novembre 1992)

« Certes le premier mouvement impressionne par la tension que lui imprime le chef hongrois et la maîtrise des déchaînements orchestraux, servie par un pupitre de cuivres d'une rare splendeur et d'une puissance impresionnante. Nerveux mais un peu raide, le Scherzo souffre surtout d'un Trio qui manque singulièrement de poésie alors qu'il s'agit de la page dans laquelle Bruckner rejoint le romantisme allemand le plus pur. L'Adagio, pris sans doute un peu trop vite, demeure assez extérieur et lui aussi peu poétique ; Solti fidèle à l'édition Nowak, ne renouvelant pas ses réussites des mouvements lents de la 7e et de la 9e. Enfin le Finale est prétexte à un formidable déferlement orchestrale, les cuivres de Chicago se déchaînant littéralement, au détriment de la richesse de structure et d'inspiration de cette page grandiose qui n'est pas un morceau de bravoure [...]. Si l'on ajoute quelques fugitifs écarts de justesse surprennants pour une telle phalange même en concert (hautbois et violons notamment), et un montage désagréablement audible au début de la coda du Finale, qui prend ainsi une allure de véritable déflagration, on comprendra la déception générale que procure cette gravure [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 387 p. 128 - novembre 1992)

Solti [3], ø Concert Vienne, Musikverein, 4 février 1993 Philharmonique de Vienne - Fachmann Fuer Klassicsher Musik FKM-CDR 33/4

Steinberg, ø Concert 26 février 1972 _OPBoston - Boston Symphony BSO 100
Durées : I. 14'00 - II. 15'37 - III. 25'42 - IV. 19'20 = 1 h 14'42 [Edition utilisée inconnue]

Suitner, ø Berlin, Christuskirche déc. 1986 / janv. 1987 Staatskapelle Berlin - Berlin Classics 00116326 BC (+ 1e)
Durées : I. 15'36 - II. 14'50 - III. 26'55 - IV. 23'00 = 1 h 20'22 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
8 Rép. n° 96 / 4Y Diap. n° 430

Svetlanov, ø 1981 OS. Académie d'Etat d'URSS - Scribendum SC 020 / Olympia MCD 238 / Melodiya MCD 238 [Melodiya 17979 - LP]
Durées : I. 18'05 - II. 14'14 - III. 23'49 - IV. 22'26 = 1 h 18'40 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955 - contrairement a ce qu'indique la pochette du disque]
8/8 Rép. n° 27 / 2Y Diap. n° 362

« Intéressante est l'interprétation de Svetlanov, hérétique au possible, mais tellement passionnante. [...] Le bouillant chef soviétique sait nous faire ressentir physiquement le délire musical et l'ivresse sonore comme naguère Munch, Scherchen et aujourd'hui Celibidache ou Karajan, Giulini ou Haitink, mais il a une puissance d'impact formidable. [...] Svetlanov se distingue d'ailleurs de ses confrères qui comme lui ont choisi la version Haas, de loin préférable, par deux traits typiques. Le premier est la grande variété des oppositions dynamiques. Ainsi la montée par paliers au grand climax de l'Adagio procède-t-elle par d'imperceptibles, mais efficaces, accélérations qui évoquent plus le basculement dans le gouffre cosmique qu'une lente ascension mystique comme chez Karajan ou Giulini notamment. Le second est le constant antagonisme des masses sonores projetées avec rugosité les unes contre les autres, ce qui accentue encore l'impression de chaos organisé de cette musique tellurique. Enfin l'harmonie est dominée par des cuivres vibrants, ce qui est souvent le cas des ensembles soviétiques, et notamment par des trompettes très exposées et des trombones furieusement engagés. Le dernier mouvement est ainsi de bout en bout au bord du paroxysme et débouche sur une coda rutilante de cuivres qui se répondent en écho comme dans une fresque à la Gabrieli ou à la Moussorgsky... On l'aura deviné : ça a failli casser, mais ici ça passe et magnifiquement. (Jean-Marie Brohm, Répertoire n°27 p. 34 - juillet 1990)

