Présentations du
Concerto pour piano et orchestre


André Boucourechliev, Schumann, Seuil. 1956 p. 126 sq.
En 1841 « Schumann commence pour Clara une Fantaisie en la mineur pour piano et orchestre. Conçue comme achevée, cette oeuvre sera cependant complétée en 1845 par un Intermezzo et Finale et deviendra le Concerto pour piano et orchestre opus 54, l'un des chef-d'oeuvre de Schumann. Composition tout intérieure, aussi éloignée du dramatisme des concertos beethoveniens que de la pure virtuosité recherche à l'époque, l'opus 54 est, selon la propre expression de Schumann, "quelque chose entre le concerto, la symphonie et la grande sonate". Le piano ne s'oppose pas à la masse orchestrale mais s'y intègre, il dialogue avec chaque groupe d'instruments, et l'orchestration, à la transparence de musique de chambre, est exclusive de toute volonté dominatrice du soliste.

Le premier mouvement (la fantaisie originelle) est de forme cyclique ; c'est un Allegro Affetuoso, dominé par un thème, l'un des plus beau de Schumann, que le piano expose après quelques brillantes mesures d'introduction. [Ici le texte présente la partition : mesures 12 et suivantes de la partition - le piano reprend en fait le thème du tutti exposé juste avant par l'orchestre]

Ensemble de lignes de forces concentrées et dirigées, le thème principal constitue à lui seul un microcosme musical achevé. Il s'élève vers son point culminant ou il effleure la tonalité de ré mineur, puis se résout peu à peu en une chute lente qui mène à sa conclusion cette courbe parfaite. Puis Schumann enrichit ce thème de deux motifs secondaires, le fait éclater pour donner vie au mouvement entier ; il en transforme les éléments, passe du la-mineur au la-majeur au centre du développement (un des plus beaux moments du Concerto) ; enfin dans une vaste Cadenza, pure des traditionnelles démonstrations de virtuosité, s'opposant, en une lutte ultime, les voix de son "moi" partagé. C'est sur un irrésistible tourbillon sonore, transformation rythmique du thème, que se conclue ce premier mouvement.

L'Intermezzo et le final, composés en 1845 sont en parfaite harmonie avec lui. L'Intermezzo est un dialogue intime entre le piano et l'orchestre ; l'écriture en est délicate, raffinée, l'alliance des cordes et des instruments à vents est sublimement dosée ; le solo de violoncelle qui chante dans la partie centrale du mouvement accentue son style de musique de chambre. Aux dernières mesures, les bois préparent thématiquement le Finale qui s'enchaîne sans interruption. Son thème éclate au piano, rayonnant de joie et de lumière. Il est issu du motif central du premier mouvement ; ainsi, Schumann, à quatre ans d'intervalle, assure à l'oeuvre entière son unité, et le Finale s'y inscrit comme une nécessaire conclusion. »

C. Höweler, Sommets de la musique, Flammarion, 1958.
« En 1841, Schumann adapta la première partie comme Fantaisie pour piano et orchestre. Cependant l'éditeur refusa de faire imprimer seul cet "Allegro affetuoso" ; c'est pourquoi Schumann composa quatre ans après, l'Intermezzo et le Finale. » 

François-René Tranchefort, Guide de la musique Symphonique. Fayard, 1986.
« C'est après une étude approfondie des ouvrages de Jean-Sébastien Bach que le musicien, ayant "fortifié son style à cette école", avait entrepris de l'écrire ; nulle trace, cependant, de cet apprentissage ; rien de moins contraint, de plus naturellement "inspiré" que ce concerto. » 


Dédicace
L'oeuvre, dédiée au pianiste compositeur Ferdinand Hiller est créée, par Clara Schumann, le 1er janvier 1846.

Les mouvements

  I - Allegro affetuoso (C - blanche à 84)
 II - Intermezzo (Andante graciozo 2/4 - croche à 120)
III - Finale (Allegro vivace 3/4 - blanche pointée à 72)


A savoir

Discographie comparée : Répertoire n° 107, novembre 1997 et Diapason n° 201.
Discographie Schumann : Compact n° 55.

Le manuscrit autographe du Concerto de Schumann -- seul exemplaire connu, de près de 200 pages --, a été vendu chez Sotheby's à Londres en 1989. Il a été acheté par Albi Rosenthal, librairie et violoniste amateur d'Oxford pour la somme de 880 000 livres. Ce document est consultable dans une bibliothèque Allemande depuis lors.

Orientation bibliographique

André Boucourechliev, Schumann. Seuil, 1956
Marcel Brion, Schumann et l'âme romantique. Albin Michel, 1954.
Rémy Stricker, Robert Schumann. Le musicien et la folie. Gallimard, 1984.



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