Mise à jour : 30 avril 2003

Discographie Beethoven
Sonate opus 111



B

Backhaus [1], ø 1937 - Dante 

«Celui qui va frapper un vrai coup face à l'esthétique Schnabel, c'est Wilhelm Backhaus en 1937. N'imaginez pas que vous entendrez ici un vieux sage. Backhaus (né en 1884) a pratiquement le même âge que Schnabel (né en 1882), mais il joue l'Opus 111 comme un chien fou. Chez lui aussi le premier mouvement est tumultueux, mais parfaitement tenu, d'une logique imperturbable, d'une maîtrise hallucinante. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Backhaus préfigure le grand coup de poing d'Yves Nat. Mais le premier mouvement est 'parfait', le pari esthétique du second est très osé. Loin du calme olympien de Schnabel, sûr de la quête de la sérénité, Backhaus bouscule la tranquillité de l'énoncé dès les premières notes. Tout le mouvement est bâti sur une quête de la lumière, mais tendue, arquée, impatiente (en 12'56, à comparer aux 17'40 de Schnabel, 19'40 d'Arrau et... 26'54 du gagman Ugorski). Le pianiste bouscule les certitudes. C'est osé, fou. Mais on remarquera à quel point , à ce tempo la variation 3 ('jazz') s'intègre naturellement au reste et amène dans le flot musical le basculement d'ambiance qui mène à la quatrième variation. Une version de complément fascinante.» (C. Huss, Répertoire n° 135, mai 2000)

Backhaus [2], ø Concert New York, Carnegie-Hall, 1954 Decca / Philips « Grands pianistes XXe siècle »

«Le concert de 1954, capté par Decca [...] se situe parfaitement entre les cires "coup de poing" de 1937 et l'enregistrement studio de 1961. » (C. Huss, Répertoire n° 135, mai 2000)

Backhaus [3], ø [mono] Concert 1960 - Aura / Ermitage (+ Arrau en 1963 et Badura-Skoda en 1987)
8/7 Rép. n° 88

« D'entre les lives de 1964 chez As Disc handicapé par de nombreuses fausses notes, et celui de 1960 (Ermitage), c'est ce dernier qui s'impose, même si une certaine confusion n'est pas exempte non plus de ce récital animé d'un esprit de défi, puis d'une certaine fantaisie dans l'Arietta, dansante, qui se fera de plus en plus grave et même douloureuse.» (C. Huss, Répertoire n° 135 p. 31 - mai 2000)

Backhaus [4], ø 1961 - Decca
Durées : I. 8'11 - II. 13'00

«Les ultimes feux des grands anciens nous vaudront une très belle version réalisée dans le cadre de l'intégrale Backhaus-Decca ? En 1961, le pianiste n'a pas renié sa version de 1937 ; son engagement solide, son autorité va à l'essentiel. Beethoven est là dans toute sa grandeur. Mais dans un caractère proche, Nat [1954] nous semble aller plus loin, plus soucieux des détails. Backhaus suit son inspiration comme si rien ne devait l'embarrasser, ou plutôt laisse la partition le guider. L'Arietta se veut toujours légère, même dans la gravité, et choisit la joie pour répondre à sa vitalité. Original et remarquable.»  (C. Huss, Répertoire n° 136, juin 2000)

Backhaus [5], ø Concert 1964 - As Disc

Backhaus [6], ø Concert juin 1966 - Orfeo 4 011790 530123

Un article en allemand de Matthias Kornemann.

Badura-Skoda [1], ø Concert 1961

Badura-Skoda [2], ø 1980 - Astrée [AS 49 - LP]
Instrument : piano-forte Conrad Graf, Vienne c. 1824

« Je retrouve intactes les qualités de ferveur, de simplcité et d'intelligence [des précédentes sonates]. Tout au plus, ai-je senti une certaine nervosité, voire brusquerie (variations de la 32e Sonate) qui me gêne un peu bien qu'elles soient potentiellement prétésente dans l'écriture. » (Alain Lomplech, Diapason n° 255 - novembre 1980)

Badura-Skoda [3], ø Concert 1987 -

Barenboïm [1], ø 1966 - Emi (intégrale) 

