Mise à jour : 24 avril 2006

Répertoire pour violoncelle seul



Dans la mesure du possible, j'indique un maximum de renseignements sur chaque pièce, date de composition, éditeur, un liens ou deux et une sélection discographique.

L

Lachenmann, Pression

Lemaître, Dominique, Mnaïdra (1992, Éditions Jobert)
Création le 1er octobre 1993 à Fécamp (Scène Nationale) par Willie Guillaume
Durée : 6'30

Le plasticien Thierry Heynen a conçu une installation pour ce solo de violoncelle.

« Mnaïdra est un temple de l'âge du cuivre situé dans le sud de l'île de Malte, l'île des abeilles ou l'île du miel, comme on l'appelait aux temps antiques. Mnaïdra est une pièce lyrique, robuste. Le violoncelle déclame sur quatre cordes, discours ponctué par des pizzicati prémonitoires. Le si bémol aigu entame chaque période. C'est sur cette note qu'on reviendra sans cesse dans toute la première partie de l'oeuvre. Puis elle chancelle, s'appuie, en un intervalle d'octave diminuée, sur le si naturel. Le lyrisme disparaît, de longues tenues s'installent. C'est d'un seul coup le la qui domine, qui éclaire la scène. C'est en brodant cette note, la, que va s'achever cette pièce en une longue mélodie plane sur quatre notes étirées (la bémol, la, si bémol, si), mélodie ponctuée de pizzicati de cordes à vide. Le si bémol aigu reviendra, cinq fois, comme une réminiscence, puis se fondra dans une harmonique de la et la pièce se perdra, fa dièse aigu perdendosi... C'est un monde qui est passé, une présence qui a disparu, une voix qui s'est tue mais dont l'écho demeure, une mémoire. » (Claude-Henry Joubert, plaquette du disque - aimablement communiqué par le compositeur)

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Isabelle Veyrier joue D. Lemaître (RUS 555050.2)

Ligeti, Sonate pour violoncelle seul (1948-1953)

I. Dialogo. Adagio, rubato, cantabile II. Capriccio. Presto con slacio - Sostenuto - Presto. Durée : neuf à dix minutes et demi.

« Le violoncelle est le seul instrument à cordes que j'ai appris, si peu que ce soit. Je me suis mis très tard, et lorsqu'à l'âge de dix-huit ans j'ai commencé la composition au conservatoire Kolozsvár, j'atais très handicapé par ma connaissance limités des instruments. J'ai donc étudié plusieurs instruments en même temps, et j'ai choisi le violoncelle parce que je voulais avoir une petite idée de la manière dont on écrivait pour les cordes. J'ai gardé une prédilection pour le violoncelle, que je connais mieux que le violon ou l'alto. [...] Il y avait une jeune fille du nom d'Annuss Virány qui jouait du violoncelle, et dont j'étais secrètement amoureux. J'ai écrit cette pièce et je l'ai intitulée Dialogue, sans penser qu'elle deviendrait plus longue. Je connaissais un peu la technique du violoncelle, les double cordes, les triples cordes. Et puis je lui ai donné la pièce - elle m'a remercié, sans avoir la moindre idée de la raison pour laquelle je l'avais écrit à son intention. Elle ne l'a jamais joué, et c'en est resté là. [...] C'est un dialogo - un dialogue. C'est comme deux personnes, un homme et une femme, qui conversent. J'ai utilisé la corde de do, la corde de sol et la corde de la séparément. A cette époque j'étais influencé par Bartók, et aussi par Kodály. J'avais écrit une musique beaucoup plus « moderne » en 1946 et 1947, et puis en 1948 j'ai commencé à avoir l'impression que je devais essayer d'être plus « populaire ». [...]

En 1953, j'ai rencontré une violoncelliste très connue - je n'étais pas amoureux d'elle, et elle était beaucoup plus agée que moi - qui s'appelait Vera Dénes. Elle m'a demandé une oeuvre, et je lui ai répondu que j'en avais une qui n'avait jamais été exécutée et que j'écrirais un mouvement vif pour en faire une brève sonate en deux mouvements, une sorte de demi-commande. Comme le second mouvement avait l' « ambition » de devenir un mouvement de sonate, je l'ai écrit en forme sonate. C'est une pièce virtuose dans mon style plus tardif ; elle est plus proche de Bartók, et plus difficile que le premier mouvement. Les deux mouvements vont-il ensemble? Je ne peux pas en juger. Je l'espère.

Mais avant que le pièce ne puisse être jouée, et avant que je puisse recevoir ne serait-ce qu'une modeste rémunération, la Sonate devait être acceptée par l'Union des Compositeurs, en l'occurence par un homme qui s'est révélé être membre du KGB. J'avais besoin d'argent, car je n'avais qu'un petit poste à l'Académie de musique de Budapest et j'étais compositeur indépendant. Si j'avais été exclus de l'Union, c'est un travail physique qui m'aurait été imposé.

Vera Dénes apprit la Sonate et la joua pour le commité. On nous refusa l'autorisation de publier l'oeuvre ou de la donner en public, mais on nous permit de l'enregistrer pour une émission de radio. Elle en fit donc un excellent enregistrement pour la radio hongroise, mais il ne fut jamais diffisé. Le commité décida qu'elle était trop « moderne », en raison du second mouvement... » György Ligeti.

E. Bertrand (HM M 911699)M. Haimowitz (DG 431 813-2)



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