Mise à jour : 01 mai 2003
en ré mineur - Wab 109
« Si purement musicien qu'il fut, si éloigné de toute association d'idées qu'apparût, chez lui, le flot symphonique issu des sources élémentaires de la musique, Bruckner n'en demande pas moins une disposition d'âme particulière pour être compris et aimé. » Bruno Walter.
A
Abbado, ø Concert
1996 Philharmonique de Vienne - DG 471 032-2
5 Rép. n° 150 / 3* Monde n° 258 / 3 Classica n° 36
« Il manque à cette très bonne exécution de concert un véritable élan unificateur, et les accents impressionnants à la première écoute, sont parfois plus bruyants qu'habiles. » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 258 p. 76 - octobre 2001)
« [Claudio Abbado] déçoit avec cette Symphonie n° 9 relativement terne et qui laisse un arrière-goût d'inachevé. En effet, le chef italien fait ressortir de superbes détails, notamment dans les vents et les altos, mais sa vision n'arrive pas à être « habitée ». L'admirable perfection des cordes, le polissage lissé des cuivres n'y changent rien. [...] L'orchestre tourne à plein régime mais à vide dans un Scherzo piqué et bondissant. L'émotion, la tendresse, le mystère sont absent, y compris dans le finale concentré sur la seule quête de perfection. » (Pierre Massé, Classica n° 36 p. 63 - octobre 2001)
Abendroth, ø Leipzig, Salle des Congrès,
29 octobre 1951 O. Radio Leipzig - Berlin Classics 2050-2 & coffret
90030
Durées : I - 23'24 - II. 8'58 - III. 21'34 = 54'07 [Vers.
Nowak ?]
8/4 Rép. n° 78 / 4Y Diap. n° 413 / 4f TRM n° 2354
« Abendroth illustre avec le Radio-Symphonique de Leipzig la tendance furieuse et emportée de l'interprétation brucknérienne. Son orchestre n'est pas du même niveau que son illustre rival berlinois, mais il est fermement empoigné par ce chef mythique, aujourd'hui un peu oublié, qui impose une vision directe, tranchante, impérieuse. Les tempos sont très vifs, la respiration est assez resserrée, mais elle porte en elle une avancée irrésistible, presque beethovénienne, où la densité et la rugosité des timbres sont au service de la hargne dynamique, parfois rageuse, avec des cuivres féroces. Cette conception intraitable trouve son paroxysme dans le Scherzo mené à un train d'enfer, d'une noirceur épouvantable, qui évoque une sorte de transe motrice. Un Bruckner décapant et original [...]. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 14)
« Avec cette gravure de la 9e Symphonie de Bruckner, compositeur qu'il a servi avec constance, l'approche d'Abendroth [1883-1956] montre bien sa spécificité. Le premier mouvement est a la fois puissamment architecturé et très lyrique, les cordes en particulier chantant avec beaucoup de chaleur. Le Scherzo est pris, comme son Trio dans un tempo d'enfer (que l'orchestre a d'ailleurs bien du mal à suivre), sans équivalent dans la discographie. Abendroth dirige aussi l'Adagio rapidement, comme le faisaient de nombreux chefs de sa génération (Schuricht, Walter ou Knappertsbusch notamment), mettant plus en valeur la tension harmonique et un certain expressionnisme que la dimension « métaphysique » de j'adieu à la vie sur lequel insistent davantage les chefs comme Furtwängler ou Jochum, incontestablement plus émouvants. La comparaison avec Furtwängler (à mon sens nettement à l'avantage de ce dernier) montre bien les différences, du moins dans cette oeuvre, entre ces deux chefs qu'on a pourtant souvent rapprochés [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 413 p. 102)
Albrecht, ø
Prague, 31 janvier 1994 P. tchèque - Canyon Classics
Durées : I. 25'50 - II. 9'50 - III. 24'44 = 60'30 [Vers. Nowak]
3/5 Rép. n° 79 / 3Y Diap. n° 416 / 2* Monde n° 187
« L'interprétation d'Albrecht se révèle de bonne facture : équilibrée et mesurée dans le choix de tempos judicieusement contrastés (à la fois amples mais sans lourdeur dans les mouvements extrêmes et nerveux dans le Scherzo), elle est de plus impeccable dans sa mise en place, avec des timbres et des phrasés soignés, et n'appelle pas, tout comme d'ailleurs celle de sa 8e, de reproches majeurs. Albrecht sait en particulier toujours garder la maîtrise absolue du flux orchestral. Mais c'est là sans doute que résident les limites d'une interprétation un peu froide, qui à aucun moment ne nous empoigne comme celles des Hausegger, Furtwängler ou Jochum jadis, Wand ou Giulini plus près de nous. Cette nouvelle gravure enrichit donc la discographie mais ne la bouleverse pas, Albrecht semblant demeurer un peu trop réservé, voire trop peu personnel, dans son approche des oeuvres du maître de Saint-Florian. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 416)
« Il manque à cette bonne exécution un élan unificateur véritable, et les accents, impressionnants à la première écoute, sont parfois plus bruyant qu'habités. » (Patrick Szersnovicz, Monde de la Musique n° 187)
Adler, ø mai 1952
Philharmonique de Vienne - Spa Records
[LP]
Durées : I. 13'31 - II. 10'22 - III. 25'55 = 49'48 [Vers. Ferdinand
Löwe,1903]
Asahina [1], ø
Kobe, 22 avril 1976 P. Osaka - ?
[Vers. Nowak]
Asahina [2], ø
4 juin 1976 New Japan P. - JVC
[Vers. Nowak]
Asahina [3], ø
4 juin 1980 P. Osaka - JVC (LP)
Durées : I. 27'18 - II. 10'40 - III. 28'10 = 66'08 [Vers. Nowak]
Asahina [4], ø
Concert 16 mars 1991 OS. Tokyo - Pony Canyon
Durées : I. 25'34 - II. 11'08 - III. 22'48 = 59'30 [Vers. Nowak]
Asahina [5], ø
Concert 10 septembre 1993 OS. Metrop. Tokyo -
Fontec
Durées : I. 26'21 - II. 11'39 - III. 25'49 = 64'04 [Vers. Nowak]
Asahina [6], ø
23 avril 1995 P. Osaka - Pony Canyon
Durées : I. 26'50 - II. 11'41 - III. 24'32 = 63'20 [Vers. Nowak]
Asahina [7], ø
13 avril 1996 OS. Tokyo - Pony Canyon
Durées : I. 28'01 - II. 11'52 - III. 26'15 = 66'28 [Vers. Nowak]
B
Barbirolli, ø [mono] Concert
29 juillet 1966 Hallé O. (+7e Mahler) - BBC Legends
[Vers. Nowak]
5Y Diap. n° 473
« L'exitation de l'affiche se transforme vite en franche rigolade (ou en coup de sang si on a payé cher) lorsqu'on entend l'inénarable capharnaüm orchestral dans lequel l'orchestre de Manchester se noie irrémédiablement. Ca promettait d'être exitant : c'est pathétique. » (Ch. Huss, Répertoire n° 141)
« Son approche de la 9e étonne par sa rapidité, son caractère assez extérieur, voire théâtrale (le sommet du premier grand crescesdo), qu'accentue la discontinuité du premier mouvement que soulignent les longue césures. Barbirolli, qui déclarait aimer Bruckner parce que sa noblesse lui rappelait celle d'Elgar, ne semble pas avoir entretenu avec le compositeur les mêmes affinités qu'avec Mahler [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 473)
Barenboim [1], ø Concert 1971 O. Paris - ?
Barenboim [2], ø
mai 1975 OS. de Chicago - DG [2530
639 - LP]
Durées : I. 24'06 - II. 11'05 - III. 25'25 = 60'36 [Vers. Nowak]
4Y Diap n° 266 & 399 (intégrale) & 209
« En bon disciple d'Otto Klemperer, Barenboim emprunte à ce maître un côté appuyé qui ne laisse pas de gêner dans le Scherzo : celui-ci devient davantage une danse bavaroise en gros sabots qu'un gouffre dantesque où toutes les âmes du purgatoire virevoltent à la recherche d'une impossible issue. L'Adagio heureusement permet de remonter vers des cieux plus rayonnants, et retrouve un état de grâce en accord avec sa signification. » (P-G. Langevin, Diapason n° 209 - septembre 1976)
Barenboim [3], ø Concert
octobre 1990 OP.
Berlin - Teldec
Durées : I. 23'23 - II. 10'29 - III. 27'17 = 63'29 [Vers. Nowak]
7/9 Rép. n° 40 (intégrale : 8/7 Rép. n° 64)
« Dans le premier mouvement, [l]a direction [de Barenboim] manque du misterioso que Bruckner prend soin de réclamer. Cela provient sans doute de pianissimos insuffisamment travaillés et impalpables, privant ainsi l'auditeur de ce sentiment de suspension dans le temps et l'espace qui est ici si nécessaire. Mais la beauté des cuivres berlinois, leur puissance et leur grain, ainsi que la parfaite maîtrise des crescendos sont à saluer comme une démonstration de première force. Dans le Scherzo, on reprochera à Barenboim un certain manque de mordant, accentué par des cuivres plus préoccupés de beau son que de l'agressivité adéquate. Le trio manque aussi de légèreté et d'aération et n'est pas idéalement intégré à l'ensemble du mouvement. Heureusement la reprise du premier thème est plus mordante donc meilleure. Le sublime Adagio enfin présente les mêmes défauts et qualités que le premier mouvement. On aurait aimé plus de subtilité dans l'utilisation des pauses et des silences : là encore les cuivres sont splendides mais jouent trop à découvert. L'alchimie des couleurs et la fusion des timbres auraient pu être plus poussés. Au total cette version est malgré tout admirable en tant que démonstration sonore de la pâte unique de la Philharmonie de Berlin. Barenboim, plus esthète que mystique, wagnérise un peu l'ensemble à la manière de Karajan 1976 mais cela s'écoute avec beaucoup de plaisir sensuel. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 40)
van Beinum, ø ?
O. Concertgebouw - Radio Hollandaise [LP]
Durée : III. 29'20 [seul mouvement enregistré] [Vers. Nowak]
van Beinum, ø 17-19 septembre 1956 O. Concertgebouw
- Philips 442 731-2 / 464 950-2 [6530 058 / A 00390L / L 09011L - LP]
Durées : I. 22'26 - II. 9'53 - III. 26'28 = 58'58 [Vers. Nowak]
10/5 Rép. n° 88 / Choc du Monde n° 196 /
« Les lectures de Beinum frappent par leur lucidité distanciée, élevant l'objectivité au rang de canon esthétique. La démarche, scrutatrice, paraît davantage orientée vers l'exploration minutieuse des plus infimes secrets des partitions que vers la restitutions de leur contenu émotionnel. Ce Bruckner-ci a beaucoup plus les pieds sur terre que la tête dans les nuages : point de métaphysique, mais d'éminantes qualités d'assise, de densité, de rusticité, éliminant tout effet facile, comme toute tentation de virtuosité, de sensualité, tout vertige ontologique (c'est à cet égard l'anti-Giulini, Bernstein, Furtwängler, Karajan), au profit d'un équilibre, rarissime dans cette musique, entre grandeur et humilité. L'approche, marquée par une radicale sévérité d'accents, privilégie clarté, rapidité, tranchant, nervosité, pour exalter un dynamisme constant, un élan, une 'avancée' qui se nourrissent d'un survoltage permanent du mouvement, qui devient la composante principale d'un discours préservant avec une implacable logique et une maîtrise architecturale transcendante, l'évidence des liens structurels à travers le galbe et la projection 'horizontale' de la courbe mélodique, Bruckner échappe ici à tout statisme pour acquérir une motricité presque géométrique, une respiration d'une étonnante souplesse, fondée sur la constante tension dialectique entre organicité et rigeur. Peu fidèle aux indications textuelles de Bruckner, le tempo fluctue constamment, au gré de subtiles pulsation émotionnelles, recréant totalement l'agogique, sans tomber toutefois jamais menacer l'unité de façade ou l'évidence structurelle. La Neuvième s'impose avec autant d'évidence et de singularité [que la 8e] dans un paysage discographique des plus encombrés [...]. Beinum y cultive une précision radiographique, une ardeur ramassé, terrible, une agressivité extrème de l'énoncé, polarisé en percées irrésistible, avec un scherzo fabuleux de légèreté, d'équilibre entre gaité (franche, et très éloignée des habituels bouillonnements dantesques) et menace, et un trio divin, presque mendelssohnien, d'allure (legerissime) et d'ironie ludique. Le mouvement lent, impitoyablement décanté de toute sève, progresse par paliers implacables jusqu'à une fin incandescente, dans un climat de rigueur expressive et de transparence absolues. Ces approches modernistes, dédramatisées, hyperconcentrées, où Bruckner apparaît spectaculairement débarrassé de toute emprisewagnérienne (il y serait plutôt... stravinskien!) s'inscrivent pour les deux oeuvres au sommet comme en marge de la discographie à laquelle elles approtent un éclairage d'une totale actualité et d'une radicale originalité. » (Pascal Brissaud, Répertoire n° 88 p. 33)
« Sobre, ascétique même et d'une extraordinaire homogénéité de style, Eduard van Beinum (1901-1959) enregistré il y a quarante ans trouvait naturellement la respiration exacte, l'équilibre architectonique et la dynamique correspondant aux splendeurs de l'écriture des Huitième et Neuvième Symphonies. Par la sévère plénitude de ses teintes orchestrales - admirable Concertgebouw ! -, par sa fidélité à l'esprit comme à la lettre [...] et par son refus de toute expressivité superflue, Van Beinum se révèle l'égal des plus grands et émouvants brucknériens de l'Histoire - Furtwängler, Jochum, Boehm, GiulinI. et son style âpre, parfois d'une incroyable violence mais débarrassé de toute emphase et de la moindre lourdeur d'accent, joue pleinement en faveur de l'essence organique du discours [...]. La Neuvième Symphonie [... est] tout simplement bouleversante, électrisante et offre une unité, une intensité hautement spiritualiste et visionnaire que n'ont sans doute atteintes que Furtwängler en 1944, Jochum en 1965 et Karajan en 1966. » (P. Szersnovicz, Monde la Musique n° 196)
Bernstein [1], ø 4 février
1969 P. New
York - Sony
Durées : I. 25'02 - II. 11'35 - III. 24'36 = 61'26 [Vers. Nowak]
6/6 Rép. n° 48 p. 102
« [C'] est l'exemple type de l'interprétation subjective. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 14)
Bernstein, ø
Concert 1990 ? Philharmonique de Vienne - Vidéo Unitel (idem [2] ?)