Barenboïm [2], ø 1983 - DG
7 Rép. n° 2  et 8 pour l'intégrale Rép. n° 130 p. 29

« Ce qui frappe [...] c'est la beauté de la sonorité, sa clarté, son évidence, sans pathos, parfaitement servies par l'enregistrement. [...] Barenboïm prend le temps de respirer pour arriver à la sublime Ariette finale de l'opus 111, dans une murmure dont la retenue éloquente fait penser à celui qui reste un des plus grands dans ce répertoire : Kempff.» (Yves Bourgade, Répertoire n° 50)

 «Le second enregistrement, [au contraire du son du piano de l'enregistrement EMI de la première intégrale de Barenboïm] (DG, 1983) est exceptionnel de concentration, de suspense. Un véritable cérémonial se déroule, titanesque, parfaitement structuré. Le répit avant la coda de I est sublime, la fin du mouvement en lévitation enchaîne sur une Arietta qui ressemble à une prière, sorte de Bach relu par Bruckner, où chaque note est une conquête.  Tout ce que loupe Ugorski tient ici (en 20'27, Barenboïm est l'un des plus lents dans II), car le pianiste habite la lenteur avec des accents douloureux (la 3e variation est totalement déjazzée), pour une vision abyssale, qui gagne haut la main une confrontation directe avec un piniste de la tempe de Kempff. Grosse surprise !» (C. Huss, Répertoire n° 136, juin 2000)

Bingham, John, ø 1999 (+ Variations Eroïca et Fantaisie op. 77) - Meridian

Binns, ø 1977 - Oiseau-Lyre [LP]

Premier enregistrement disponible sur pianoforte.

Brendel [1], ø 1957 - Vox
9/6 Rép. 71

« Conséquente, aérée, avec des rythmes et silences clairs et nets, le premier mouvement suit la trajectoire avec une assurance juvénile [Brendel à 26 ans] et sans la moindre hésitation. L'Arietta s'enchaîne avec la même détermination légère, comme si l'intelligence de Brendel s'effaçait dernière la clarté lumineuse de la partition. Refus d'éclat, intensité progressive, plénitude de la sonorité : cette interprétation garde une unité exceptionnelle et nous révèle un Brendel surprenant. » (C. Huss, Répertoire n° 136, juin 2000)

Brendel [2], ø septembre 1970 - Philips ("Duo" Sonates 27 à 32) 
Durées : I . 9'01 - II. 17'19
8/8 Rép. n° 61

«Dès 1971, Alfred Brendel change d'optique par rapport à 1957 : il y a plus de recherche dans cette lecture attentive à souligner les contrastes du premier mouvement, qu'étouffe quelque peu une sonorité trop lourde. Cette recherche paradoxalement la banalise. L'Arietta évolue dans une atmosphère mystérieuse, un peu brumeuse, et semble désabusé. Suivent des protestations bien beethovenienne, une sagesse revenue et des émerveillements. L'engagement, alors, s'intériorise et se pasionne. Cette nouvelle voie est approfondie dans le petit chef-d'oeuvre de 1995... [lire le paragraphe Brendel, 1995]» (C. Huss, Répertoire n° 136, juin 2000)

Brendel [3], ø 1995 - Philips 
9/9 Rép. 95 / Diap. d'or n° 430

« La sonorité plus grasse n'est pas seulement liée à l'enregistrement. Chaque note chante, habité. Assurée, calmement, l'Arietta prend son rythme et l'impose, l'appuie. La subtilité de la pédale iradie les notes hautes, les basses, les trilles... Jeux de lumières et d'ombres, échocs et reflets, évolution admirable de l'engagement, cette interprétation vraiment fascinante est l'aboutissement d'une recherche.»  (C. Huss, Répertoire n° 136, juin 2000)

« [L'Opus 111] commence avec une sérénité à laquelle Alfred Brendel ne nous avait pas habitué dans cette oeuvre, comme s'il souhaitait prouver que les conflits intérieurs du premier mouvement n'avaient pas besoin d'être accentués pour se résoudre d'eux-mêmes. Ce n'est qu'au moment du miracle de l'Arietta et des variations, qui se gonflent de son et d'émotion de façon parfaitement exponentielle jusqu'aux fameux trilles conclusifs, que l'on saisit que ce disque est le produit de toute une vie aux côté des sonates de Beethoven. » (Etienne Moreau, Diapason n° 430, octobre 1996, p. 92) 

Buchbinder, ø 1981 (+ Sonates n° 30 & 31) - Teldec



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