« Sa lecture de la 8e de Bruckner, pour laquelle il choisit l'édition Nowak et non Haas (comme l'indique par erreur la pochette) , surprend plus qu'elle ne convainc réellement. [Evgueni] Svetlanov impose au Moderato initial une ampleur inabituelle : le résultat eqst plus statique et lourd que vraiment impresionnant, car il faut être Klemperer ou Celibidache pour maintenanir la tension dans un tel tempo. A l'inverse, l'Adagio est d'une trops grande rapidité, ce qui fait perdre en recueillement et en tendresse au profit d'effets extérieurs plutôt déplacés. Le plus convaincant (mais aussi le plus facile à réussir est le Scherzo, tandis que le finale procède d'un triophalisme appuyé qui évoque plus la 5e de Tchaïkovski que le maître de Saint-Florian. [...] L'Orchestre [...] suit son chef avec discipline mais se trouve lui aussi en terre étrangère, comme le souligne l'inconfort de ses cuivres (surtout les trompettes) extrêmement criards. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 362 p. 84 - juillet 1990)

Szell, ø 28 juin 1951 O. Concertgebouw - Audiophile Classics 101 556
Durées : I. 13'51 - II. 15'13 - III. 23'52 - IV. 18'34 = 1 h 11'30 [Ver. 1892, pub. Lienau 1892] Coupure dans le Finale.

Szell, ø octobre 1969 O. Cleveland - Sony "Essential Classics" SB2K 53519 (p) 1994 (+ 3e) / CSCR 8197 [Columbia M2-30070 - LP]
Durées : I. 14'31 - II. 16'14 - III. 29'04 - IV. 22'04 = 1 h 21'53 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
5/6 Rép. n° 72

« Dans ces enregistrements, c'est peu dire que George Szell n'apparaît pas comme un chef brucknérien. [...] Il opte pour une option rythmique plutôt allante. Mais plus que de nervosité, c'est de sécheresse excessive que sa vision est imprégnée. [Dans la 8e], il manque ici à la fois le sens de la relance dans les transitions thématiques et la nécessaire chaleur orchestrale. » (Ch. Huss, Répertoire n° 72 p. 30 - septembre 1994)

Szell, ø Concert 1969 O. Cleveland - Artists FED 072
Durées : I. 14'27 - II. 16'19 - III. 25'40 - IV. 21'20 = 1 h 17'42 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

T

Tennstedt [1] Concert Boston, Symphoy hall, 20 décembre 1974 OS. Boston - Navikiese Enterprise NAV 4004/4005
Durées : I. 13'59 - II. 13'16 - III. 24'38 - IV. 20'07

Tennstedt [2], ø Concert Hambourg, 24 septembre 1979 ? OS. NDR - Halloo HAL 21/22
Durées : I. 14'46 - II. 13'45 - III. 26'08 IV. 21'11

Tennstedt [3], ø Concert Berlin, 21 novembre 1981 Orchestre Philharmonique de Berlin - Sardana Records SACD-156/7
Durées : I. 14'43 - II. 13'30 - III. 25'57 IV. 21'37

Tennstedt [4], ø Concert Chicago, 3 décembre 1981 OS. de Chicago - Navikiese Enterprise NAV 4012/4013
Durées : I. 14'42 - II. 14'43 - III. 25'56 - IV. 21'11

Tennstedt [5], ø Londres, Abbey Road Studio, 24-26 septembre 1982 London Philharmonic - Emi "Studio plus" CDM 7 64849-2 / TOCE-7573 [C 157-43 434/35 / SLS 5290 - LP]
Durées : I. 14'16 - II. 14'01 - III. 26'02 - IV. 21'03 = 1 h 15'33 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
6/7 Rép. n° 65 / 2Y Diap. n° 285 & 404