[Vers. Nowak]
Bernstein [2], ø Concert
Vienne, février & mars 1990 Philharmonique de Vienne - DG
Durées : I. 26'58 - II. 12'14 - III. 26'56 = 66'08 [Vers. Nowak]
Son : Hans-Peter Schweigmann
8/7 Rép. n° 45 (et 10 disco comparée n° 50) / 2d Compact
n° 73
« A la tête d'une Philharmonie de Vienne galvanisée et d'une splendeur sonore digne réputation, Bernstein fait preuve d'affinités profondes avec cette page. Sa 9e est une sorte de synthèse, avec des tempos proches de ceux de Karajan (DG, 1966) et des accents qui rappellent Giulini (DG). Après un premier mouvement très construit et appliqué à éclairer toutes les symétries d'architecture, peut-être plus « Feierlich » que « Misterioso », le Scherzo est abordé de façon plutôt musclée mais sans lourdeur, grâce à la magie intact des cuivres viennois. Le trio est d'une grande poésie. Seul le Finale provoque chez nous une légère réticence, car Bernstein joue trop uniformément de la sensualité là où l'on aimerait plus de rigueur ascétique et d'élévation spirituelle. Minimes réserve en regard des vertue de cette splendide version de l'ultime symphonie de Bruckner [...]. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 45)
« Bernstein [...] à la tête d'une Philharmonique de Vienne superlative -- en concert ! --, réussit une interprétation originale et très personnelle, digne des plus grands enregistrements de la fin de sa vie. Il y a des intuitions fulgurantes, en particulier dans l'imagination des coloris des bois et des cuivres, dans la fébrilité souvent magique et enivrante des cordes, dans la force tranchante des attaques et la richesse harmonique des accords dans les tutti (les chorals de cuivres sont de toute beauté). Quelques ralentissements expressifs typiques de la dernière manière de Lenny et un Scherzo très modéré (c'est le plus lent de la discographie [excepté Celibidache 1981]), mais d'une imposante violence, peuvent surprendre, mais l'Adagio final est vraiment déchirant (les premières mesures) et fouillé aux tréfonds de l'âme. Une transfiguration qui renouvelle l'approche de Bruckner. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 16)
« Comment se résout le binôme Bruckner/Bernstein ? D'un côté un mystique à la fois bon enfant et sublime, une naïveté qui va pousser le compositeur jusqu'à dédier son oeuvre « Au Bon Dieu ». De l'autre côté, un être vif argent, moins sensible aux secrets de l'âme qu'à certains effets orchestraux - où « de mèche », surtout lorsque le public est derière lui, ce qui est le cas ici. D'où ces clins d'oeil, ces grands fracas instrumentaux, ces accélérations ou retards subits qui, certes, dynamisent la symphonie, mais lui enlèvent aussi de la profondeur et une bonne part de la prière que Bruckner y avait mise... [...]. Un disque assez ambigu, qui semble s'adresser davantage aux fans de Lenny plus qu'aux admirateurs du « Petit paysan d'Ansfelden »... » (Jean Gallois, Compact n° 73)
Blomstedt, ø
6 & 8 janvier 1995 O. Gewandhaus Leipzig - Decca
Durées : I. 24'45 - II. 10'07 - III. 25'18 = 60'10 [Vers. Nowak]
Boulez, ø Concert Salzbourg, 29 juillet 2001 Philharmonique de Vienne - [Pour l'instant, inédit]
C
Cantieri,
ø ? South German P. - Point Classics 265010-2
Durées : I. 24'25 - II. 9'37 III. 24'37 = 58'50 [Vers. Nowak]
Certainement un pseudonyme... Alfred Scholz ?
Celibidache [1],
ø Concert 2 mai 1969 O. RAI Turin - Hunt-Arkadia
445.1 / Classica Musica CLDSMH 34045
Durées : I. 24'14 - II. 11'27 - III. 23'06 = 58'47 [Vers. Nowak]
Celibidache [2], ø Concert
5 avril 1974 OS. Radio Stuttgart - DG 445 471-2 (+ 7,
8e & 5e Schubert et répétitions des 7 & 8) / Arlecchino
14 (mono et daté de 1961) [Rococo 2130 (mono) - LP]
Durées : I. 24'24 - II. 11'11 - III. 23'43 = 59'18 [Vers. Nowak]
8 Rép. n° 137 / 4Y Diap. n° 472
« Le raffinement prodigieux des interprétations tardives de Celibidache se révélait à peine moins accompli quinze ans auparavant [cf. 1961]. La tension interne, la conduite inexorable des lignes ou encore la fascinante mise en espace sont bien au rendez-vous, avec ici un sentiment de ravissement mystique un peu moins marqué, une exacerbation du détail un peu moins présente. Mais si la beauté ineffable, le souffle démesuré et la plongée visionnaire des parcours ultimes demeurent admirables, force est de reconnaître que les tempos pratiqués à Stuttgart confèrent cette fois une perspective plus directement expressive aux contrastes comme au chant, lesquels (re)deviennent des éléments strictement musicaux, organiques et non les emblèmes d'une philosophie qui se voudrait « supérieure »... [...] La Neuvième, qui deviendra accablement solennel aux arêtes émoussées, [...] vibre à Stuttgart d'une pulsation certes pas inexorable (pour cela, voir chez Abendroth [1951] ou Georg Ludwig Jochum [1954]!) mais du moins plausible. Reste que, très belle, cette lecture ne peut tout à fait rivaliser avec les réussites aussi magistrales mais mieux restituées et sans doute plus intensément vécues de Wand, Jochum, Giulini ou Bernstein. » (Gérard Belvire, Répertoire n° 137)
Celibidache [3], ø Concert 4 octobre 1981 P. Munich - Audior 511-12 / Meteor MCD 038
Celibidache [4],
ø Concert 8 novembre 1981 P. Munich - Exclusive
92T23/24
Durées : I. 27'27 - II. 12'12 - III. 26'52 = 66'36 [Vers. Nowak]
Celibidache
[5], ø Concert 21
mars 1986 P. Munich - En Larmes 02-206 / Audior 520-1 [Audior 607/10 - LP]
Durées : I. 27'10 - II. 12'58 - III. 25'37 = 66'00
Celibidache [6], ø Concert
10 septembre 1995 P. Munich - Emi 5 56699 2
Durées : I. 32'26 - II. 13'47 - III. 30'37 = 76'50 [Vers. Nowak]
Avec les répétitions des 4-7 septembre
1995.
6 Rép. n° 117 / Diap n° 452
« Il faut insister sur la perception très particulière que peut avoir l'auditeur d'une 9e étalée sur près de 77', faisant passer les pourtant lentissimes Giulini/Vienne (68' [1988]) ou Bernstein/Vienne (66' [1990]) pour des chefs futiles qui courent la poste ! N'évoquons même pas Abendroth (54' [1951]) ou Georg Ludwig Jochum (51' [1954])... Dès le motif pointé des cors assoupis [...], le I « Feierlich, misterioso ») annonce en guise de mystère solennelle parcours d'un voyageur accablé. Certes le premier thème énoncé fortissimo possède une vraie puissance, certes le second offre un balancement au tendre lyrisme, mais tout cela manque de vitalité : Celibidache installe minutieusement le décor du rite qui va s'accomplir. Bien entendu, tout le développement est magnifiquement détaillé, privé d'arêtes, de flux et de reflux, mais d'une stature incontestable. On croit impossible de défendre un Scherzo [...] ainsi décomposé, dénervé comme un film qui serait projeté au ralenti. Mais une fois de plus, la réécoute « à nu », c'est à dire sans comparaison avec d'autres versions, fait ressortir autant de points positifs que de négatifs. C'est également le cas de l'adagio, battu à la croche alors qu'il s'agit d'un 4/4, dans un tempo qui étouffe la vibration naturelle des blocs sonores jetés les uns contre les autres et que Celibidache, lui, fond en une somptueuse euphonie : oui le choral des cors écoule sa vague majestueuse, mais ce n'est certes pas de lave qu'il s'agit. » (Gérard Belvire, Répertoire n° 117)
Chailly, ø 17-18 juin 1996 O. Royal Concertgebouw
- Decca
Durées : I - 24'44 II - 10'41 III - 27'22 = 62'47 [Vers. Nowak]
4 Rép. n° 134 / 5 Classica n° 21
« Chailly nous avait jusqu'à présent agréablement surpris dans ses précédents enregistrements brucknériens avec le Concertgebouw. [...] Or, ici, c'est la déception. A l'image de ses symphonies de Brahms dévitalisées et onctueuses. Chailly rate passablement l'interprétation de cette partition écrasante entre toutes. Enregistrée en 1996, cette version annoncée au catalogue international Decca dès 1998 n'est diffusée en France que maintenant... peut-être n'est-ce pas un hasard. En effet cette interprétation inhabitée, sans ligne directrice ni inspiration mystique, ne tient pas quelques mesures face à la concurrence [...] Le drame avec Chailly c'est précisément qu'il n'y a jamais de drame. La comparaison avec son prédécesseur à la tête du même orchestre est de ce point de vue édifiante. Là où Haitink tendait les arches dans une vision d'un hiératisme brûlant, avec des cuivres exaltés (la coda du I et son martèlement tétanisant), Chailly lisse les phrasés dans une pâte orchestrale inerte et globalisante. Cette absence de tension sur les flux et d'âpreté sur les harmonies, cette insuffisance de différenciation des agrégats sonores, des tempos, des timbres et des masses dynamiques confère au premier mouvement un statisme très linéaire et pour tout dire peu catastrophique. Le scherzo pris dans un bon tempo est déjà plus animé, mais il souffre lui aussi d'un manque de sauvagerie démoniaque. Le sublime Final enfin, ni misterioso ni solennel, mais totalement neutre, sans profondeur abyssale, est encore plus décevant, si possible. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 134)
« Dès les première mesures, le chef italien parvient au coeur expressif et émotionnel de cette musique. Servi par la magnificence de l'Orchestre du Royal Concertgebouw, il témoigne d'un sens de la construction évident et choisit les tempi et les articulations justes. » (J-N. Coucoureux, Classica n° 21)
D
Davis,
ø Concert, 22 février 2002
LSO - LSO Live 0023
Durées : I. 28'33 - II. 11'04 - III. 25'43 65'30
1 Rép. n° 164
« Voilà [...] un orchestre et un chef qui éditent à leur propre gloire un enregistrement qui les ridiculisent, tant sur le plan du concert esthétique que de sa réalisation : les cafouillages et hésitations des cordes sont légion et la cohérence de l'orchestre en termes d'intonation (les bois !) est fréquemment douteuse (cf. le Finale). [...] On se reportera à la seconde section du trio dans le deuxième mouvement (plage 2, 5'15 à 5'48) : tout y est affligeant. Ailleurs, la structure de l'oeuvre s'émiette dans une exécusion parfois pathétique : écoutez la section 13'55 à 20'40 du premier mouvement, vous y trouverez du grain à moudre... » (Ch. Huss, Répertoire n° 164 - janvier 2003)
Delman, ø avril
1994 O. S. dell'Emilia Romagna "Arturo Toscanini" - Aura 425 (ex. Ermitage
423)
Durées : I. 27'21 - II. 11'20 - III. 20'58 = 59'41 [Vers. Nowak]
Dohnanyi, ø
octobre 1988 O. Cleveland - Decca 466 339-2 / 425 405-2
Durées : I. 22'06 - II. 9'46 - III. 25'59 = 57'57 [Vers. Nowak]
Son : Colin Moorfoot
7/9 rép. n° 16 / 2Y Diap. n° 351 / 4d Compact n° 43
« [Ce disque peut se définir ainsi :] urgence du tempo, souci de ne pas traîner et d'éviter le risque de perdre la cohérence du discours et volonté d'assurer une animation constante. Le résultat est assez convaincant et rappelle un peu le style de Jochum par ses imperceptibles accelerandos venant appuyer les montées dynamiques. Le Scherzo constitue le meilleur de ce disque avec un Trio à la fois très contrasté et subtilement intégré à l'ensemble du mouvement. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 16)
« Le premier mouvement est le moins convaincant : l'introduction, pourtant marquée « misterioso », est exposée dans une trop grande clarté et justement dépourvue de mystère ; l'accélération quasi systématique du tempo dans les grands crescendos entraîne une instabilité nuisible au développement harmonieux, tandis que, de ce fait, les sommets d'intensité perdent de leur impact. La très grande rapidité du Scherzo, bénéficiant d'une mise en place impecable [...] donne a ce passage un relief plus satisfaisant, même s'il est possible de le rendre encore plus terrifiant [...]. L'Adagio révèle une imposante construction, mais d'une grande froideur. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 351 - juillet 1989)
« [Cet enregistrement est ] d'abord sur le plan technique, remarquable de lisibilité [...] Ce qui met bien en valeur la dynamique imprimé par le chef, passant des pianissimos les plus ténus aux plus vigoureux fortissimos. A la tête d'un orchestre flanbloyant, où chaque instrumentiste est un virtuose, Dohnanyi fouille en effet la partition, la sculpte avec amour, lui confère une dimension exceptionnelle. Dans le Scherzo [...], il oppose grands élans orchestraux et moments d'intimité, donnant au thème du trio, un caractère superbement, romantiquement « fantastique ». Quant à la l'Adagio final, il trouve sa plénitude dans les cordes qu'épaulent magnifiquement les vents. [...] Il y a une vision, d'une richesse éclatante : une version dont il faudra désormais se souvenir avec soin. » (Jean Gallois, Compact n° 43)
E
Eichhorn, ø Linz, 13-15 avril 1992 et 16-17
février 1993 (IV) Bruckner O. Linz - Camerata 30CM275-6 (coffret 12 CD)
Durées : I. 26'18 - II. 11'17 - III. 24'56 - IV. 30'11 = 1 h 32'47
[Finale Samale, Mazzuca, Phillips et Cohrs]
Eschenbach,
ø Concert 3 mai 2002
OS. NDR - Sounds Supreme 2S-062
Durées : I. 27'54 - II. 10'50 - III. 26'49 = 65'45
F
Furtwängler, ø Concert
Berlin, 7 octobre 1944 OP.
Berlin - DG / Music & Arts / Grammofono 2000...
Durées : I. 23'22 - II. 9'61 - III. 25'06 = 57'55 [Vers. Alfred Orel,
1932]
10/3 Rép. 52 & 71 Recommandé n° 119 (Grammofono) / Diap.
Historique n° 388 & 412
« Furtwängler imprime à la Philharmonie de Berlin des tensions dynamiques et des accélérations vertigineuses. Son sens de l'urgence et de la catastrophe imminente est sans cesse propulsé par des tempos contrastés et des scansions abruptes. Les cuivres de Berlin ont des couleurs menaçantes qui confèrent à son interprétation une atmosphère dramatique violente. La coda du I est réellement inspirée par le souffle visionnaire de Furt[wängler] et le Scherzo, un des plus vifs de la discographie, fascine par le sentiment d'oppression terrifiante qu'il suscite. Cette expérience musicale unique débouche sur un Adagio d'une grandeur et d'une noblesse surhumaines. Malgré la prise de son (une mono convenable malgré tout) et quelques fluctuations sur l'orchestre assez secoué par cette force ravageuse, il s'agit là d'un des plus grands disque brucknériens, jamais réalisés [...] » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 14)
« Lorsque Wilhelm Furtwängler dirigea son premier concert à l'âge de vingt ans, à Munich, le programme qu'il choisit était le suivant : de Beethoven, « La consécration de la maison », de Furtwängler lui-même un adagio d'une symphonie qu'il ne termina jamais, et la 9e symphonie de Bruckner. En dehors de ce que ce programme peut avoir de symbolique, il indique clairement la prédilection de Furtwängler pour Bruckner. Trente ans plus tard, devenu le président de l'Association allemande des amis d'Anton Bruckner, Furtwängler attestait : « L'oeuvre de Bruckner a été associée à toute ma carrière artistique ». L'analyse de l'art de Bruckner que fit Furtwängler à l'occasion d'un concert de cette association est, en vingt pages, l'une des meilleures que l'on ait jamais consacrées au compositeur [lire une citation]. [...] Dans le remarquable essai de Furtwängler, le témoignage d'une compréhension profonde qui explique une interprétation aujourd'hui encore non surpassée [...]. » (Gérard Gefen, Furtwängler, une Biographie par le disque. Belfond, 1986.)
