Mise à jour : 30 septembre 2004
Sonates 1 à 30 : Essercizi
Préface des Essercizi, parus en 1738-39. - « Lecteur, que tu sois Dilettante ou professeur, ne t'attends pas à trouver dans ces Compositions une intention profonde, mais le jeu ingénieux de l'Art, [Autre traduction : Une manière ingénieuse de badiner avec l'art] afin de t'exercer à la pratique du clavecin. Je n'ai recherché dans leur publication, ni l'intérêt, ni l'ambition, mais l'utilité. Peut-être te seront-elles agréables, dans ce cas j'exécuterai d'autres commandes dans un style plus facile et varié pour te plaire : montre-toi donc plus humain que critique ; et ainsi tes plaisirs en seront plus grands. Pour t'indiquer la position des mains, je t'avise que par le D j'indique la droite et que par de M la gauche : sois heureux. »
« [Dans le recueil des "Essercizi"] Scarlatti associe magistralement le « goût italien » de son pays d'origine (K 20, K 23) et le « goût espagnol » de son pays d'adoption (K 5, K 14). Il s'avanture aussi (coïncidences ?) du côté de la France avec la sonate K 13 dont le début (et le début seul !) pourrait passer pour du Rameau, du côté de l'Allemagne avec la Sonate K 28 qui, fugitivement, évoque Bach et, plus précisément, un élément thématique du Concerto n° Brandebourgeois (deuxième mouvement) ! Malgré le "Carcan" de tempos toujours "allants" (Presto ou Allegro - une seul fois Moderato dans la K 30), il parvient à créer, par la puissance et l'originalité de son imagination, les climats affectifs les plus divers (aisance pastorale de K 9, véhémences heurtées et "préromantique" à la Carl Philipp Emanuel Bach de K 24 par exemple). » (Jean Dupart)
Début de la Sonate K. 1
« [Cette sonate] révèle le goût de Scarlatti (et peut-être aussi celui de Maria Barbara) pour l'exotisme et une expression hautement personnelle. Les traits descendants très rapides représentent l'un des maniérismes favoris de Scarlatti au clavier et sont aussi amusant à jouer que plaisants à entendre. Cette sonate serpente au long de passages chromatiques empreints de mysticisme qui doivent peut-être autant à l'Espagne qu'à Scarlatti. » (David Montgomery, livret du CD Leonhardt Sony-Séon)
Très espagnole.
« Plusieurs groupes de phrases s'y succèdent et, par leurs caractères différents, s'y opposent. Ces phrases très courtes pour le plupart, s'enchaînent irrégulièrement : de cette irrégularité naissent des effets rythmiques extraordinaires. Il y a un contraste évident entre la première phrase, essentiellement rythmique et ascendante, avec ses croches affirmées, et la seconde phrase, mélodique et descendante, où les triolets de doubles croches couvrent plus de trois octaves [cit]. Un troisième épisode, plus souple, s'impose avec un dessin de triolets qui se répète sur des accords de deux ou trois sons. D'épisode en épisode, la sonate parvient à sa conclusion sur une immence dégringolade de gamme. La seconde partie de cette pièce suit approximativement la même construction. » (A. De Place)
Début de la Sonate K. 7
« Cette pièce rapide, très difficile techniquement, est remarquable par la diversité des moyens mis en oeuvre. Plusieurs motifs se succèdent, et certains atteingent à la plus haute virtuosité comme ces 22 mesures (mesures 9 à 30 de la première partie, et mesure 95 à 116 de la seconde partie) qui se jouent entièrement en croisant les mains [cit]. La main gauche y chevauche parfois la main droite à distance d'une octave. Quelques épisodes plus souples (traits de triolets par exemple) s'interposent entre les divers passage de virtuosité. » (A. de De Place)
Dans certaines édition ultérieures cette sonate est, de façon inappropriée, baptisée « Pastorale » (cf. Kk 446)