« L'interprétation est plate et conventionnelle. Rien, vraiment rien de saillant tout au long [des quatre plages] où l'on se demande si le chef se sent réellement concerné par ce qu'il joue. La meilleurs serait peut-être le Scherzo, assez animé ; mais le trio retombe dans la grissaille d'où l'on ne sortira plus jusqu'au terme de l'ouvrage. En bref, de l' « honnète » travail d'artisant laborieux ; mais où est le drame, où est le cataclysme qui doit submerger, l'auditeur à chaque page de ce chef-d'œuvre ? » (Paul-Gilbert Langevin, Diapason n° 285 p. 41 - juillet 1983)

« Interprète mahlérien universellement reconnu et admiré Klaus Tennstedt n'a pas réussit à démontrer la même maîtrise dans le reste du répertoire qu'il a dirigé et gravé, sauf aux dire de la critique londonienne [...]. Fraîchement accueillie à sa parution [cette Huitième] ne s'impose pas dans une discographie très fournie. Si les deux premiers mouvements témoignent d'une progression dynamique et d'un équilibre des tempos satisfaisant, en revanche l'Adagio est terriblement statique et étale, tandis que le Finale souffre d'accents d'une loiurdeur exagérée. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 404 p. 116 - mai 1994)

Tennstedt [6], ø Concert Philadelphie, Academy of Music, 5 janvier 1989 O. Philadelphia Orch - Classics TH 016
Durées : I. 15'54 - II. 14'42 - III. 27'49 - IV. 22'10

Tintner [1], ø 31 août 1982 Nat'l Youth Orch Canada - [Jubal 5003-4 - LP]
Durées : I. 16'25 II. 14'11 - III. 31'15 - IV. 22'56 = 1 h 24'47 [Vers. originale 1887  Ed. Nowak, 1977]

Tintner [2], ø 23-25 septembre 1996 O. National d'Irlande - Naxos 8.554215-16
Durées : I. 17'41 - II. 15'14 - III. 31'10 - IV. 25'10 = 1 h 29'28 [Vers. originale 1887  Ed. Nowak, 1977]
7 Rép. n° 119

« La première version (1887) de la Symphonie n° 8, presque toujours négligée au profit de la seconde (1890) nous laisse entrevoir un Bruckner moins massif, plus véloce. Les différences entre les deux jets de l'oeuvre sont nombreuses et importantes : l'orchestration fut retouchée sur des pans entiers, mais les développement thématiques ont également été révisés. Entre 1887 et 1890, Bruckner a tenté de simplifier, d'écourter son discours. Seul l'Adagio reste à peu près intact dans ses grandes lignes. La pâte sonore que Georg Tintner obtient de l'Orchestre national d'Irlande est flateuse, homogène et colorée. Son geste se veut répide, jamais appuyé, jamais brutal. » (L. Campellone, Répertoire n° 119 p. 91 - décembre 1998)

Tsutsumi, ø Concert 16 septembre 1995 OS. Shunyukai - Shunyukai 19950916
Durées : I. 15'03 - II. 13'12 - III. 26'15 - IV. 23'57 = 78'38

U

Uno, ø 9 avril 1992 OS. Shinsei Nihon - Canyon Classics PCCL-00162
Durées : I. 16'58 - II. 15'41 - III. 23'37 - IV. 25'34 = 1 h 22'00 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

W

Wallberg [1], ø c. 1968 OS. de Vienne - [Concert Hall SMS-2604 / Guilde Internationale 2604 - LP]
Durées : I. 14'48 - II. 15'09 - III. 23'02 - IV. 24'00 = 1 h 16'59 [Edition utilisée inconnue]

Wallberg [2], ø mai 1996 OS. Duisburg - Confido DSL01/02
Durées : I. 15'31 - II. 15'48 - III. 29'02 - IV. 24'50 = 1 h 25'15 [Edition utilisée inconnue]