Les anglicistes, ne doivent pas manquer de lire les
pages que consacre Neil Tingley aux enregistrements de Furtwängler.
www.thump.org
G
Gergiev,
ø Concert 12 octobre
1999 P. Rotterdam - En Larmes 01-126
Durées : I. - 25'13 - II. 10'38 - III. 25'52 = 61'45
Gielen, ø Baden-Baden,
Hans Rosbaud studio, décembre 1993 OS. Radio Southwest German -
Emi 71682 2 / 5 65177 2 / 60110-2 / Intercord 860.926
Durées : I. 22'27 - II. 11'19 - III. 24'45 = 58'31 [Vers. Nowak]
Giulini [1], ø
2 décembre 1976 OS Chicago - Emi 5 65177 2 [HMV ASD 3382 / Angel S-37287
/ 069-02885 - LP]
Durées : I. 25'06 - II. 10'58 - III. 26'39 = 62'43 [Vers. Nowak]
8/8 Rép. n° 70 / 3Y Diap. n° 226 / 4* Monde n° 178
« Giulini, dans son premier enregistrement, avec un somptueux Chicago Symphony, bâtit son interprétation sur la densité et la masse dynamique de la pâte orchestrale. D'allure majestueuse et processionnelle, cette lecture, un rien trop maîtrisée dans l'explosion des tutti, est d'une rigueur altière (la coda du I est écrasante). La conduite très serrée des dynamiques, la tenue implacable des plans, la continuité un peu compacte du mélisme donnent des climats parfois étouffants, voire oppressants, ce que rehausse la prise de son qui manque souvent d'aération. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 16)
« Le mysticisme avec lequel Giulini aborde aujourd'hui les grandes pages postromantiques est le fruit d'une lente maturation perceptible dans ses enregistrements des années 70. Dans cette admirable et méconnue 9e de Bruckner on retrouve les ingrédients qui porteront sa version viennoise (DG [1988]) aux sommets de la discographie, en premier lieu cette tension organique et ce travail en profondeur de la pâte sonore, qui lui permettent d'ineffables lenteurs sans jamais paraître statique. Pas encore portée à son paroxysme visionnaire, la lecture de Giulini à Chicago [...] se différencie par des tempos plus soutenus bien que plus retenus que chez ses confrères, et par la couleur plus claire et brillante de l'orchestre. Les bois sont d'une grande expressivité poétique et les cuivres sonnent avec un grain et une texture admirable. En fait ceux qui éprouvent quelque difficulté à s'immerger dans l'ascétisme absolu de Giulini avec les Wiener Philharmoniker, trouveront ici les clés d'accès à l'univers du chef sans devoir faire appel à un effort de concentration trop important. Le choix se fera donc entre la version Chicago d'un abord plus facile pour les bruckneriens novices, et la version Vienne encore plus aboutie et personnelle mais qui ne livre ses secrets qu'à l'auditeur qui s'investit. De toute manière Giulini est quasiment incontournable dans cette page essentielle [...]. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 70)
« [Giulini,] bien que venu tard à Bruckner (et pour cette raison même, il y apporte une maturité infiniment précieuse, qui s'affirme nettement mieux ici que dans sa précédente Seconde [...]. La vision qui nous est offerte ici se signale avant tout par un niveau de réflexion fort remarquable, compte tenu de l'expérieunce relativement réduite de Giulini en tant que chef Brucknérien. Car venir à Bruckner après une carrière consacrée aux oeuvres et aux style les plus antinomiques n'est pas une mince affaire ni un faible mérite, surtout s'agissant de la Neuvième [...]. Giulini s'y révèle à la fois analytique et inspiré : la largeur de sa respiration (c'est l'une des versions lentes [...] ne nuit pas aux contrastes dynamiques, mais leur permet au contraire, notamment au Scherzo, de se déployer avec une violence inaccoutumée. les » (Paul-Gilbert Langevin, Diapason n° 226 - mars 1978)
« Tout dans cette interprétation, y compris le Scherzo, avec ses pizzicatti des cordes étonnamment dosés, participe d'une sorte de quête épurée, maintenant au travers d'énormes vagues d'énergie une impression de force surnaturelle et de fixité motrice. Giulini construit une Neuvième linéaire, aux tempos souvent retenus, où l'équilibre spatiotemporel semble stabilisé par une fusion parfois suffocante entre horizontalité et verticalité. » (Patrick Szersnovicz, Monde de la Musique n° 178)
Giulini [2], ø Concert,
Vienne, Musikverein, juin 1988 Philharmonique de Vienne - DG 427 345-2
Durées : I. 28'02 - II. 10'39 - III. 29'30 = 68'30 [Vers. Nowak]
Son : Klaus Hiemann
10/9 Rép. n° 16 / Diap. d'or n° 351 / Référence
de Compact n° 44 / 4f TRM juin 1989
« En lisant le minutage indiqué sur la pochette du disque de
Giulini, je m'attendais au pire tant il dirige lentement aujourd'hui. Pourtant
je suis sorti de cette écoute écrasé et enivré.
Peut-on imaginer une 9e de Bruckner plus grandiose, plus mystique et habitée
? Mais attention, pour livrer l'intégralité de ses sortilèges,
cet enregistrement nécessite une concentration totale de la part de
l'auditeur. L'extrême largeur du tempo, la respiratlon qu'insuffle Giulini
en pétrissant lentement et avec une tension maximale la pâte
orchestrale, construit un climat d'un ascétisme suffocant tout en ménageant
le plaisir d'une beauté plastique ineffable.
Les Wiener Philharmoniker sont visiblement en osmose totale avec la vision
extraterrestre de leur chef, et produisent une sonorité d'une densité
fabuleuse, sans jamais donner le sentiment de la moindre lourdeur. Pour ceux
qui connaissent la 9e que Giulini enregistra à Chicago en 197[6]
(Emi), nous dirons qu'ici il est allé jusqu'au bout de ses options
d'alors. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 16)
« Disons-le d'emblée : le résultat est bouleversant. La vision de Giulini frappe immédiatement par son ampleur exeptionnelle ; jamais, en effet, le premier et le troisième mouvements n'avaient atteint pareille dimension (sauf sans doute sous la baguette de Celibidache [...] ). Les conflits tianesque qui parcourent l'immense mouvement initial sont poussés à leur paroxysme, tandis que les épisodes lyriques, si difficiles à chanter, sont rendus, avec une étonnante beauté. les grands crescendos se déploient avec une dynamique inouïe, l'ampleur du tempo permettant de faire resortir tous les contrechants, et l'architecture pourtant complexe de cette page apparaissant d'une évidente clarté. Par un saisissant contraste, le Scherzo, très rapide, est d'une alacrité et d'une brutalité étonantes. [...] La noblesse des phrasés et la hauteur de la conception font de cette page [l'Adagio « final »], intensément habitée, devient réellement le plus émouvent des « adieux » à la vie qui se puisse imaginer. [...] A mon sens, la plus belle version de toute l'histoire du disque. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 351 - juillet 1989)
« D'une version à l'autre, la pensée a encore mûrie. Ceci se traduit par un allongement de certains des tempos [...]. Or cet allongement semble justement coïncider encore mieux avec le «temps brucknérien». Ici plus rien de l'urgence émotionnelle de naguère, mais, bien mieux, un dramatisme hypertendu nous mettant par degrés successifs aux confins de la terre et du ciel. Retour sur la planète des humains avec le Scherzo, ou les pizzicatos affichent une lueur grimaçante ; où la mélodie redevient terriblement terrienne, s'arrêtant au bord du gouffre qu'elle contemple et qui l'attire (écoutez le chant enjôleur du hautbois !...) Alors, montent les sublimes accents de l'Adagio, parés d'une lenteur fatidique, nourris d'une gravité émouvante, rayonnants de haute spiritualité. Un seul mot, vraiment peu caractériser cette version : superbe. » (Jean Gallois, Compact n° 44)
Giulini
[3], ø Concert, Vienne,
Musikverein, 11 juin 1988 Philharmonique de Vienne - Sardana SACD 135 / Re Discover
RED 21
Durées : I. 28'23 - II. 10'46 - III. 30'03 = 69'15
Giulini
[4], ø Concert, 19
septembre 1996 OS. Radio Stuttgart - Toshiba/Emi TOLW 3771/72 (Laserdisc,
avec répétitions)
Durées : I. 26'02 - II. 10'53 - III. 25'05 = 62'30
Güller, ø
Concert, 24 septembre 1989 Junge Suddeutsch P.
- Digital Meisterwerks 71814
Durées : I. 27'55 - II. 11'45 - III. 28'05 = 67'45 [Vers. Nowak]
H
Haenchen, ø
Concert, février 1990 Netherlands P. -
Laserlight 14138
Durées : I. 24'30 - II. 10'00 - III. 23'43 = 58'13 [Vers. Nowak]
Haitink [1], ø
20-23 décembre 1965 O. Concertgebouw - Philips [6725 014 (+ 8e)
- LP]
Durées : I. 23'16 - II. 11'15 - III. 24'53 = 59'24 [Vers. Nowak]
Diap. n° 180 (intégrale)
Haitink [2], ø
11-12 novembre 1981 O. Concertgebouw - Philips [6725 014 - LP plus 8e]
Durées : I. 25'11 - II. 10'51 - III. 26'28 = 62'30 (LP : 59'02) [Vers.
Nowak]
9/9 Rép. n° 50 / 4Y Diap. n° 277
« Haitink, qui avait après Jochum enregistré de 1964 à 1973 la deuxième intégrale brucknérienne, [9e en 1965 ...] est aujourd'hui un des très grands chefs brucknéniens vivants. Le Concertgebouw avec lequel il a réenregistré en digital les trois dernières symphonies est d'une grande beauté hiératique, à la tradition brucknérienne affirmce. [...] Cette gravure [...] respecte avec un soin raffiné les différenciations des timbres, les équilibres instrumentaux entre les cordes, bois et cuivres - les bois notamment sont animés par un extraordinaire cantabile --, les balances dynamiques, la continuité de la respiration, le naturel des tempos. Sous cet aspect il s'agit d'une des lectures les plus parfaites qui soient. Il se dégage une spiritualité d'une grande richesse et une sérénité lumineuse, apaisée, dans l'Adagio, étayée sur la souplesse prodigieuse de l'orchestre. La modestie de l'acte de foi -- Haitink joue cet Adagio comme une prière avec ses doutes, ses angoises, ses supplications --, le naturel des intonations, la probité des phrasés jamais appuyés ou recherchés débouchent sur une vision extatique, où le temps est suspendu (ultimes mesures du III). Autre moment recréateur génial, la coda du I, la plus sensationnelle, où ressortent dans un balancement rythmique envoûtant des timbales implacables et prophétiques. Un Bruckner rare. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 16)
« Saluons donc au moins dans cette Neuvième, une vision très pure et décanté, merveilleusement ouvragée dans son détail, dans des tempos modérés accusant les contrastes dynamiques mais, finalement, peut-être encore un rien trop sage pour emporter l'auditeur dans le gouffre béant qui s'ouvre à chaque page et notamment dans le terrifiant Scherzo ou à la fin de l'Adagio. » (P-G. Langevin, Diapason n° 277 - novembre 1982)
Haitink
[3], ø Concert Berlin
12 décembre 1989 Orchestre Philharmonique de Berlin - Lucky Ball CDR 0028
Durées : I. 25'11 - II. 10'11 - III. 26'55 = 62'15
Haitink
[4], ø Concert 30
novembre 2001 OS. Radio Bavaroise - En Larmes 02 183
Durées : I. 25'26 - II. 11'33 - III. 25'17 = 62'20
Hauschild,
ø juillet 1991 P. Essen -
Durées : I. 23'26 - II. 10'47 - III. 22'55 = 57'08
Hausegger, ø Berlin, 26 mars 1938 P. Munich
- Preiser 90148 / Emi (coffret)
Durées : I. 23'30 - II. 8'57 - III. 22'32 = 55'05 [Vers. Hausegger]
8/3 Rép. n° 66 & 98 / Diap. d'or n° 399
Cette symphonie utilisait 14 faces de 78 tours !
« Le texte [de la plaquette] de Léopold Nowak écrit en 1951 situe bien l'importance historique de Hausegger, pionnier (en 1932) du retour à la partition originale de la 9e, ignorant les surcharges de [Ferdinand] Löwe et devenant ainsi le premier d'une longue lignée de chefs. Hausegger ouvrit la voie à l'interprétation brucknerienne moderne. [...] Hausegger joue davantage sur la ligne et la phrase que sur les masses sonores et caractérise parfaitement les changements rythmiques et dynamiques. Certes, le 1er mouvement n'apporte pas réellement un éclairage « nouveau », mais l'accélération post-introductive, cultivée par Furtwängler, semble être une idée de Hausegger et les équilibres orchestraux dans la préparation de la coda sont idéaux. La véritable « dimension supérieure », nous l'abordons à partir du 2e mouvement, nerveux et sec et dans un « Finale » d'une beauté étreignante, avec une simplicité (voire une austérité) de moyens confondante. Pour ces deux mouvements-là, les collectionneurs brucknériens ne voudront pas manquer cet hommage majeur. [...] » (Christophe Huss, Répertoire n° 66)
« Cette gravure est [...] un témoignage passionnant sur un immense artiste aujourd'hui quelque peu oublié. Siegmund von Hausegger (1872-1948) fut en effet un compositeur estimable [...] et un chef d'orchestre que ce disque révèle de premier plan. En effet, sa gravure possède une grandeur indéniable mais aussi une fascinante souplesse et une ductilité dans les passages lyriques qui n'ont que peu d'équivalents. Les tempos sont allant sourtout comparée avec ceux de certaines prestations rescentes, mais la construction toujours d'une grande clarté. Enfin Hausegger s'appuis sur sa propre réalisation de l'oeuvre, antérieur aux éditions Orel et de Nowak, qui met en évidence, particulièrement dans l'Adagio, la filiation schubertienne de l'écriture de Bruckner. Nul admirateur de Bruckner ne saurait dorénavent ignorer cette gravure. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 399)
Horenstein [1], ø Vienne c. 1953 OS.
Vienne [Pro Musica] - Vox Legends CDX 25508 (+ 1e Mahler) / Tuxedo Music
TUXCD 1059 [Vox PL8040 / Turnabout TV 34356 / Orbis CX-10060 - LP]
Durées : I. 21'40 - II. 9'52 - III. 20'50 = 52'28 [Vers. Nowak]
7 Rép. n° 32 & 8/5 Répertoire n° 70 / 3Y Diap. n°
369 & 4Y n° 407
« Horenstein [...] est inspiré de bout en bout, avec des tempos dans l'ensemble assez rapides, mais très équilibrés et un sens authentique de la grandeur brucknérienne (son Scherzo est magnifique). Haletante et fiévreuse dans I, cette lecture culmine dans l'Adagio déchiré, profondément lyrique. Une tres belle interprétation malheureusement handicapée par la prise de son mono qui empêche l'aéralion de la mise en perspective. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
« La 9e de Bruckner possède une force de concentration magnifique. Le Bruckner de Horenstein, naturel et puissant se situe à mille lieu des gravures léchés de Karajan ou autres hédonistes. Ses tempos rapides paraissent immédiatement justes, la rusticité du propos n'élude jamais la grandeur et l'«Adagio» final est éminemment touchant. L'orchestre n'est certes pas impériale et la prise de son pas idéale pour un tel monument, mais le coffret en tant que tel représente [...] ce qu'on peut trouver de mieux pour apprehender l'art de ce chef, dont les visions interprétative sont trop souvent desservies par des orchestres inadéquats [...]. » (Ch. Huss, Répertoire n° 70 p. 56)
« Il faut [accueillir cet enregistrement] comme un témoignage et non comme une référence. La prise de son trahit son âge, l'orchestre est d'une virtuosité limité, mais la direction d'Horenstein a gardé son efficacité : très rapide, voire violente, elle dynamise la partition de façon spectaculaire. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 369 p. 108 - mars 1991)
Horenstein [2], ø Concert
2 décembre 1970 SO. BBC Northern (+ 8e)
- BBC "Legends" BBCL 40172 / Music & Arts MACD 781 / Intaglio
7091
Durées : I. 24'51 - II. 10'30 - III. 24'25 = 59'46 [Vers. Nowak]
7 Rép. n° 126 p. 67 / 5Y Diap. n° 460 & 384
« Le son stabilisé et nourri ( [...] une belle stéréo) des Symphonies n° 8 et 9 de Bruckner par Horenstein, nous fait comprendre pourquoi ces interprétations de 1970 sont « légendaires » outre-Manche, chose qui ne sautait pas aux yeux à l'écoute des éditions Inta'glio et Music and Arts. Certes, il faut rester pragmatique : dans le même couplage exactement, les gravures historiques de Jochum (DG [1954 et 8e de 1949]) sont absolument prioritaires, car plus « folles », plus mouvantes mais aussi plus chargées spirituellement. Le Bruckner de Horenstein est véritablement granitique, d'une puissance de pénétration émotionnelle très forte par la seule intransigeance et concentration. Sur cette trame, Horenstein opère un jeu tantôt subtil tantôt exacerbé sur les coloris de cuivres : les trompettes sont plus à vif qu'à l'ordinaire, mais tous les équilibres avec trombones et cors sont à souligner. Partout c'est la marque d'un grand brucknerien qui s'impose [...]. » (Ch. Huss, Répertoire n° 126 p. 67)
« Plus encore que ces gravures viennoises, un peu sèches, [ces archives] révèlent un formidable chef brucknerien alliant sens de la grande forme et soucis du détail, clarté de la polyphonie et noblesse des phrasés, dégageant ainsi la grandiose architecture de ces deux chefs-d'oeuvres ; malgré les limites des orchestres londonniens ces deux enregistrements [la 8e est sur le même coffret] méritent assurément de figurer parmi les grandes versions [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 460)
Hornsteiner,
ø Concert Passau,
3 juillet 1992 OS. Radio Ljubljana - Symicon CD 109 (+ Te Deum)
Durées : I. 26'05 - II. 10'51 - III. 24'35 = 61'35
I
Inbal, ø oct. 1987 & 13 sept. 1986 (finale)
O. Radio Frankfort - Teldec 420324 / 243175 / 843302 (p 1987 - sans final)
Durées : I. 23'05 - II. 10'24 - III. 23'41 - VI. 20'44 = 77'54 [Vers.
