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« C'est par son aptitude à construire un ensemble logique au moyen de la seule fantaisie que le talent de M. Debussy me semble incomparable. » Paul Dukas.


Debussy, extraits de la correspondance.

A Henri Gauthier-Villars, alias Willy l'auteur des fameuses chroniques de l'ouvreuse...

« Jeudi 10 octobre 1895 - Le Prélude à l'après-midi d'un faune ? cher Monsieur, c'est peut-être ce qui est resté de rêve au fond de la flûte du faune ? Plus précisément c'est l'impression générale du poème, car à le suivre de plus près, la musique s'essouflerait ainsi qu'un cheval de fiacre courant pour le Grand prix avec un pur-sang. C'est aussi le dédain de cette « science de castors » qui alourdit nos plus fiers cerveaux ; puis ! C'est sans respect pour le ton ! Et plutôt dans un mode qui essaye de contenir toutes les nuances, ce qui est très logiquement démontrable.

Maintenant cela suit tout de même le mouvement ascendant du poème, et c'est le décor merveilleusement décrit au texte, avec en plus l'humanité qu'apportent trente-deux violonistes levés de trop bonne heure ! La fin, c'est le dernier vers prolongé :

Couple adieu, je vais voir ce que tu deviens.

Je m'aperçois que le souci de répondre à votre lettre si gentiment pressante va me priver de tout que vous pouvier dire sans moi et je veux nullement attenter à votre liberté. [...] »

Debussy en 1894 (cliquez pour agrandir)
Debussy en 1894

« Ma musique doit miroiter. » Debussy à Pierre Monteux.

D'abord réticent, puis enthousiaste, Mallarmé adressa au musicien un bref quatrain de remerciement en guise de dédicace. Debussy précise dans une lettre de 1910 au musicologue Georges Jean-Aubry.

« 25 mars 1910 - [...] Ce que vous me demandez au sujet de l'impression de Malarmé sur la musique du Prélude à l'après-midi d'un faune est très loin dans mon souvenir...

J'habitais à cette époque un petit appartement meublé rue de Londres. Le papier qui revêtait les murs représentait, par une singulière fantaisie, le portrait de Monsieur Carnot entouré de petits oiseaux ! On ne peut se figurer ce que la contemplation d'une pareille chose peut amener ? Le besoin de ne jamais être chez soi, --en autres.

Mallarmé vint chez moi l'air fatidique et orné d'un plaid écossais. Après avoir écouté, il resta silencieux pendant un long moment, et me dit : « je ne m'attendais pas à quelque chose de pareil ! Cette musique prolonge l'émotion de mon poème et en situe le décor plus passionnément que la couleur. »

Et voici les vers qu'inscrivit Mallarmé sur un exemplaire de L'Après-midi d'un faune qu'il m'envoya après la première exécution :

« Sylvain d'haleine première 
Si la flûte a réussi,
Ouïs toute la lumière
Qu'y soufflera Debussy ».

C'est, pour qui veut bien, un document de premier ordre !

En tout cas, c'est ce que j'ai de mieux comme souvenir de cette époque, où l'on ne m'agaçait pas encore avec le « debussisme ».

Debussy chez les Chauson (Cliquez pour agrandir)
Debussy chez les Chausson en 1893

« De pareilles pièces sont amusantes à écrire, mais nullement à entendre ! » Critique du Figaro.

Pierre Boulez, Nouvelle Revue Française, décembre 1956.

« Ouïs toute la lumière
Qu'y soufflera Debussy...

Détournons ces vers de leur sens restreint au Prélude : nous aurons la plus saisissante prononciation du rôle de Debussy dans la musique de son temps. Peut-être ce point de vue reste-t-il lié à des considérations extra-musicale ; à quoi bon s'en porter garant ! On ne saurait cependant passer sous silence que l'un des moteurs de Debussy fut Mallarmé --hors symbolisme --et que certaines acquisitions vertigineuses du poète n'ont encore été rejointes. Nous ne pouvons oublier que le temps de Debussy est également celui de Cézanne dont l'envergure se mesure encore avec prudence --hors impresionnisme. Devrons-nous, pour ces raisons, établir un fait Debussy-Cézanne-Mallarmé à la racine de toute modernité ? N'était le caractère légèrement autarcique de l'entreprise, on y recourrait volontiers. Depuis ces trois illustres, d'autres illustres sont apparus, qui ont bouleversé de façon plus voyante. »

Debussy, Prélude à l'Après-midi d'un faune (début du manuscrit)
Un extrait de la partition manuscrite (agrandir)

« T'ai-je parlé d'une oeuvre d'orchestre exécutée ici ? L'Après-midi d'un faune, de Debussy ? Musique extravagante, mais très pleine de talent, et qui m'est dix fois plus sympathique que le plum-pudding des jeunes Allemands. » E. Grieg.

Balets, 1911 Vaslav Nijinski

Décors et des costumes du décorateur russe Léon Bakst (Grodno, Belarus 10 mai 1866- Paris 27 décembre 1924).

http://www.rollins.edu/Foreign_Lang/Russian/bakst.html

http://www.aaronartprints.com/bakst.html

photos :

http://tvm.tigtail.org/TVM/L_View/B/European/a.%20pre%20WW%20I/european-a.html#Bakst

Le chef n'était autre que Pierre Monteux. 

timbre Debussy (1939)
Timbre Claude Debussy, 1939


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