Walter, ø Concert New York, 26 janvier 1941 P. New York - Iron Needle 1353/54 / AS Disc 427 [Discocorp BWS-808 - LP]
Durées : I. 15'25 - II. 14'50 - III. 23'20 - IV. 20'45 = 1 h 14'20 [Vers. 1892 et révision par Schalk]

Wand [1], ø 1974 O. Gürzenich Cologne - Classics 045 [BASF 2222 158-3 - LP]
Durées : I. 15'50 - II. 15'08 - III. 26'15 - IV. 24'00 = 1 h 21'18 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Wand [2], ø Cologne, 28 mai & 2 juin 1979 OS. Radio Cologne - RCA Victor/BMG "Gold Seal" GD 60083 (intégrale) [Hamonia Mundi C 153-99 853-54 - LP]
Durées : I. 15'44 - II. 15'04 - III. 26'10 - IV. 24'24 = 1 h 21'47 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
9/7 Rép. n° 19 (intégrale - 8/8 pour la 8e) / 4Y Diap. n° 255 / 4d Compact n° 47

« Rayonnante de hauteur de vue et de cohérence, la 8e de Günter Wand confirme sa supériorité absolue. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 19)

« Günter Wand qui poursuit aujourd'hui une intégrale déjà fort remarquée, s'éloigne stylistiquement de tous les grands chefs vivants ou d'un passé proche. Il faut se reporter en arrière, songer à Hermann Abendroth et à Joseph Keilberth qui donnaient à la musique de Bruckner une fabuleuse sémarche dynamique, sortie tout droit de l'« Eroïca ». Wand n'ajoute rien à l'essentiel, il se contente, si j'ose dire, de souligner les lignes de force d'une seule et unique trajectoire. Et l'émotion jaillit, fantastique, d'une densité ahurissante. Les deux premiers mouvements de la Huitième Symphonie sont ici menés de main de maître. Pourtant, ces tempos respirent, malgré la vitesse métronomique. L'expression, concentrique, exclusive, offre une tension inégalable. L'adagio, le finale surtout, rendus extraordinaires de vigueur et de puissance, nous transportent sur les cîmes. [...] Günter Wand n'a peut-être pas son pareille pour unifier, articuler d'une seule coulée la phrase de Bruckner, pour conférer une homogénéité pleine et rare, une progression structurelle très lucide et très poétique aux phrases apparemment les plus lentes ou les plus décousues. Cet esprit de concentration triomphe, on s'en doute, dans les tragiques deux premiers temps, mais il transfigure aussi l'adagio et toute l'immence montée du finale. La modeste phalange de Radio-Cologne sonne excellemment. » (P. Szersnovicz, Diapason n° 255 p. 59 - novembre 1980)

« [L'orchestre est], celui de la Radio de Cologne, qui n'offre peut-être pas toutes les séductions du Berliner Philharmoniker, mais qui se révèle extrêmement vivant, contrasté, « spiritualisé » sous la baguette de ce très grand chef pas toujours mis à sa vraie place, Günter Wand. [...] On atteind à de réel sommets, sans doute (cas des Symphonies n° 7 et Symphonies n° 8 notamment). Versions plus « Moderne » d'esprit, d'approche aussi voire de facture, dotée d'une vie intense, trépidante, montrant bien cette formidable gesmination luxuriante qui gonffle chaque partition tout en la dotant d'une spiritualité exigeante, que renforce encore l'impeccable distribution sonore et picturale. [...] Günter Wand m'apparaît sans rival dans la Symphonies n° 8 et pas seulement pour avoir choisi la version Haas (indispensable)... Elle est d'une tension dramatique sans relâche, d'une ampleur, d'une majesté vraiment « impériale » (elle fut « Dédié à S.M. l'Empereur François 1er de Habsbourg-Lorraine »). Ici on admire la vitalité des deux permiers mouvements, l'intemporelle beauté de l'Adagio, la bouleversante apothéose du final. En multipliant les lignes de forces, Günter Wand décuple du même coup notre émotion. C'est aussi bouleversant qu'exceptionnel.» (Jean Gallois, Compact n° 47 p. 42 - novembre 1989)