Nowak, plus le Finale Samale/Mazzuca]
5 Rép. n° 3 / 3Y Diap. n° 333 / 4d Compact n° 40
« [Cette version] déçoit quelque peu. [...] Tout reste un peu léger, sans que le chef trouve le souffle nécessaire pour animer cette immence construction. Le Feierlich inital paraît construit comme une juxtaposition de moments, avec pour seul corollaire quelque chose de haché (le statisme pointe son nez) dans son déroulement. Les attaques de cuivres -- moins ample que ceux de Berlin ou de Dresde -- sont parfois trop douces et insuffisamment ancrées dans l'orchestre. [...] Le Scherzo [...] n'a plus véritablement son rôle d'exutoire après l'immence coda qui conclue le premier mouvement. Les pizzicatos des cordes restent assez « blancs » [...]. L'Adagio est le meilleur moment de cette interprétation, le déploiement orchestrale s'y faisant plus régulier et continu, avec un tension mieux canalisée et soutenue. [...] Inbal est de toute façon trop fin bucknérien pour ne pas nous donner d'ici quelques années une gravure plus achevée que celle d'aujourd'hui. » (Remy Louis, Diapason n° 333 décembre 1987)
« La reconstitution choisie par Inbal est moins flambloyante et extravertie (plus proche du compositeur ?) que celle qui complète la Symphonie n° 9 par Yoav Talmi [1985] mais ce dernier joue aussi sur son disque les esquisses laissées par Bruckner. Seul votre goût personnel permettra de choisir entre ces deux « reconstructions ». [... Eliahu Inbal] fait sienne cette partition magnifique tout en respectant scrupuleusement les moindres intention de l'auteur. Son message est très émouvant. Il nous rend avec infiniment de souplesse et de dignité les multiples hésitations d'un compositeur semblant avancer comme un aveugle, illuminé de sa seule lumière... et celle « du Bon Dieu » [...]. » (Jean Gallois, Compact n° 40)
J
Jochum [1], ø Munich 22-23 & 27-28 novembre
1954 OS.
Radio Bavaroise (+ 8e, 1949) - DG 449 758-2
Durées : I - 22'08 - II. 9'45 - III. 27'09 = 59'02 [Vers. Nowak]
10/3-4 répertoire n° 106
« Tout le monde avait oublié la 9e gravée par Jochum un jour de novembre 1954 à Munich : quelle erreur ! Ce n'est pas un choc, c'est un tremblement de terre. Un seul exemple parmi mille autres : l'enchaînement cors-clarinette, puis l'explosion cuivrée de la coda de I est à mettre dans toutes les annales de la musique enregistrée. La raucité des accents, les ruptures idéalement gérées, le souffle immence n'ont pas d'équivalent. C'est la vie, comme nulle part ailleurs. » (Ch. Huss, Répertoire n° 106)
« L'enregistrement mono de la Neuvième Symphonie fut réalisé [...] du 22 au 28 novembre 1954, dans la Residenz-Saal de Munich, avec « 97 messieurs » [...] de l'Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, dont la maîtrise et la sensibilité (ainsi que la respiration collective) allaient inspirer au chef des Bruckner flamboyants, au concert et au disque, jusque dans ses dernières années.
On n'a pas oublié le cycle des neuf symphonies enregistré en stéréo pour DGG dans les années 60, dans lequel cet orchestre se surpassa, insufflant une pureté éclatante et une intensité lumineuse jusque dans les tréfonds les plus obscurs de la mystique orchestrale de Bruckner. Cette Neuvième de Munich est donc chronologiquement un premier pas vers le Jochum de la maturité ; cependant, elle nous révèle déjà dans les détails, et à travers le merveilleux panorama de ses métamorphoses thématiques, un chef connaissant et maîtrisant parfaitement son Bruckner, un musicien auquel un destin bienveillant permit de reprendre sur terre le flambeau allumé par le compositeur. (Peter Cossé, livret du disque DG - Trad. Jean-Claude Poyet)
Jochum [2], ø Berlin, Jesus-Christus-Kirche
1-5 décembre 1964 OP.
Berlin - DG
Durées : I. 23'12 - II. 9'44 - III. 27'40 = 60'47 [Vers. Nowak]
Son : K. Scheibe
9/6 Rép. n° 19 (intégrale) / Diapason d'or n° 355 (intégrale)
& n° 362 / Référence Compact n° 47 (pour cette Symphonie)
« Pour la 9e [...] on n'hésitera pas à placer Jochum au plus haut niveau. [...] Grandiose et mystique, elle allie le sens de l'au-delà et du charnel dans une ampleur de respiration qui la rend plus facile d'accès que celle de Giulini [1988]. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 19)
« A l'Automne 1967 DG publiait un gros coffret de onze disques consacrés à la première intégrale des Symphonies de Bruckner par Eugen Jochum. A cette époque, le musicien était encore fort peu connu en France. Aussi, fort prudent, l'éditeur avait-il prévu un tirage limité à 200 exemplaires : il faut épuiséen un mois. Il fallut donc procéder d'urgence à une seconde édition... Et aujourd'hui, Bruckner est devenu l'un des best-sellers dans notre pays [...]. Dans la Symphonie n° 9 enregistré en 197[8], et depuis sa première gravure [il s'agit en fait de la seconde, puisqu'il y a la première version mono de 1954] réalisée dix ans plus tôt, Jochum a modifié sensiblement sa vision devenue un peu moins contemplative. Les deux premiers mouvements s'y font désormais plus dramatique. Mais le sublime Adagio nous entraîne vers l'Au-delà, abolissant le Temps et l'Espace qui nous séparent. C'est tout simplment sublime. » (Jean Gallois, Compact n° 47)
Jochum [3], ø Berlin, 1967 - Palexa (a paraître)
Jochum [4], ø 16 janvier 1978 O. Staatskapelle
Dresde - Emi [C 063-43 197 - LP]
Durées : I. 22'58 - II. 9'49 - III. 27'39 = 60'43 [Vers. Nowak]
Son : Claus Strüben
8/7 Rép. n° 30 & 74 (brefs) / 5Y Diap n° 274, 366 &
410 / Choc Monde n° 182 / 3d Compact n° 58
Jochum est dans sa 76-ème année lorsqu'il
enregistre cette symphonie.
« Jochum, sans doute le plus grand brucknérien du siècle, ne renouvelle pas complètement la réussite de son premier coup de maître en 1965 [...]. Certes la Staatskapelle de Dresde est d'une subtilité et d'une transparence confondantes, et la mise en place est d'une grande précision. L'ampleur des phrasés, le sens des grandes orbes architecturales, la maîtrise des fluctuations dans les mouvements dynamiques, le dosage des gradations de tempos, la tension et la justesse des colorations aux cuivres donnent à cette interprétation une dimension impressionnante. Simplement la spiritualité mystique de sa première gravure est ici moins accentuée du fait d'une plus grande agressivité des cuivres et d'une plus grande objectivité de t'orchestre, moins chaleureux, surtout sur les graves. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
« Bien sûr, Jochum reste ici un très grand interprète de cette musique, par l'ampleur du phrasé, le sens inné de l'architecture et la maîtrise de la dynamique. On y retrouve également cet art inimitable de la fluctuation contrôlé du tempo, qui donne une urgence toute particulière aux gradations sonores. Mais on n'y trouvera pas la fraîcheur d'antan, la simplicité évidente de l'articulation, mêm si instrumentalement la perfection semble encore plus achevée. [...] La 9e est très semblable à celle de DG [1964], c'est dire au plus haut niveau, faisant preuve d'une chaleur humaine insurpassée. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 30)
« La 9e [est] inconstablement l'un des sommets du cycle, digne de sa gravure berlinoise de 1964. L'interprétation de Jochum n'a guère variée en quatorze ans, mais elle reste aussi inspirée et saisissante, d'autant que Dresde y fait jeu égal avec Berlin, digne sans aucun doute de figurer parmi les références [...]. » Jean-Claude Hulot, Diapason n° 410)
« Dans son troisième et ultime enregistrement, avec Dresde, Jochum s'appuie plus encore sur une souplesse extrème de l'articulation et du dessin mélodique ne déséquilibrant jamais la forme générale. Son sens du melos est d'une rayonnante spiritualité, sa stabilité rythmique est mue par une force souterraine et motrice remarquable, ses phrasés sont d'une beauté majeure. Respirant amplement - l'Adagio, beaucoup plus large qu'à l'habitude - il offre une plasticité de phrasé exemplaire tout en adoptant pour les deux premiers mouvements des tempos étonnamment rapides. Plongeant l'auditeur dans un climat à la fois fébrile et d'un mystère inégalable, cette vision impétueuse mais d'une violence contrôlée impressionnante bénéficie d'une Staatskapelle âpre, veloutée et granitique. » (Patrick Szersnovicz, Monde de la Musique n° 182)
Jochum [5], ø
Concert 1987 P. Munich - Meteor
Durées : I. 24'12 - II. 10'53 - III. 27'33 = 62'38 [Vers. Nowak]
Le dernier concert de Jochum avec cet orchestre, il a
85 ans !
Jochum, Georg, ø 9 mars 1954 RIAS - Tahra
162-170
Durées : I. 19'57 - II. 10'03 - III. 21'17 = 51'27 [Vers. Nowak]
Diap. Historique n° 429 (intégrale avec Eugen J.)
« La famille Jochum avait donné trois frères à la musique : Otto (1898-1969) le compositeur, Eugen (1902-1987) et Georg-Ludwig (1909-1970) les chefs d'orchestre. Si la notoriété et la longévité de l'aîné de ces deux derniers ont éclipsé le talent du cadet, celui-ci n'en demeure pas moins essentiel. Tous deux disciples du grand Siegmund von Hausegger, artisan inspiré du renouveau brucknérien des années 30 par son action en faveur des partitions originales, ils partageaient une affinité profonde avec les oeuvres du maître de Saint-Florian. Si les deux intégrales gravées par Eugen ainsi que ses nombreuses gravures isolées ont rendu abondamment compte de ses interprétations, en revanche Georg-Ludwig n'était connu que par le souvenir de microsillons introuvables des 2e et 6e Symphonies (Urania). [...] L'éditeur a retrouvé des bandes sauf erreur inédites des 1ere, 3e, 5e et 9e, qui forment un portrait très révélateur de l'art de Georg-Ludwig, réhabilitant ainsi ce grand chef discret et trop tôt disparu. Sa direction se caractérise par des tempos rapides, le respect des textes [...], et un sens inné de la construction [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 429)
A propos du son de cet enregistrement, posté sur RMCR.
K
Kabasta, ø Concert,
radio 1943 P. Munich - Lys LYS 419-424 / Music & Arts
Durées : I. 21'54 - II. 8'49 - III. 22'36 = 53'19 [Vers. Alfred Orel,
1932]
Diap d'or n° 456 p. 91
« [Cette interprétation] frappe [...] par la rapidité des tempos, notamment dans un Scherzo insensé (mais orchestralement maîtrisé), mais y gagne une fluidité et une ductilité des lignes qu'elle partage avec la 7e [...]. Très différentes des interprétations actuelles, ces gravures montrent une conception de Bruckner beaucoup plus vivante et dynamique que contemplative, à mille lieues de ce que Celibidache osera avec le même orchestre cinquante ans plus tard. En dépit d'une qualité sonore médiocre, ces gravures sont donc passionnantes qui nous révèlent un chef en pleine possession de son art, et une personnalité incontestablement hors norme [...]. (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 440)
« Ce chef autrichien né en 1896 est surtout connu pour ses interprétations bruckneriennes ( [... Kabasta] appelait la 8e de Bruckner « ma symphonie » [il n'en existe pas d'enregistrement hélas]) et ses accointances avec le parti Nazi à Munich. Répudié après la guerre, Kabasta se donna la mort en 1946, ne se sentant pas la force d'attendre le retour en grâce dont bénéficièrent d'autres chefs dès la fin des années quarante.
Un commentateur a dit de Kabasta qu'il alliait la rigueur allemande et l'ouverture d'esprit autrichienne. Ici, la rigueur semble dominer. C'est assez naturel quand on songe à la tenue orchestrale nécessaire à soutenir des tempos très mordants et à cet abord musical jouant de l'accentuation comme d'un levier interprétatif majeur. Mais dans ces oeuvres archi fréquentées au disque encore faut-il justifier une parution historique par une originalité. Ce regard particulier, on le trouve davantage dans Bruckner et Schubert que dans l'Héroïque [...].
Le sens de Kabasta pour la gestion des flux et embardées nous vaut un Bruckner qui de nos jours sonne de manière assez originale, mais ne l'est au fond, historiquement pas tant que cela : les élargissements en matière de tempos bruckneriens sont une invention assez récente ! On trouvera donc ici un « Scherzo » sauvage, comme celui de Georg-Ludwig Jochum [1954] (Tahra), une force inéluctable dans le mouvement, mais jamais cet « au-delà » que nous fait entrevoir, dans les passages lents notamment, Furtwängler dans son enregistrement contemporain [1944]. C'est ça la différence entre le talent et le génie. » (Christophe Huss, Répertoire n° 105)
Karajan [1], ø
15-19 mars 1966 Orchestre Philharmonique de Berlin - DG
Durées : I. 24'45 - II. 9'58 - III. 25'12 = 59'55 [Vers. Nowak]
9/6 Rép. n° 37 / Diapason n° 372
« Disons sans détour qu'il s'agit d'un des plus grands disques brucknériens de Karajan, considérablement supérieur à sa version de 197[5], par la profondeur de l'inspiration et la science de l'architecture. La tension organique du premier mouvement est exemplaire, ainsi que l'équilibre rythmique du Scherzo et l'intégration parfaitement naturelle de son trio. Le Finale enfin, d'une beauté ineffable dans la construction et le contrôle des gradations dynamiques. Dix ans plus tard, Karajan nous livrera un enregistrement peut-être plus parfait dans sa réalisation sonore, mais avec un édonisme wagnerisant plus discutable. Moins dyonisiaque et fiévreux que Jochum (DG [1954 ou 1964]), moins abstraitement mystique que Giulini (DG [1988]), cette version par son ampleur et la densité de la pâte sonore, se situe au premier plan, à l'égal de ses deux grandes rivales. Tout brucknérien devra se résoudre à posséder les trois. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 37)
Karajan [2], ø
Concert 22 janvier 1970 Orchestre Philharmonique de Berlin - Arkadia CDGI 722.1 & Hunt
Durées : I. 24'31 - II. 10'19 - III. 26'18 = 61'08 [Vers. Nowak]
3Y Diapason n° 407
« [Ces enregistrements de concerts] ne peuvent apporter aucune révélation quant à la conception qu'avait Karajan de ces symphonies. Très proches musicalement des gravures de studios, elles ne s'en distinguent essentiellement que par la médiocrité des prises de son, particulièrement inacceptable lorsqu'il s'agit d'enregistrements des années 60 [...] » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 407 p. 122)
Karajan [3], ø 13-16 septembre 1975 Orchestre Philharmonique de Berlin - DG [2530 828 - LP]
Durées : I. 24'42 - II. 10'34 - III. 25'46 = 61'02 [Vers. Nowak]
Son : Gunter Hermanns
8 Rép. n° 50 (comparatif) / 4Y Diap. n° 217 / 3d Compact n°
55 (intégrale) & n° 12 (9e seule)
« Dans sa deuxième gravure (1975), la plus discutée parce que souvent qualifiée de « wagnérisante », [Karajan] réalise son idéal esthétique. Le tissu orchestral, d'un grand raffinement, qui s'appuie sur des cordes omniprésentes, a tendance à arrondir les angles et à fondre par un legato très prononcé les pupitres en une seule coulée. Cela nous vaut un Bruckner moins contrasté et moins fouillé harmoniquement, plus contemplatif et lyrique que tragique, avec des effets de masse qui jouent plus sur la continuité des lignes et de la respiration que sur les ruptures et les chocs dynamiques. Une vision très personnelle, qui sait à l'occasion mobiliser les forces écrasantes de Berlin (coda du I). » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
« Peut-être encore plus sincèrement « vécue », plus engagée spirituellement et humainement que la précédente, cette nouvelle version comble, au-delà des mots, notre attente. Jamais, au disque, ce déchirant « Adieu à la vie » ne m'avait autant déchiré ! Le point culminant de l'ouvrage, et de l'interprétation, étant bien sûr l'indicible Adagio sur lequel s'achève la partition [...]. « Entre ciel et terre », la lecture qu'en fait Karajan, bouleversante montée sur la Lumière, y atteint une intensité émotionnelle, une concentration, une élévation de pensée qui subjugueront -- ou c'est à désespérer -- ceux-là mêmes qui forment le dernier carré de réfractaires à l'art du grand symphoniste. Comment, par ailleurs, passer sous silence l'impressionnante puissante de Karajan dans le mouvement initial ? » (Paul Meunier, Diapason n° 217 - mai 1977)
« Karajan sculpte à merveille les détails, l'architecture et c'est une réussite sur le plan orchestral. Cependant il manque un peu de chair, d'humanité, d'âme et d'élan religieux à cette symphonie dédiée « Au Bon Dieu ». » (Jean Gallois, Compact n° 55)
Karajan [4], Concert,
Salzbourg 25 juillet 1976 Philharmonique de Vienne - DG 435 326-2
Durées : I. 24'38 - II. 10'46 - III. 24'19 = 59'43 [Vers. Nowak]
10/5 Répertoire n° 37 et 44 (8 comparatif) / Diapason n° 379
« Karajan [...] démontre, encore une fois, que ses concerts brucknériens pouvaient atteindre au sublime. Cet enregistrement, passionné et mystique à la fois, nous fait regretter qu'il n'ait pas eu le temps d'enregistrer en studio avec les Viennois la 9e comme il le lit pour les 7e et 8e [...]. La Philharmonie de Vienne n'est pas aussi parfaitement intégrée que celle de Berlin, mais en public Karajan trouve des accents véhéments, parfois poignants (Adagio) et un sens de l'urgence qui donnent une coloration de mysticisme tragique à toute la symphonie. L'orchestre est fouillé grâce aux contrastes harmoniques entre les cuivres et les bois et la stratification des plans dynamiques. Et surtout, Karajan confère une très grande variété émotionnelle à son interprétation : de la violence la plus angoissée à la sérénité de la résignation. Un disque que tous les admirateurs de Karajan se doivent de posséder. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
Karajan
[5], ø Concert Vienne, Musikverien, 7/8 mai 1978
Philharmonique de Vienne - DG/Unitel UCBG 1053 (DVD) / 072 237-1 (Laserdisc)
Durées : I. 23'23 - II. 10'17 - III. 23'35 = 57'15 [Vers. Nowak]
Karajan [6], ø Concert
Vienne, Musikverien, 8 mai 1978 Philharmonique de Vienne - Andante SC-A-4070
Durées : I. 22'44 - II. 10'07 - III. 23'30 = 56'30 [Vers. Nowak]
Karajan [7], Concert
Berlin, 24 novembre 1985 Orchestre Philharmonique de Berlin - Vidéo Sony
Durées : I. 24'13 - II. 10'36 - III. 24'29 = 59'18 [Vers. Nowak]
Kegel [1], ø Concert
Leipzig, Congress Hall, 1er avril 1969 OS. Radio Leipzig - ODE Classics ODCL-1021
(Japon)
Durées : I. 24'14 - II. 10'32 - III. 26'05 [Vers. Nowak]
Kegel [2], ø Concert
Leipzig, Congress Hall, 16 décembre 1975 OS. Radio Leipzig - ODE Classics
ODCL-1022 (Japon)
Durées : I. 22'44 - II. 9'51 - III. 22'13 [Vers. Nowak]
Je rassemble ici les deux enregistrements de H. Kegel disponibles seulement au Japon, et reproduit le commentaire d'un contributeur de RMCR (en anglais).
Keilberth, ø
31 oct. et 3 nov. 1956 Hamburg State O - Teldec 8 44068 / 2292-242463-2 [Telefunken
GT 9180 / 6 41149 AH / SMA 104 - LP]
7 Rép. n° 7
Durées : I - 23'16 - II. 10'55 - III. 22'32 = 56'43 [Vers. Nowak]
« Keilberth avec l'Orchestre d'Etat de Hambourg surprend par son âpreté, sa farouche énergie et surtout son refus des effets hédonistes. Un Bruckner original et inquiétant, malgré la prise de son (1960) et la dureté germanique de l'orchestre, aux timbres rugueux. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
Klee, ø Concert
4 juillet 1991 BBC Philharmonic - BBC Magazine Cover 102
Durées : I. 25'23 - II. 11'12 - III. 30'16 = 66'51 [Vers. Nowak]
Klein,
ø 19 janvier 2003 OS. Saratoga - Orchestra OSR
03-1
Durées : I. 22'45 - II. 10'40 - III. 21'45 - IV. 21'25 = 76'37 [Vers.
Nowak + Finale vers. Carragan (révisée)]
Klemperer [1], ø
Concert 14 novembre 1934 P. New York - NYP
Première américaine de l'édition originale (Archive du
NYPO)
Durées : I. 22'13 - II. 9'41 - III. 23'07 = 55'22 [Vers. Alfred Orel,
1932]
Klemperer [2], ø
21 février 1970 O. New Philharmonia - Emi CDM 7 63 916-2 / 79885-2
[VSM C 069-02 158 / Electrola 360 / Angel S-36873 - LP]
Durées : I. 26'43 - II. 11'23 - III. 27'12 = 65'18 [Vers. Nowak]
6/5 Rép. n° 38 / 3Y Diap. n° 173 & 373 / 2d Compact n°
67
« Nous avons tant admiré Klemperer que ce n'est pas sans une certaine tristesse que nous avons réécouté cet enregistrement décevant. Lorsqu'en 1970 le grand chef grave cette 9e de Bruckner à la veille d'un de ses derniers concerts, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Le grand souffle mystique qui caractérise ses interprétations brucknériennes n'est plus au rendez-vous. Seuls subsistent la rigueur de construction et la rectitude du discours. Il en résulte un Bruckner desséché et vide d'humanité. Même le New Philharmonia ne sonne pas comme d'habitude, avec une âpreté que nous ne lui connaissions pas. Ce volet de la Klemperer-Edition se devait d'être réédité à titre documentaire, d'où l'indulgence de notre cotation. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 38)
« Dès les premières notes du « Feierlich » initial, nous nous trouvons en pleine objectivité : rien du « misterioso » pourtant voulu, écrit, souligné par Bruckner ; rien de cette sortie de l'ombre et du silence si étonnament suggestive de Jochum [1964]. L'orchestre, ouaté et mat n'atteint ni à l'homogénéité, ni a la souple rigueur du dessin mélodique ou rythmique qui séduit tant dans la version [de Jochum]. La pâte ne lève guère : tandis que Jochum ne cesse d'interroger le texte, Klemperer semble le réciter. A une vision à la fois ample, mystérieuse et claire quoique feutrée s'oppose ainsi un discours étiré, languisant et lassant (Adagio). Dans le Scherzo, presque placide, on se prend à comparer avec la légèreté de sylphe, les rires sataniques de Jochum. A l'un le relief, la poésie des profondeurs, à l'autre la placidité s'enflant par à-coups. » (Jean Gallois, Diapason n° 173 - janvier 1973)
« Otto Klemperer avait tout pour réussir une admirable Neuvième de Bruckner, dont il fut un grand interprète. Mais cet enregistrement est arrivé trop tard. Usé et malade, Klemperer ne peut maîtriser son discours. [...] Il ne peut empécher tempos, articulations, rythmes de se désagréger. [...] Seul le Scherzo témoigne de la grandeur du musicien. Sans doute a-t-il été enregistré à un moment de rémission. Qui fut de courte durée, a en juger par un Trio, excessivement lent. Mieux vaut oublier ce disque [...]. » (Bruno Serrou, Compact n° 67)
Knappertsbusch [1], ø Berlin, 28 janvier 1950 OP. Berlin - Tahra
Knappertsbusch [2], ø Concert
Berlin, 30 janvier 1950 Orchestre Philharmonique de Berlin - Tahra 417-418 (+ 8e Schubert)
Durées : I. 22'10 - II. 11'02 - III. 21'39 = 55'04 [Vers. Ferdinand
Löwe, 1903]
7/4 Rép. n° 112 & 151 / Recommandé Classica n° 37
« Autant Knappertsbusch est indiscutable dans Wagner [...], autant ses interprétations du « Maître de Saint Florian » ont été discutées, soit du fait de l'utilisation de versions révisées ou tronquées [...], soit du fait de son approche hypersubjective. [...] Mais ici indiscutablement il se passe quelque chose, un je-ne-sais-quoi comme disait Vladimir Jankélévitch, qui est de l'ordre de l'impalpable émotion. [...] Il est probable que ces enregistrements « live » seraient sérieusement critiqués à cause de certaines imprécisions de mise en place, de quelques accrocs, des timbres instrumentaux insolites (bois), des problèmes d'intonation sur les violons, des fluctuations très personnelles de tempos (avec des ralentissements saisissants). [... Pourtant] on est étreint par ce Bruckner énorme, babylonien, où des cuivres titanesques et des cordes graves massives édifient une impressionnante forteresse. [...] La 9e, [est] compacte, étouffante, noire, avec des roulements de timbales massifs et écrasants et des tutti abyssaux, comporte [...] quelques curiosités de phrasés et de respiration, mais les pizzicatos puissants, les crescendos irrépressibles comme des lames de fond (I), la coloration assombrie de tous les pupitres avec des cordes à la fois très rubato et très larges et des cuivres d'un souffle inouï (II et III), l'extrême mobilité des tempos, la densité brûlante du flux musical emportent immédiatement l'adhésion : ce n'est pas irréprochable dans l'exécution, mais proprement fascinant. Knappertsbusch renouvelle totalement l'approche de cette oeuvre : ça vit, ça se bouscule, c'est terrifiant de beauté monstrueuse et... géniale (un Scherzo jamais entendu ainsi, convulsif et fantasque et un Finale véritablement stupéfiant). Ce n'est certes ni très orthodoxe, ni très canonique (avec des révisions tout à fait audibles par rapport à la version originale, par exemple en III entre 18' et 18'08, [...]), mais tout brucknerien peut avoir envie de posséder cette 9e originale, malgré le panthéon des références [...]. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 112)
« Le rideau se lève sur la Symphonie n° 9 de Bruckner, captée le 30 janvier 1950 et marquant pour la première fois depuis 1944, le retour du musicien à la tête de l'orchestre berlinois. La date est d'autant plus précise que Tahra avait publié la première bande du 28 janvier. Cette fois-ci, en public, l'interprétation dépasse tout ce que j'ai pu entendre en matière de recréation musicale, Furtw£angler, Kabasta, Jochum, etc. y compris... Il faudrait citer des dizaines d'exmples de microclimats sur des timbales, des crescendos de cordes internes à une phrase musicale, elle-même en crescendo (début de l'Adagio), le vibrato de tout l'orchestre porté par la grâce d'un souffle. Et puis, il y a surtout ce bonheur fantastique, palpable, de retrouver une tradition musicale, de s'immerger dans la musique de Bruckner. » (S. Friédérich, Classica n° 37 p. 79 - novembre 2001)
Lisez un article en anglais de Jed Distler.
Knappertsbusch [3], ø 29-30 janvier 1950
Orchestre Philharmonique de Berlin - Music & Arts MACD 4896
Durées : I. 23'42 - II. 11'30 - III. 23'39 = 59'00 [Vers. Ferdinand
Löwe,1903]
Rep. n° 50
« Knappertsbusch conduit la Philharmonie de Berlin avec un sens de la chaleur plastique et de la continuité épique hérité de sa longue fréquentation de Wagner. Ses tempos et ses phrasés ne sont pas toujours très rigoureux, mais la vie est là irrépressiblement présente, imprévisible et bouleversante. La puissance du flux émotionnel s'appuie sur une conception hyperexpressive et personnelle où le lyrisme romantique, celui hérité de la 9e Symphonie de Schubert, fait vibrer des cordes impétueuses, des bois audacieux et exposés, des cuivres et des timbales d'une massivité imposante (la coda du I est d'une hauteur de vue digne du final de L'or du Rhin). L'ampleur sculpturale de l'orchestre avec des sonorités étranges et parfois abyssales ajoute au sentiment inquiétant de dépaysement. Un Bruckner recréé par Knappertsbusch, le Klingsor des sons. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 14)
Knappertsbusch
[3], ø Concert, Munich, 10 février
1958 O. d'Etat de Bavière - Music & Arts
Durées : I. 21'10 - II. 10'17 - III. 20'58 = 52'25 [Vers. Ferdinand
Löwe, 1903]
3Y Diap. n° 397
« La 9e de 1958 [est] surprenante par ses tempos d'une rapidité extrême, battant même ceux d'Horenstein (l'Adagio dure dix minutes de moins que sous la baguette de Giulini...). L'ouvrage est asséné avec une brutalité et un sentiment d'urgence stupéfiants, dans un climat d'une rare tension ([...] la révision de Ferdinand Löwe [...] édulcore les hardiesses harmoniques de Bruckner et rajoute des effets proches de l'expressionisme). [...] Ces documents sont passionnants même si les mélomanes doivent en connaître les limites tenant tant au choix de partitions plus ou moins retouchées qu'à la technique même de Knappertsbusch dont on sait le mépris légendaire pour les répétitions. [...] Avec un orchestre aussi moyen que celui de l'Etat de Bavière, le résultat est souvent plus qu'approximatif. Si l'on compare la conception du chef avec celle de son contemporain Furtwängler, on observe que, dans des tempos globalement voisins, les accélérations et le rubato de « Furt » s'opposent à la matière brute sculptée par « Kna », qui construit chaque mouvement d'un seul jet sans fluctuation, comme une coulée de matière sonore brute mais d'une puissance particulièrement impressionnante. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 397)
Sur les interprétations de Bruckner par Knappertsbusch on lira quelques messages (en anglais) issus de RMCR.