Wand [3], ø (années 80 ??) OSRB - Bells of St. Florian - AB 6/7

Wand [4], ø Concert 6 août 1985 OS. de Vienne - Fachmann Fuer Klassicsher Musik CDR 92/93

Wand [5], ø Concert de cloture du festival de musique du Schleswig-Holstein, Cathédrale Lübeck, 22-23 août 1987 OS. NDR Hambourg - RCA RD 60364 (p) 1990
Durées : I. 16'50 - II. 15'37 - III. 28'29 - IV. 25'15 = 1 h 26'21 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : Friedrich-Karl Wagner & Karl-Otto Bremer
9/7 Rép. n° 27 / Diap. n° 363

« [Günter Wand réenregistre cette symphonie] avec l'Orchestre radio-symphonique de Hambourg dont il est le chef titulaire depuis 1982. On sera immédiatement surpris par la qualité de cet ensemble. Günter Wand enthousisme également par la franchise et la netteté de son propos, la simplicité rayonnante de ses phrasés et surtout l'excellence de ses tempos, le ton naturellement grandiose. Sans forcer, ni alourdir Wand réussit en effet à donner à ces ultimes symphonies de Bruckner - en Concert de surcroît ! - une grande dimension spirituelle. La 8e Symphonie, dont il joue la version Haas, est tout simplement bouleversante dans les trois derniers mouvements. Avec un Adagio douloureux, d'une tension extrême, avec des entrées de cuivre violentes, là où d'autres ont tendence à insister sur la contemplation mystique - Karajan, Giulini - un finale habité de tout en bout par une sorte de prémonition de la catastrophe et un scherzo fermement architecturé avec une pulsation vigoureuse (un peu le point faible des versions Karajan), Wand n'est pas loin de signer la version moderne de référence, malgré la prise de son réverbéré et un premier mouvement un peu en retrait, surtout dans le climax triple forte aux cuivres que Bruckner lui-même avait dit être « l'annonce de la mort ». » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 27 p. 35 - juillet 1990)

Wand [6], ø Concert novembre 1990 OS. NDR Hambourg - Fachmann Fuer Klassicsher Musik CDR 3/4

Wand [7], ø Concert Hambourg, 5/7 décembre 1993 OS. NDR Hambourg - RCA "Red Seal" 09026 68047-2
Durées : I. 17'16 II. 16'05 - III. 28'45 - IV. 25'46 = 1 h 27'52 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
6/8 Rép. n° 83 / 4Y Diap. n° 418 / 3* Monde n° 191

« La conception est toujours aussi large, aussi imposante, presque babylonienne, mais cette fois-ci j'avoue ne pas avoir été vraiment convaincu par ce gigantisme de principe. Les tempos d'abord ont une ntedance à l'élargissement excessif, ce qui nuit souvent à la cohérence de la texture et à l'unité interne du discours, en particulier dans le premier mouvement « Allegro moderato », trop moderato et jamais allegro, ou plus encore dans le Finale, qui enchaîne des épisodes juxtaposés. Wand a tendance également à simplifier des dynamiques par opposition entre la monumentalité écrasante, avec des timbales d'airain très mobilisées, et le relâchement contemplatif, sans que les valeurs de tempos et de volumes soient suffisamment variées ou nuancées. La coda du Finale, précédé par le choral presque immobile des cuivres, pour impressionnante qu'elle soit, manque ainsi de cette angoissante urgence qui précède la dévastatrice déflagration (écoutez Jochum/Berlin, pour comprendre la différence !). Ensuite la pâte orchestrale est considérablement alourdie avec des graves massifs et des cuivres rugueux, ce qui masque aussi les audaces harmoniques du Bruckner dans un magma sonore assez statique : cela nous vaut certes de sublimes moments de majesté, mais aussi de sérieux passages à vide. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 83 p. 32 - septembre 1995)