Konwitschny,
ø Concert 22 mai 1962
OS. Radio Leipzig - Weitblick SSS0007-2
Durées : I. 23'54 - II. 12'12 - III. 26'50 = 62'56 [Vers. Nowak]
Kubelik [1], ø
Concert 16 août 1984 Orchestre Philharmonique de Berlin -
Bells of St. Florian AB3 / Sardana Records CDR 171
Durées : I. 25'25 - II. 10'28 - III. 26'56 = 62'59 [Vers. Nowak]
Kubelik [2], ø
Concert 6 juin 1985 O. Radio Bavaroise - Orfeo
C 550 011B
Durées : I. 23'58 - II. 10'25 - III. 26'17 = 60'56 [Vers. Nowak]
10 Rép. n° 150
/ 5Y Diap. n° 485
L
Leinsdorf, ø
Concert 1972 Frankfurt Radio
Orch - Joy Classics CDR-9005
Durées : I - 21'28 - II. 9'53 III - 23'00 = 54'21 [Vers. Nowak]
Leitner
[1], ø Concert, 14
novembre 1983 OS. Radio Stuttgart - Haenssler Classics 93.052 / Lucky Ball
CDR 0005
Durées : I 24'59 - II. 11'07 - III. 25'10 = 61'16 [Vers. Nowak]
Leitner
[1], ø Concert, septembre
1985 Hague Residentie - Residentie Orkest 22898 017 [RO 2 - LP]
Durées : I 23'25 - II. 11'28 - III. 24'10 = 59'26 [Vers. Nowak]
Lopez-Cobos, ø 27 janvier 1992 O. S. Cincinnati
- Telarc
Durées : I. 25'18 - II. 12'03 - III. 24'59 = 62'32 [Vers. Nowak]
M
Mandeal, ø juillet
1988 OP. Cluj-Napoca - Electrecord [ST-ECE 03524/25/26 - LP]
Durées : I. 27'41 - II. 12'01 - III. 31'36 = 71'30 [Vers. Nowak]
Marthé,
ø 18 août 2000 Junge Osterreichische - Classic
New Edition 171200
Durées : I. 31'18 - II. 13'53 - III. 27'51 = 74'15
Masur, ø Dresde,
28-30 avril 1975 O. Gewandhaus Leipzig - RCA 74321 30368-2 / 29247-2 / Eurodisc/BMG
GD 69227 (intégrale) [Eurodisc 301 587-467 (intégrale) / Eterna
826761 - LP]
Durées : I. 21'50 - II. 10'30 - III. 21'50 = 54'10 [Vers. Nowak]
Son : Claus Strüben
6 Rép. n° 30 (coffret intégrale) / 3Y Diap. n° 366 /
3d Compact n° 58
« On ne sent ni une véritable continuité de l'une à l'autre symphonie, ni une totale homogénéité à l'intérieur d'un même ouvrage. Si les bois sont remarquables, les cors en revanches sont assez faibles jusqu'à gommer l'accent - pourtant essentiel - du thème initial de la Quatrième ou donner l'impression pénible d'essouflement (ultimes mesures de la Neuvième). Par ailleurs, les cordes manquent souvent d'ampleur, de générosité, de rondeur. Prise dans des tempos relativement lents, ces symphonies paraissent dès lors manquer de vie, de tension et de sursauts. Même si Masur parvient à modeler de très beaux crescendos, à créer de superbe moments. » (Jean Gallois, Compact n° 58)
« [Cette intégrale] se caractérise essentiellement par son honnêteté foncière et sont respect scrupuleux du texte ; plus proche en son esprit des conception artisanales de Wand que de la sophistication de Karajan, elle trouve ses limites en ses qualités mêmes. Inattaquable quant au respect des texte, la vision de Masur manque parfois d'ampleur et de dynamique, particulièrement dans les Symphonies ultimes et leurs admirables mouvements lents. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 366 p. 138 - décembre 1990)
Matacic
[1], ø Concert 4-5 décembre 1980
OP. Tchèque - Supraphon 110654 / 32C 37-7 420
Durées : I. 23'32 - II. 10'08 - III. 26'10 = 59'50 [Vers. Nowak]
4 Rép. / 4Y Diap. n° 307
Lovro von Matacic fut un grand interprête beethovénien et brucknérien d'origine croate, mais de formation viennoise et allemande.
Matacic
[2], ø Concert mars 1983 OS.
Vienne - Amadeo 410936
Durées : I. 24'21 - II. 10'10 III. 24'48 = 59'19 [Vers. Nowak]
Mehta, ø 3-7 mai 1965 OP.
Vienne - Decca "Legends" 468 494-2 (p) 2001 / 466 506-2 (p 1999) / 458 056-2
[CS 6462 / 1326/38 - LP]
Durées : I. 25'52 - II. 10'37 - III. 27'02 = 63'31 [Vers. Nowak]
9 Rép. n° 128 & 150 / Choc Monde n° 258
« En 1965, un jeune homme âgé de moins de trente ans apparaissait au firmament des grands noms de la direction d'orchestre en provoquant pour un de ses premiers enregistrements (peut-être même le premier) véritable choc dans l'univers brucknérien [...]. Le jeune Mehta, quasi inconnu alors, osait affronter et les Viennois et l'ultime symphonie du maître [...]. Avec un orchestre frémissant et ductile, d'une imposante majesté, où se distinguent des cuivres radieux, Mehta nous offre une lecture d'une grande maturité. Ce qui frappe surtout c'est la continuité de la respiration et la maîtrise des tempos dans une grande coulée organique à la fois sereine et puissante qui construit patiemment ses climax. L'imbrication parfaite des transitions et des ruptures dynamiques, la conduite des crescendos et la lisibilité polyphonique sur les cuivres, tous superbement colorés, se conjuguent avec la souplesse enivrante des cordes dont le legato n'altère jamais la clarté des lignes et des contre-chants. Le « Feierlich » du I est sans doute moins tragique et tendu que chez Furtwängler, Jochum ou Mravinski, moins abyssal que chez Giulini, Wand, Bernstein ou Karajan, mais il dégage un lyrisme d'une rayonnante bonté, où perce encore l'espérance lumineuse de la foi, par exemple dans la contemplation confiante du choral des cuivres avant le début « Misterioso » de la coda d'où surgit l'arche souveraine des trompettes. Le scherzo, un des plus beaux de toute la discographie, surprend lui aussi par la variété de ses étagements dynamiques, la densité bondissante du relief et la sauvagerie contrôlée des cuivres, avec des trompettes d'une autorité perçante. L'adagio, qui est pour Mehta le véritable centre de gravité de l'oeuvre, atteste que le Philharmonique de Vienne en état de grâce est quasiment inégalable dans ce répertoire. La richesse harmonique et la transparence du galbe orchestral, le vibrato expressif des violons, la plénitude habitée des cordes graves, l'épaisseur des silences sont d'une beauté bouleversante et la fulgurance des grands appels de cuivres n'a que peu d'équivalents dans toute la discographie [...]. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 128)
« Enregistré à l'orée de sa carrière (c'est son premier enregistrement important), Zubin Mehta signait en mai 1965, à la tête des Wiener Philarmoniker une version de toute beauté. Usant de tempos généreux, comparables à ceux de Jochum, de Giulini ou de Wand, le jeune chef fait montre d'un sens aigu du phrasé brucknérien, trouvant la respiration exacte, l'équilibre architectonique et la dynamique correspondant aux splendeurs de l'écriture. Par cette interprétation d'une suprème gravité et d'une profonde intelligence, Mehta se révèle l'égal des plus grands et émouvements chefs brucknériens [...] et son style, bien que plus sensuelle et moins dramatique que celui de la plupart d'entre eux, reste débarrassé de toute emphase et joue pleinement en faveur de l'essence organique du discours comme de son aspect « intemporel ». » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 258 p. 76 - octobre 2001)
Mravinsky [1], ø Concert
30 janvier 1980 OP. Leningrad - BMG-Melodiya 25189 / 74321 251932 / Olympia
OCD 220 / ZYX-Melodiya 46011 / Leningrad Masters 1303 / Russian Legacy RL-8424
[Melodiya-JVC (Japon) VIC 9043/4 - LP]
Durées : I. 23'24 - II. 10'03 - III. 26'18 = 59'51 [Vers. Nowak]
8/6 Rép. n° 81 / Diap. d'or n° 417 / Choc Monde n° 189
« Evgueni Mravinski [...] est, on s'en doute, peu orthodoxe et en marge de la tradition occidentale, mais sa vision, d'une brûlante intensité, est fascinante. Le jusqu'au-boutisme de Mravinski, qui fait ressortir au maximum la férocité des timbres, redonnent toute sa modernité à Bruckner. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
« En marge de la tradition brucknérienne occidentale, l'interprétation peu orthodixe de Mravinski est vraiment passionnante. Sa vision, d'une brûlante intensité, est surtout caractérisée par le paroxisme des chocs de timbres, la férocité des accents dynamiques, le refus de tout alanguissement comme des affets opulents de masse, ainsi que la clarification analytique des plans et des lignes, qui évite le magma plastique recherché par certains chefs. Sa conception noire, étouffante, contrastée et même heurtée, tranchante, très agressive sur les cuivres, n'est pas vraiement consolatrice ni lyrique, mais témoigne d'une lutte interne permanante pour maîtriser les gigantesques conflits mis en oeuvre. L'orchestre lui-même poussé à bout, n'a pas la splendeur sonore des grandes formations occidentales, surtout les cordes, mais possède un souffle imposant, une étendue dynamique impressionnante, un angagement de tous les instants. Si tout n'est pas parfait dans ce concert,notamment l'intonation des bois (dernier mouvement par exemple), il en ressort un climat d'attente presque morbide, de catastrophe irréparable, avec des scansions abruptes, une mobilité incessante des tempos et des ruptures qui propulsent sans cesse le discours vers les goufres de l'urgence. [...] Cette version constitue indiscutablement un apport tout à fait novateur et dérangeant à la discographie [...]. » (Jean Marie Brohm, Répertoire n° 81 p.32)
« Le grand romantisme allemand figurait [...] au coeur du répertoire de Mravinsky. [Voici] une splendide approche de la 9e de Bruckner, menant d'un premier mouvement architecturé avec clarté et une logique impeccables à un extraordinaire Adagio, minéral et fantastiquement impressionnant, qui en fait l'une des interprétations les plus inspirées de la discographie. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 417 p. 126)
Mravinsky [2], ø
Concert 29 décembre 1982 P. Leningrad -
Icone ICN 9412-2
Durées : I. 23'29 - II. 10'08 - III. 26'00 = 59'37 [Vers. Nowak]
Mravinsky, ø ? P. Leningrad - Leningrad Masters [Vers. Nowak]
Mravinsky, ø
? BMG/Melodiya CD 74321 251932
Durées : I. 23'25 - II. 10'04 - III. 25'47 = 59'21 [Vers. Nowak]
N
Noguchi [1], ø
Concert 1995 OP. Furtwängler Institute -
Tokyo CD WCD104
Durées : I. 25'35 - II. 12'03 - III. 25'28 = 63'05 [Vers. Nowak]
Noguchi
[2], ø Concert 16
décembre 2000 OP. Furtwängler Institute - Mukei MT-2038
Durées : I. 26'12 - II. 11'32 - III. 25'33 = 63'18
R
Rattle,
ø Concert 4 novembre
2002 Orchestre Philharmonique de Berlin - Sounds Supreme 2S 135
Durées : I. 24'58 - II. 11'06 - III. 26'25 = 62'30
Renz, ø octobre
1989 P. Budapest - Ondine ODE 764-2
Durées : I. 28'23 - II. 9'27 - III. 28'56 = 66'53 [Vers. Nowak]
Son : I. Toth
7/7 Rép. n° 62
« Jany Renz, chef suisse inconnu, a réussi une très belle 9e Symphonie de Bruckner ! [...] Bien que la pochette n'évoque en aucun endroit le nom du chef roumain, Jany Renz pourrait bien être un émule de Sergiu Celibidache. Son premier mouvement, indiqué par Bruckner « solennel et mystérieux », se développe dans la lenteur nécessaire à un cérémonial. Comme chez Celibidache, ce tempo retenu n'est jamais statique, car il préserve la souplesse dans l'avancée. On remarquera également la recherche sonore, avec des cuivres présents mais placés bien en retrait de manière à ne jamais briser le tapis de cordes. Leur couleur est mystérieuse, abyssale, le ton de l'interprétation se veut mystique : c'est Bruckner dans sa cathédrale de sons. Pari remarquable après tant de profondeur, le Scherzo est très nerveux, presque sauvage, jusqu'à en déborder l'orchestre [quelques petits cafouillages orchestraux, dans la mise en place]. Parmi les limites qui distinguent le disque de Renz de ceux de Bernstein ou Giulini, on aurait aimé un degré de nuance supplémentaire dans la montée des climax (le premier notamment) et, surtout par rapport à Giulini, on constate un léger manque de souplesse, par exemple à l'extrême fin de l'oeuvre. [...] On éprouve du plaisir à entendre un CD conçu comme un témoignage mûrement réfléchi et résultant de la nécessité artistique d'un chef. » (Christophe Huss, Répertoire n° 62)
Rozhdestvensky
[1], ø mai 1970 OS. Radio Moscou - Melodiya/CDM [LP]
Durées : I. 23'10 - II. 11'51 - III. 22'49 = 57'50 [Vers. Nowak]
Rozhdestvensky
[2], ø 1988 OS. Ministère Culture URSS - Melodiya [C10 26301000
- LP]
Durées : I. 24'19 - II. 11'05 - III. 22'36 = 58'00 [Vers. Nowak]
Rozhdestvensky,
ø 1985 OS. Ministère Culture URSS - Melodiya
Durée : IV - 25'34 [Finale Samale/Mazzuca - seul mouvement]
Rögner, ø
12 février 1983 OS. Radio Berlin - Deutsche Schallplaten / Eterna
Durées : I. 22'20 - II. 10'15 - III. 21'22 = 53'57 [Vers. Nowak]
S
Samale, ø juin
1988 OS. National Katowice - Melodram
Durées : I - 23'04 II - 9'40 III - 24'32 IV - 22'34 = 79'50 [Vers.
Nowak plus le Finale Samale/Mazzuca]
Saraste, ø Concert,
30 août 1999 OS. Radio Finlandaise - Finnish Broadcasting Co. FT-9907
Durées : I. 23'43 - II. 10'45 - III. 21'40 = 56'57 [Vers. Nowak]
Sawallisch, ø 24 décembre 1984 O.
Etat Bavarois - Orfeo
Durées : I. 22'16 - II. 9'49 - III. 23'31 = 55'36 [Vers. Nowak]
7 rép.
« Sawallisch ne renouvelle pas totalement ses réussites des 1e et 6e symphonies. Sobre et classique, d'une grande égalité de proportions et d'une probité exemplaire dans les dosages instrumentaux, son interprétation très soignée manque d'un peu d'engagement et de solennité visionnaire (coda du I, trop pressée). Sans faute de slyle, d'une grande rigueur de construction, mais avec un Scherzo trop neutre : un modèle d'équilibre. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
Scholz, ø ? South German Philharmonic
John F. Berky s'explique sur les pseudonymes d'Alfred Scholz et classe d'ailleurs tous les noms suspects sous lui sur son incontournable page Bruckner consacrée aux enregistrements...