« [Comparons ce concert à la version de Lübeck en 1997.] L'orchestre est le même (pas toujours parfiat d'ailleurs) et les tempos uasiment identique, mouvement par mouvement ; curieusement, l'acoustique n'apparaît ni plus claire ni plus proche que celle de la cathédrale de Lübeck, mais, plus sèche, elle prive les grands tutti de résonnance. Surtout, si la couleur orchestrale très sombre et la conception hautaine rejoignent la récente 9e, l'émotion poignante qui se dégageait, particulièrement dans l'Adagio, de la version de 1987, n'est plus ici au rendez-vous. Certes le discophile qui achètera cet album y trouvera une gravure de grand style, due à un chef qui connaît parfaitement son Bruckner, mais sans ce supplément d'âme qui faisait de la version précédente [1987] le témoignage d'une exécution d'exception, miraculeuse de spiritualité et de grandeur. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 418 p. 102 - septembre 1995)

« [Les tempos de cette interprétation] sont légèrement plus amples qu'avec le Gürzenich de Cologne, le WDR de Cologne ou le NDR de Hambourg [1987]. Comme souvent avec Wand, l'utilisation du rubato, l'audace dans l'usage des accents dynamiques et la cohérence dans le choix des tempos privilégient l'unité fondamentale de la texture autant que le flux interne du discours. La volonté d'intégration de l'articulation et des nuances révèle une homogénéité stylistique et une grande intégrité du son. Wand, comme Horenstein ou Giulini, insiste sur l'éclairage en profondeur de la polyphonie et sur l'essence architectonique du discours, bien plus que sur les oppositions tranchées. [...] Wand en 1993 bénéficie d'une acoustique moins exagérément réverbérée qu'en la cathédrale de Lübeck en 1987. [...] L'orchestre du NDR de Hambourg se montre encore meilleur (les cuivres surtout) [...]. » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 191 p. 96 - septembre 1995)

Wand [8], ø Concert 19 septembre 1996 Orchestre Philharmonique de Berlin - Sardana Records CDR 100/101

Wand [9], ø 1999 OS. Bamberg - Rare Moth 432/433 S

Wand [10], ø Concert mai 2000 OS. NDR Hambourg - Sardana 264/265

Wand [11], ø Concert 9 juillet 2000 - OS. NDR - GNP 99/100

Wand [12], ø Concert 19-22 janvier 2001 Orchestre Philharmonique de Berlin - RCA 74321 82866-2
Durée : I. 17'03 - II. 16'07 - III. 27'36 - IV. 26'21 = 1 h 27'15 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
8 Rép. n° 154 / 5Y Diap. n° 489 / Choc Monde n° 262 / 4 Classica n° 39

« On regrette que Wand n'égale pas complètement ses splendides réussites des Symphonies n° 4, 7 et 9 chez le même éditeur [...] tant ce chef nous a habitué à de magistrales recréations. Certes la vision, intensément pensée, reste grandiose sans grandiloquence, très fouillée sur l'ochestre, avec des cuivres fortement exposés et des trouvailles géniales, par exemple le roulement ténébreux des timbales dans le Scherzo entre 3'50 et 3'55, qui procure un sentiment de bourrasque déferlante, ou tout l'Adagio, très sombre, avec ses cordes graves qui grondent dans des profondeurs abyssales et un climax sublime, apocalypse fulgurante (une percussion écrasante !) qui bénéficie de la puissance phénoménale de l'orchestre. Mais [...] les mouvements extrême sont moins tenus dans leur logique et moins intégrés dans leur hamonie. L'Allegro moderato initial, gigantesque et même massif, un rien trop articulé didactiquement et appuyé verticalement, manque de fluidité dynamique et de tension dans l'avancée. [...] Le Final également avec des chorals de cuivres un rien grassouillets ne possède pas tout à fait ce climat d'urgence qui doit sourdre de la pulsation inquiète, malgré les martèlements sauvages du timbalier et unecoda monumentale, qui s'essouffle nettement, avec une mise en place moins nette que d'habitude. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 154 p. 60 - février 2002)

« La version de cet alerte nonagénaire est aujourd'hui d'une sérénité qui peut surprendre dans une œuvre souvent propice au dramatisme. Les tempo amples, presque semblables à ceux des gravures précédentes, mais les développements de l'Adagio ou du Finale laissent percevoir, plus qu'ailleurs, des contrastes accusés qui font ressortir le caractère quasiment émacié des lignes mélodiques, en particulier lors que les cordes sot à découvert. L'orchestre est splendide, mais sans que Wand ne cherche jamais la beauté ou la perfection pour elles-mêmes, encore moins les effets (sauf dans les interventions des timbales dans le Scherzo). [...] Cette conception peut être rapprochée de celle de Giulini à Vienne, à l'opposé des tensions exacerbées par Furtwängler et Jochum à Berlin [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 489 p. 79 - février 2002)

« Günter Wand dans son très grand âge revient [...] à la Huitième Symphonie, dont il donne aujourd'hui une vision magnifique mue par une pulsation large mais stable et dont l'autorité souveraine n'a d'égale que la gravité inébranlable. » (Patrick Szersnovicz, Monde de la Musique n° 262 p. 66 - février 2002)

« Ce nouveau disque avec la formation berlinoise [...] est émouvant mais en par inachevé. Il est émouvant parce que ce « grand témoin » de la culture allemande dirige un orchestre dont la moyenne d'âge est de trente-cinq ans et dont la plupart des musiciens n'ont pas connu Karajan. Mais ce témoignage est également inachevé dans la mseure où la conception de Wand s'appuie sur une lecture figée de la partition ; on ne peut pas adhérer à une telle position, d'autant moins que dans le livret, le chef résume parfaitement le padoxe musique : « Je suis musicien non pas prêtre ! J'ai d'autres devoirs, mêmes si je sens un lien intime entre l'art et la religion et si je peux le transmettre à mes musiciens et à mes auditeurs... Je veux tout simplement présenter la musique comme elle est pensée. » Le problème est que nous disposons d'autres versions de Wand (surtout celle de Hambourg - globalement la meilleure [à Lubeck en 1987 ? ]), mais également de témoignages d'autres chefs tout aussi intransigeants [...] qui se sont impliqué dans cette musique, avec certainement plus d'intensité. [...] Il manque l'impulsion rythmique, le souffle (divin ou pas), comme dans ce Scherzo où les timbales et les pianissimi des cordes annoncent un miracle... possible. Hélas, la rigidité du mouvement derrière la souplesse des cordes empêche d'aller plus loin [...].» (Stéphane Friédérich, Classica n° 39 p. 65 - février 2002)

Welser-Möst, ø 2-3 avril 2002 O. Jeunes Gustav Mahler - Emi 5 57406 2
Durée : I. 14'46 - II. 14'32 - III. 26'43 - IV. 21'36 = 77'59 [Vers Nowak, 1890]


A Savoir

Les mouvements :

1 - Allegro moderato 2/2
2 - Scherzo (Allegro moderato)
3 - Adagio (Feierlich langsam, dorch nicht schgleppend / lentement solennel, mais sans trainer)
4 - Finale (Feierlich, nicht schnell)

Discographie comparée de Répertoire cf. n° 96 Grand vainqueur : Giulini DG 1984

Plus généralement sur Bruckner et l'interprétation, Diapason avait consacré à la faveur du centenaire, un article assez synthétique pour être recommandé, dans son numéro d'octobre 1996 (n° 430).

Transcription

Transcription de la 8e pour orgue par Lionel Rogg - Bis CD-946

dix essentiels :

A l'heure du choix, je recommande particulièrement

Modernes

Historiques

Bruckner reçu au paradis (silouhette par Otto Böhler)
Arrivée au ciel de Bruckner (Silhouette de Otto Böhler)

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supplémentaires sont bienvenues !

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