Schuricht
[1], ø Concert 1937 Reichssender O. Berlin
- Archiphon CD 32/3
Durées : I. 22'15 - II. 8'13 [incomplet] [Vers. Alfred Orel, 1932]
Schuricht [2], ø 13-14 juillet 1943 O. Municipal
Berlin Shinseido - CD SGR / Lys [parfois présenté comme enregistré
en 1939]
Durées : I. 24'06 - II. 11'08 - III. 23'00 = 58'17 [Vers. Alfred Orel,
1932]
Schuricht [3], ø 2 novembre 1951 OS. Radio
Stuttgart - Music & Arts MACD 1094
Durées : I. 23'22 - II. 9'61 - III. 25'06 = 57'55 [Vers. Alfred Orel,
1932]
Schuricht
[4], ø 22 novembre 1961 Philharmonique de Vienne (+ 8e) - Emi 67279 [S 60047
/ ASD 493 / Testament ASD 493 - LP]
5/6 Rép. n° 42 / 4d Compact n° 69
Durées : I. 25'27 - II. 10'23 - III. 20'14 = 56'22 [Vers. Nowak]
Son : Francis Dillnutt
5/6 Rép. n° 42 / 4d Compact n° 69
« La 9e n'est pas du même niveau [que la 8e du même coffret], et surprend de la part d'un tel chef et d'un tel orchestre par son manque de flamme qui confine par moment à la routine. Bien sûr les sonorités envoûtantes de la Philharmonie de Vienne sont bien présentes et l'articulation apparaît très soignée, mais on possède tant de merveilleuses interprétations de cette symphonie que celle-ci, honnête sans plus, n'est pas vraiment indispensable, malgré un beau Scherzo. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 42)
« Dans ce coffret, on retrouve bien [la] hauteur de vue [de Carl Schuricht], sa noblesse de pensée, son aptitude à remarquablement caractériser les thèmes, à construire l'édifice à travers de sûrs plans sonores. [...] La Neuvième apparaît tout aussi poignate [que la 8e], tour à tour solennelle et mystérieuse (premier thème) au lyrisme un peu las (deuxième), vibrante et puissante (troisième). Le Scherzo, fantasmagorique et terrifiant, aux grimaçante figures, semble sortir d'un monde de réprouvés. Quand au finale, dégagé des contingences humaines, il débouche sur un Au-delà éthéré, lumineux, divin : ici le chef rejoint la philosophie du compositeur. Au plus haut degré de compréhension. » (Jean Gallois, Compact n° 69)
Schuricht [5], ø Concert,
8 mars 1963 OS. Radio Bavaroise - Orfeo C 548 001 B / Disques Refrain DR 930055
/ Chaconne CHCD-1009
Durées : I. 23'40 - II. 10'24 - III. 22'14 = 56'19 [Vers. Nowak]
Recommandé Rép. n° 150
Segal, ø ? OS. Allemagne du Sud - Mediaphon 5450313
Sinopoli, ø mars 1997 Staatskapelle Dresde
- DG 457 587-2
Durées : I - 25'34 - II. 10'07 - III. 26'10 = 61'51 [Vers. Nowak]
2 Rép. n° 123 p. 34 / 3Y Diap. n° 458
Skrowaczewski
[1], ø c. 1970 OS. Allemagne du Sud - En Larmes 01-57
Durées : I. 20'25 - II. 9'30 - III. 24'15 = 54'15 [Vers. Nowak]
Skrowaczewski
[2], ø 18 novembre 1996 Minnesota O. - Reference Recordings
Durées : I. 22'54 II - 10'14 III - 26'22 = 59'37 [Vers. Nowak]
Skrowaczewski
[3], ø 12-18 janvier 2001 OS Radio Sarrebruck - Arte Nova 273 072 /
Oehms Classics OC 218
Durées : I. 23'25 - II. 10'09 - III. 27'46 = 61'21
9 Rép. n° 147
A propos du procédé d'enregistrement utilisé pour ce disque (en anglais).
Sur cet enregistrement, lire www.audiophilia.com/software/ak17.htm
Solti, ø sept.
et oct. 1985 OS. Chicago - Decca
Durées : I. 23'37 - II. 10'22 - III. 26'56 = 61'00 [Vers. Nowak]
Référence Compact n° 13 / Diapason n° 320
« Dirigeant un Chicago sculptural et tranchant [Solti] campe un climat impressionnant de rigueur minérale. Son Bruckner est dur, oppressant, presque inhumain, avec une mise en place hyper-virtuose et une animation constante de la pâte orchestrale. Les cuivres claquent de manière cinglante, portant des charges énergétiques explosives et les cordes sont enflammées par une sorte de fièvre démoniaque, ce qui confère au I un climat assez noir, presque terrifiant, de braise sous la glace. Le Scherzo, avec une tenue rythmique étourdissante de violence maîtrisée, est féroce par la fermeté inexorable du tempo. L'Adagio est une fournaise tragique qui laisse peu de place à l'effusion (Solti est ici l'anti-Walter) ou à la contemplation lyrique. Bien que parfois à la limite de l'objectivité, cette lecture est une option interprétative radicale qui projette Bruckner dans le XXe siècle. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 16)
« Dès les premiers accords, nous savons que Solti nous emmènera très loin. et très haut. Il y a en effet, dans sa vision, une vie frémissante qui ne peut venir que du plus profond de l'âme et le chef, comme Bruckner, semble s'agenouiller devant la beauté de la Création au premier matin du monde [...]. Sans artifice, il détache les thèmes, les animent, les structure, leur permettant de devenir de véritables personnages qui vivent, évoluent, se reprennent avant d'avancer, attentifs aux réponses que leur envoie l'orchestre. [...] Dans le premier mouvement, d'une exceptionnelle grandeur, Solti nous entraîne avec lui vers un monde à la fois « solennel et mystérieux », comme le voulait d'entrée, précisément le compositeur. Le Scherzo n'est pas moins réussit, grinçant à vous donner le frisson et des sueurs froides avec ses os entrechoqués, ses frémissements, ses déchirements de danse macabre. Quant au superbe Adagio dont certaines harmonie évoquent irrésistiblement « Parsifal », et dont « l'Adieu à la vie » (troisième phrase du premier thème) nous déchire, il laisse percevoir l'abattement du musicien pourtant traversé d'espérance [...]. » (Jean Gallois, Compact n° 13)
Strub, ø Concert Klosterkirche Fuerstenfeld, 11 octobre 1997 OS. Christophorus Stuttgart -
Svetlanov, ø 1998 SO. Academic - Triton DICC-26048
Durées : III. 23'55 Finale seul.
Swarowsky
[1], ø ? SO. Bamberg - Vienna Masters [Euphoria 2103 - LP]
Durées : I. 24'37 - II. 9'37 - III. 24'37 = 58'43 [Vers. Nowak]
Swarowsky
[2], ø ? South German Philharmonic - Highland Music (?)
[Vers. Nowak]
Ces enregistrements de Swarowsky ne semblent que pure invention de la part des éditeurs... Voyez la liste établie par Erika Hitzler. John F. Berky les reclassant avec son probable chef : Alfred Scholz.
T
Talmi, ø 28-30 août 1985 OP. Oslo
- Chandos 8468/69 [OBRD 2010 - LP]
Durées : I. 23'38 - II. 10'53 - III. 25'18 IV - 38'00 = 59'58 [Vers.
Nowak plus Finale Carragan, 1984]
Son : Dag Kristoffersen
7 Rép. / 4Y Diap. n° 324 & 433 / 4d Compact n° 40 &
3d n° 55
« Talmi à la tête du Philharmonique d'Oslo qui n'a pas le format de ses illustres concurrents, surtout sur les cordes, réussit quand même, par sa lecture analytique, à dégager un climat de poésie hymnique. Cette conception équilibrée, avec parfois des jeux de timbres originaux sur les bois et cuivres, évite toute emphase wagnérienne et constitue une tentative assez réussie d'allègement. A signaler que ce coffret de 2 CD comporte la reconstitution par Carragan du Finale inachevé et les esquisses originales de ce même Finale, ce qui donne au total 38 minutes de musique bouleversante qu'aucun brucknérien ne peut ignorer. A ce titre l'acquisition de ce coffret est indispensable. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
« Dès 1934, la société Bruckner publiait les esquisses du quatrième mouvement de la 9e Symphonie . [...] Ces esquisses sont révélatrices du processus créatif chez Bruckner : le dessin d'un motif équivaut à une cellule rythmique fermée dont la seule évolution possible est celle des valeurs à l'intérieur d'elle même ; une indiférence à l'harmonie conventionnelle. La création d'un développement sans idée première, raccroché un peu plus avant par un dessin des cordes, et le retour de la cellule rythmique à la flûte après le crescendo : toute cette structure obsessionnelle de la pulsation, toute cette mesure maniaque de la dynamique en terme cellulaire qui sous-tend l'oeuvre de Bruckner et implique un processus créateur éclaté dont le ferment peut n'être qu'une opposition permanente, et qui, au fond, exclut le développement et le relègue au rang de pis aller formel. Tout fervent brucknérien pourra [...] rentrer dans l'atelier, voir l'esquisse, les couleurs posées sur la palette, toute vision si aiguë de l'entrevu, du deviné. [...] Talmi est admirable de lyrisme avec un art de faire chanter les parties de ménager les cordes, de s'interdire les effets qui rappelle le grand disque qu'Horenstein signait pour Vox dans les années 50. » (J-Ch. Hoffelé, Diapason n° 324 p. 110 - février 1987)
« [Bruckner] a travaillé jusqu'à son dernier jour au Finale de sa 9e Symphonie mais [...] celui-ci ne nous est pas parvenu entier (il est possible que des feuillets rédigés aient été perdus). Le mérite inestimable de cet album est de nous offrir, outre les trois mouvements acheves bien connus, les fragments du Finale à l'etat brut, c'est-à-dire avec des lacunes, et une tentative de reconstitution, due au musicologue américain William Carragan, de ce mouvement ; nous pouvons ainsi avoir une idée de ce qu'aurait été l'oeuvre entière. L'interprétation de Yoav Talmi et de l'Orchestre d'Oslo, sans prétendre rivaliser avec les références [...] n'en est pas moins de belle tenue, et restitue fidèlement l'oeuvre dans cette perspective inhabituelle. Depuis cet enregistrement, seul Inbal a tenté une démarche similaire, mais avec une autre reconstitution, et sans les seules esquisses (dans une interprétation moins convaincante de surcroît). [...] Un seul regret : que le chef n'ait pas également gravé les deux rédactions alternatives du Trio du Scherzo, à ma connaissance encore inédites au disque. » Jean-Claude Hulot, Diapason n° 433)
Tate, ø mai 1990
P. Rotterdam - Emi 54088 / 72435 6 979727
Durées : I. 26'46 -II. 10'56 - III. 27'28 = 65'19 [Vers. Nowak]
4/7 Rép. n° 40
« Jeffrey Tate [...] se lance dans une entreprise brucknérienne d'autant plus périlleuse que la discographie est aussi riche qu'abondante. La 9e qu'il nous propose ne risque pas de bouleverser cette discographie. Handicapé par un orchestre dont la plénitude des cordes laisse à désirer et qui fait davantage preuye d'application que d'aisance, il semble être conscient de la difficulté du défi et aborde l'oeuvre avec une prudence et une retenue qui confinent à l'inhibition. Le manque d'ampleur dynamique et l'insuffisance de tension sont les deux défauts majeurs de cette interprétation, défauts malheureusement rédhibitoires chez Bruckner. Après un premier mouvement sans énergie organique et un Scherzo sans tranchant, l'Adagio ne convainc pas davantage en raison d'un manque de puissance et de grain sonore qui brise tout élan. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 40)
Tintner, ø 8-9 mai 1997 O. Royal National
Ecosse - Naxos 8.554268
Durées : I - 25'44 II - 9'55 III - 24'14 = 60'00 [Vers. Nowak]
4 Rép. n° 134 / 4Y Diap. n° 466
« Tintner ne marque pas davantage la riche discographie [que R. Chailly]. [...] Tintner a certes un tempérament de brucknerien par l'ampleur de la construction et le sens de la polyphonie dans l'espace (début de I), mais ni son orchestre, assez fruste et peu subtil (cuivres sans rayonnement et bois ternes), ni la mise en place des agrégats harmoniques, ni surtout la finition des transitions (le poids des silences) ne lui permettent de réellement tenir la distance. Sympathique, mais hors course. [...] Analyse intéressante de la partition par Tintner [sur la plaquette du CD]. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 134)
« Ce nouveau volet de l'intégrale brucknerienne entreprise par Goerg Tintner [...] n'est pas le plus convaincant. D'une part, on regrette le choix opéré délibérément par Tintner de laisser de côté les esquisse du Finale, qu'il juge très faible (opinion qu'avec le respect qu'on lui porte, on est libre de ne pas partager, bien au contraire), ainsi que les deux rédactions alternatives du trio du Scherzo mentionné par Paul-Gilbert Langevin et, sauf erreur, toujours inédites. Surtout, l'oeuvre réduite ainsi à ses trois mouvements usuels, la justesse de l'interprétation de Tintner, si elle est toujours d'une incontestable authenticité, se heurte à une discographie considérable [...]. Il est vrai que l'orchestre écossais, ainsi méritant soit-il, ne peut se mesurer aux philharmonies [de Berlin et de Vienne] et accentue partiellement le caractère trop figé de cette gravure. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 466)
« Cette Neuvième se classe tout simplement parmi les très
grandes versions de l'oeuvre. Elle réalise une sorte de synthèse
entre la noirceur d'un Furtwängler, la densité sonore d'un Jochum,
l'alacrité d'un Abendroth, le clair étagement des voix d'un
Celibidache. Voici peut être la version la plus « équilibrée
» de la dernière symphonie de Bruckner, l'une des plus attachantes,
celle à recommander absolument pour s'initier à ce monument
musical qui semble hors du temps. » (Philippe Herlin, sur www.concertonet.com
.
Allez y lire le reste du texte ainsi qu'une lettre de Mme Tintner).
En anglais, consulter aussi www.audiophilia.com/software/ak26.htm
U
Uno, ø
22 décembre 1994 P. Université Nihon -
Grand Slam CD-2002
Durées : I. 25'36 - II. 11'40 - III. 24'59 = 62'25
W
Wakasugi, ø
19-21 décembre 1994 OS. Radio Saarbrücke - Arte Nova
Durées : I. 24'52 - II. 11'03 - III. 25'12 = 61'16 [Vers. Nowak]
Wallberg, ø
c. 1968 OS. de Vienne - [Concert Hall SMSC2541/ Guilde Internationale 2541
- LP]
[Vers. Nowak]
Walter
[1], ø 17 mars 1946 P. New York - Music & Arts CD-1110 /
Wing WCD-55
Durées : I. 21'50 - II. 10'17 - III. 19'44 = 52'00 [Vers. Alfred Orel,
1932]
Walter [2],
ø Concert 2 juillet 1953 P. New York - Palladio 4209 / Nuova Era 2225
Durées : I. 20'32 - II. 10'09 - III. 19'46 = 50'37 [Vers. Alfred Orel,
1932]
9/1 Rép. n° 14 / 3d Compact n° 43
« Le concert qui nous est présenté ici est passionnant pour les admirateurs du chef, car il éclaire de manière très frappante ce que le concert peut apporter à la traduction d'une oeuvre de Brukner, par son nécessaire et incontournable surcroît de spontaniété et d'improvisation. [...] A l'écoute de ce disque, on se dit que si Bruckner était toujours interprété ainsi [...] sa notoriété serait peut-être presque à l'égal de celle de Mahler ! Comment résister à une telle force tellurique, a ce flot de musique qui ne vouslaisse aucun répit ? Car Walter a le génie de ne jamais se laisser tenter par la grandiloquence, de privilégier l'avancée du discours (quel Scherzo !) sans jamais faiblir ou sacrifier au « moments clé ». Il est en cela l'antidote au dramatisme de Knappertsbusch. Ainsi lestempos, rapides, viennent occulter tout wagnérisme de façade. Ce disque sera donc un choc pour ceux qui ne voient Bruckner qu'à travers les brumes et l'intériorisation quasi mystique développées par Giulini ou Célibidache. Du point de vue de l'exécution, les deux petits accrocs (une hésitation lors d'un rallentando dans le 1er mouvement et une fausse note de cuivres avant le trio du 2e mouvement) ne viennent en rien perturber le plaisir de l'audition et la qualité sonore restreinte au « minimum vital » n'est pas rédhibitoire. Technique : Bruit de fond important, spectre sonore étroit. Intelligibilité très réduite. Son hachuré. Document historique. » (Ch. Huss, Répertoire n° 14)
« Un document historique de qualité précaire mais nous montrant un Walter sous un jour très différent de celui de son disque officiel [1959]. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 18 p. 14)
« Walter est poignant de bout en bout, malgré des défaillances orchestrales. Les phrasés et les tempos sont tendus, plutôt vifs et nerveux. Il y a de l'électricité dans l'air (Scherzo). Comme dans sa célébrissime interprétation de la 9e Symphonie de Mahler en 1938 (Emi), Bruno Walter déchaîne des forces qui vous sautent impitoyablement à la gorge. Le tissu orchestral est buriné par la fougue et la passion. L'Adagio alterne dans un climat crépusculaire l'espoir humain et des chocs d'une brutalité intraitable. Un très grand Walter, qui contraste singulièrement avec le « mozartien » auquel on veut parfois le réduire et qu'on imagine avec une Philharmonie de Vienne des grands jours... » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 14)
« Bruno Walter est venu tard à la Neuvième de Bruckner, à la suite d'une longue maladie. Ceci explique sans doute ce ton de lyrisme quasi religieux, cette ferveur profondément humaine qu'il avait mis dans la version [1959...]. Six ans plus tôt, avec le Philharmonique de New-York, comme il sait bien mettre en relief le « Feierlich » et « misterioso » initial, avec sa double propention à la joie et au mystère ! Comme il emmène rondement le Scherzo, semé de retenues, de coups de freins étonnants, où les pizzicatos des violons finissent par ressembler à des ricanements que soulignent les fortes scantions de l'orchestre ! Si, dans le finale, l'homogénéité des cordes - un peu sèches - laisse à désirer, Bruno Walter sait transcender les quelques insuffisances de ses instrumentistes. » (Jean Gallois, Compact n° 43)
Walter [3],
ø Concert Salzburg, 20 août 1953
Philharmonique de Vienne - AS Disc NAS 2402
Durées : I. 21'04 - II. 10'03 - III. 18'30 = 50'00 [Vers. Alfred Orel,
1932]
Walter [4], ø Hollywood, 16 & 18 novembre
1959 SO. Columbia - Sony "The Edition Bruno Walter" SMK 64 483 /
MBK 44 825 / MK 42 037 [Columbia Y35220 / MS 6171 / MP 39129 / D4S 742 / CBS
SBRG 72095 - LP]
Durées : I. 23'51 - II. 11'29 - III. 23'16 = 58'45 [Vers. Alfred Orel,
1932]
10/8 Rép. n° 94, 130 & 50 (9 n° 8) / Diap. d'or n°
429 / 3d Compact n° 35
« Walter a tête d'un Columbia vaillant, mais qui ne saurait se comparer à ses illustres concurrents, est bouleversant d'émotion et d'humanité. La mise en place n'a pas l'infaillibilité et la rigueur de certains de ses confrères, mais sa 9e de Bruckner est des plus beaux qu'il soit donné à entendre. La chaleur rayonnante des phrasés, la finesse expressive des nuances dynamiques, la vitalité bourdonnante des cordes qui chantent l'espoir et l'élévation religieuse, la simplicité surtout de l'avancée mélodique sont enthousiasmantes. On est transporté par la noblesse de la poésie, la sincérité de l'élan, l'effusion exaltée du lyrisme, la ferveur et la profondeur des accents. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 16)
« Cette 9e nous apparaît à son zénith et c'est un choc. Sous la baguette de Walter n'attendez pas les déchirures de Furtwängler-1944, le mysticisme détaché de Giulini II, les frissons de Karajan-I, l'emphase solenelle de Berstein-DG. Sa 9e est une célèbration, une épopée humaine qui se recueille, mais sait s'enflammer (développement de I, autour de 13'). Mieux encore, c'est une incroyable exploration de texte par les timbre : écoutez par exemple les grincement cuivrés sardoniques de la procession à partirde 14'10 dans I et leur résolutio dans le contrechant des deux chorals de cuivres successifs. Wagner et Bruckner se donnent la main pour une épopée huma ine et mystérieuse. Je ne peux me remémorer une 9e qui joue davantage sur le relief et les plans sonores, les équilibres et les polyphonies en symbiose. A chaque instant une idée solaire vient illuminer un détail (la clarinette dans la coda de I !) et cette fameuse humanité de Walter vient nous prendre aux tripes : comment rester insensible devant ce chant et ces contrechants sublimes qui nous conduisent de 18' à la coda du volet initial ? Les micro défaillances orchestrales (très marginales) ne déclassent en rien cette lecture : avant de gloser, il faut aussi considérer les risques pris dans un tel raffinement de dosage de timbres et de dynamiques. Fine, bouillonnante, mutine, sensuelle, baignée d'espérance et de poésie, cette 9e symphonie de Bruckner s'affrime comme l'un des plus beaux témoignages légués par Bruno Walter. » (Ch. Huss, Répertoire n° 94)
« Bruno Walter est venu tardivement à Bruckner, la cinquantaine passée. On pourrait en déduire que cette musique est chez lui plus apprise que naturelle. L'écoute de cette célébrissime version de la 9e contredit totalement un tel jugement. [...] Une heure de bonheur total vous attend. La façon dont Walter parvient à réconcilier grandeur de l'architecture et tendresse humanisle n'appartient qu'à lui seul. Là ou Furtwängler [1944] est prométhéen et titanesque, Jochum religieux et architecte, Karajan, en 1966, sensuel et incandescent, Walter est tout simplement noble et humain. Devant les artistes que nous venons de citer, la jeune génération dans cette oeuvre ne fait que figure d'apprenti. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 8)
« Bruno Walter est venu tard à la Neuvième de Bruckner. De cette symphonie, il eut la révélation au cours d'une longue maladie. Aussi, lorsqu'il fut guéri, l'enregistrer devenait pour lui une sorte d'obligation morale, un acte de remerciement. Comme unesorte d'ex-voto. Voilà qui confère à son interprétation une dimension vécue, éminemment personnelle : tout au long de l'oeuvre, on sent que Bruno Walter s'y implique avec ferveur. Sans doute, à quatre-vingt-trois ans, la baguette a-t-elle un peu perdu de sa fermeté. Mais quelle noblesse, quelle admiration dans l'approche ! D'une étonnante souplesse, il sait alléger la pâte orchestrale, contruite avec art des plans sonores remarquablement imbriqués. Même si l'on perçoit quelques faiblesses - le second thème du « Feierlich » par exemple -, parfois même quelques décalages (dans le premier mouvement), on reste saisi par l'intelligence et la sensibilité, par le chant profond qui émane de la partition, en dépit des cordes du Columbia Symphonie Orchestra, légèrement superficielles. » (Jean Gallois, Compact n° 35)
Wand [1], ø 10 juin 1979 OS Radio-Cologne
- RCA GD 6007
Durées : I. 24'01 - II. 10'26 - III. 23'40 = 58'07 [Vers. Nowak]
Son : O. Nielsen
9/7 Rép. n° 19 (intégrale) & 7 Rép. n° 27
(8 pour la discographie comparée) / 4d Compact n° 47
« Wand [...] signe une interprétation profonde et grave, avec des gradations dynamiques très larges, un flux imposant et une grande solidité architecturale (Adagio). Ce Bruckner là est hautain par son climat statique d'immensité stellaire (début du I) mais il manque cependant ici ou là d'urgence. Dans la coda du I par exemple, un moment essentiel de la symphonie, on aimerait un peu plus de tension et de force percussive et une ponctuation verticale plus vigoureuse. Les crescendos ne se libèrent pas complètement dans la déflagration, et le Scherzo, un rien trop sage, est sans grande surprise. La temporalité brucknérienne est là cependant sans aucun doute, malgré quelques lourdeurs inhérentes au choix interprétatif. Une version d'une grande ferveur et d'une intériorité très émouvante, mais qu'on souhaiterait plus flamboyante. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
« La phalange de Radio-Cologne n'avait guère attiré l'attention, ni son chef d'ailleurs, avant la parution de son intégrale Bruckner. D'une grande précision et d'un fondu sonore remarquable, cet orchestre brille plus par sa maîtrise collective que par la virtuosité individuelle de ses principaux pupitres. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 19)
Wand [2], ø Concert Basilique Ottobeuren, 24 juin 1979 O. Radio Stuttgart - [Bande Radio - inédite ?]
Wand
[3], ø Concert janvier
1987 OS. BBC - Classics CD TH 030
Durées : I. 24'40 - II. 10'12 - III. 24'36 = 59'45
Wand
[4], ø Concert Londres,
janvier 1987 OS BBC - Classics CD TH 043
Durées : I. - 25'02 - II. 10'21 - III. 25'00 = 60'30
Wand [5], ø Concert
1993 OS. Radio Berlin - Halloo HAL-17/18
Durées : I. 26'32 - II. 10'39 - III. 26'35 = 63'45 [Vers. Nowak]
Wand [6], ø Concert
Hambourg 7-9 mars 1993 OS. NDR - RCA 62650-2
Durées : I. 26'55 - II. 10'43 - III. 26'52 = 65'07 [Vers. Nowak]
8/7 Rép. n° 27 et 8/8 Rép. n° 73 / 5Y Diap. n° 408
/ 4* Monde n° 181
« Wand, qui s'aflirme comme un des très grands chefs brucknériens du moment, ne renouvelle pas dans son deuxième enregistrement live avec l'Orchestre Symphonique de la Radio de Hambourg la réussite de sa première gravure [1979]. Les tempos sont amples et les phrasés généreux, mais la finition de la pâte orchestrale n'est pas totalement satistaisante. Une bonne version live néanmoins. » (J-M. Brohm, Répertoire n° 50 p. 15)
« La lecture du texte de présentation du chef montre que celui-ci a approfondi son interprétation dans le sens d'une plus grande austérité qui lui semble la caractéristique dominante de l'oeuvre, dont il évoque la « rudesse ». De fait, on a rarement entendu conception aussi dénuée d'effet, de sollicitation, même de rubato ou de raffinement de timbres ; le texte est délivré de la façon la plus « objective » (mais non impersonnelle) qui soit, Wand laissant apparaître tous les frottements harmoniques et les rugosités de l'écriture, que restitue la sonorité, sombre et dense, de l'Orchestre de Hambourg. Cette conception âpre, hautaine, puissante mais totalement dénuée de séduction, impressionne plus qu'elle n'émeut immédiatement. Exigeante entre toutes, cette version ne touche pas aussi directement l'auditeur que celle, plus chaleureuse, de 1988, il est vrai enregistrée, comme la splendide 8e parue simultanément [...] dans la cathédrale de Lübeck, ce qui ajoute une résonance, physique et spirituelle, supplémentaire. Réservée aux Brucknériens avertis [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 408)
« Wand concilie presque les qualités de certains de ses meilleurs rivaux [...]. Mais les dissonances, les interrogations tragiques ne dessinent pas, comme chez Karajan [1966] ou Bernstein [1990], les contours de l'abîme au bord duquel Bruckner est arrivé. Les tempos de Wand sont larges et équilibrés, mais les tiraillements harmoniques sont parfois atténués, révélant une volonté d'homogénéité stylistique, une âpreté dans la recherche de l'intégrité du son auxquelles très peu de chefs se risquent aujourd'hui. » (Patrick Szersnovicz, Monde de la Musique n° 181)
Wand [7], ø Concert
Lübeck, Cathédrale, 24-26 juin 1988 OS. NDR - RCA 60365-2
Durées : I. 26'02 - II. 10'24 - III. 26'08 = 62'34 [Vers. Nowak]
7 Rép. n° 27 / Diap. d'or n° 363
« La 9e soutient légèrement moins l'intérêt sous la baguette de Wand [que la Huitième avec le même orchestre]. Les tempos sont amples et les phrasés généreux, mais la finition de la pâte orchestrale est ici moins convaincante. Les trombones notamment ressortent souvent en brisant quelque peu l'unité du discours (toute la coda du 1er mouvement où leur ponctuation rythmique parasite l'ascension vers la lumière.) De manière générale le scherzo manque d'élan fantastique, de pulsation inquiète et l'adagio final, une des plus belles choses jamais écrites [...]. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 27)
Wand [8], ø
Concert 21 avril 1998 P. Munich - Sardana Records
CDR 105/106
Durées : I. 26'47 - II. 10'35 - III. 25'02 = 65'48 [Vers. Nowak]
Wand [9], ø Concert
17-20 septembre 1998 Orchestre Philharmonique de Berlin - RCA
Durées : I - 26'12 II - 10'35 III - 25'12 = 61'59 [Vers. Nowak / Edition
Alkor]
10 Rép. n° 127 / 4f TRM
« En 197[9], Wand nous délivrait un message implacablement ficelé, comme un postulat, renversant. Aujourd'hui il nous convie à un voyage cosmique. Le regard s'est détaché des notes : aidé par un orchestre exceptionnel [...], le chef crée des espaces sonores dans lesquels il navigue, transcendé, avec une hauteur de vue d'un autre monde, d'un autre temps. Musicalement, cela se traduit d'abord par la perfection de la mise en place. Par « mise en place », j'entends chaque contribution à la grande architecture de l'oeuvre, chaque rapport de tempo, de dynamique, chaque ressort émotionnel, chaque attaque. [...] Le parallèle avec la gravure de Cologne s'impose alors : le discours est toujours aussi cadré, mais il est animé de l'intérieur, il nous parle. Si vous avez l'occasion de comparer, écoutez encore la vie des pizzicatos (et l'incroyable gestion de leur dynamique) dans l'amorce du deuxième mouvement. Ecoutez aussi, au début du adagio conclusif, après la première envolée (à 46 secondes), la profondeur des contrebasses. [...] C'est dans cet intervalle entre 1'04 et 1'46 que se synthétise la différence entre le Wand d'aujourd'hui et celui d'hier, mais aussi entre Wand et ses pairs. Le nombre de plans sonores est multiplié, l'interaction entre les instruments n'a jamais atteint ce degré d'alchimie. Cette section est un exemple parmi cent autres. Chaque instant de cette interprétation est une sorte de miracle... mais un miracle prémédité, puisque Wand exigea six répétitions pour une oeuvre que cet orchestre jouerait presque les yeux fermés ! [...] Quand vous aurez écouté les cors sur le dernier accord, dites-vous que le disque a été monté à partir de deux concerts, sans raccord. » (Christophe Huss, Répertoire n° 127)
Répertoire a publié un entretien avec Günter Wand dans ce même numéro 127, en y adjoignant une petite bibliographie artistique.
Wand [10], ø Concert
Tokyo, Takemitsu Memorial Hall, 13 novembre 2000 OS. NDR - RCA 74321-82797-2
(+ 8e Schubert) / BVBC-31005/6 DVD
Durées : I. 27'31 - II. 11'13 - III. 25'46 = 64'30 [Vers. Nowak]
NB : il existe un mixage des concerts de la veille et du lendemain : BMG BVCC 34039/40
Lisez un article en anglais de Victor Carr Jr.
Wand [11],
ø Concert 8 juillet
2001 OS. NDR - Great Artists GA 4 / En Larmes ELS 01-116/7
Durées : I. 27'06 - II. 10'48 - III. 26'01 = 64'00 [Vers. Nowak]
Wildner,
ø 20-21 avril/12 mai 1998 Neue Philharmonie of Westfalen - SonArte
CD SP13
Durées : I. - 23'18 - II. 10'57 - III. 25'02 - IV. 23'25 = 1 h 22'42
[Vers. Nowak plus Finale Samale]
Woess, ø Concert
16 septembre 1984 Wuerttemburg State - Lucky Ball CDR 0010
Durées : I. 22'51 - II. 11'15 - III. 23'53 = 58'00 [Vers. Nowak]
- Curiosité : un fil consacré à cette symphonie sur RMCR (en anglais). Vous pourrez maintenant identifier précisément et aisément toutes les interprétations citées.
- Manque de renseignements
Pour quelques versions obscures, souvent japonaises, qui ne doivent rien changer
à la discographie établie de toute façon, je n'ai trouvé
aucune sources de commentaire. Je les donne ici dans l'espoir de provoquer
quelques réactions :
?? Decca Japan CD POCL-4326 ??
Durées : I. 25'28 - II. 10'41 - III. 27'07 = 63'17 [Vers. Nowak]
Segal, ø ? OS. Radio Southwest German - VMK and Cos Co (CD?)
- Dossiers sur la 9e Symphonie
Discographie Répertoire n° 37 et Diapason
n° 440
- Dossier pour une orientation discographie de l'oeuvre de Bruckner
Répertoire n° 18 p. 13 sqq (très
vieux papier).
Diapason n° 430 p. 38 Cet article comporte
une intéresante synthèse sur l'interprétation de Bruckner
de Jean-Claude hulot, ainsi qu'un texte de Karl Anton Richenbacher.
Diapason n° 230 p. 64. Déjà en 1978, Jean Gallois, auteur du petit livre de la Collection Solfèges initiait la tribune de Diapason pour cette oeuvre. Une dixaine de versions étaient comparées. Conclusion : « Furtwängler l'emporte haut la main ». Sont cités ensuite : Jochum-64 et Mehta-65.
Toutes suggestions, corrections ou informations
supplémentaires sont bienvenues !
http://patachonf.free.fr/musique