Mise à jour : 19 mai 2003

Discographie Bruckner
Huitième symphonie

en ut mineur - Wab 108



K

Karajan, 1944 (Koch314482 H1)Karajan, 1944 (Iron Needle IN 1407)

Karajan [1], ø 28 juin (II. & III.) & 29 septembre (IV. en stéréo) 1944 Staatskapelle Berlin - Koch Swann "Legacy" 3-1448-2 /Iron Needle IN 1407 / Magic Master 37038 / Hunt 705 (finale seul)
Durées : I. perdu - II. 16'10 - III. 27'21 - IV. 27'34 = 71'00 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : H. Krüger
7/5 Rép. n° 77 & 129 / 3Y Diap. n° 407 & 411

« Ce document, d'un intérêt historique évident n'apporte [...] aucune clé discographique supplémentaire par rapport à l'oeuvre : c'est typiquement une archive pour kajanolâtres. » (Ch. Huss, Répertoire n° 129 p. 101 - novembre 1999)

« La bande qui nous occupe possède deux particularités : le 1er mouvement est perdu et le dernier est en stéréo expérimentale. On est frappé à nouveau par la précocité de la maturité du jeune Karajan [le « jeune freluquet autrichien » comme l'appelait un sinistre Adolf] : Le « Scherzo » est conduit avec une animation organique qui n'exclut jamais la respiration et la construction d'ensemble et le sublime « Adagio » révèle une poésie expressive alliée à une grandeur dynamique, le contrôle des masses sonores et la plénitude du déploiement, aboutissent à une émotion plus proche de son dernier enregistrement viennois que de celui de Berlin trop narcissique et wagnérisant pour certains. Le final, bien que capté quelques mois plus tard, véhicule la même charge spirituelle et démontre les mêmes qualités d'architecture. Moins tendue que celle de Futwängler, l'interprétation de Karajan atteint presque la même profondeur. Notre quotation se doit cependant de tenir compte de l'absence du premier mouvement. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 77 p. 32 - février 1995)

« En raison de sa forme laculaire, ce document est donc réservé aux fanatiques de Karajan, d'autant que [le Scherzo et l'Adagio] ne sont pas absoument convaincants. Karajan recherche avant tout dans cette grandeur assez ostentatoire, plus en situation dans le Finale, réellement écrasant, que dans les deux mouvements précédents [...]. Pareille conception trouvera son aboutissement dans la gravure berlinoise de 1957, plus achevée instrumentalement, tandis que les enregistrements ultérieurs de Berlin en 1975 et surtout Vienne en 1988 montreront l'évolution vers d'avantage de sérénité, sinon d'humilité du maestro. - Le Finale est un émouvant témoignage des premiers enregistrements sur bande magnétique (77cm/sec.) réalisés en stéréophonie en 1944 (le premier aurait été celui de la Sérénade n° 1 de Brahms le 26 avril 1943 à la Radio de Berlin). Il est impressionnant de constater que la qualité d'inscription du signal est parfaitement correct, que l'image sonore présente un excélent équilibre, une bonne définition et un parfait respect des nuances. La puissance qui s'en dégage laisse perpexe quant à la pseudo évolution de l'image sonore réalisée en cinquante ans... » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 411 p. 86 - janvier 1995)

Karajan, 1957 (Andante 4997-5000)

Karajan [2], ø Vienna, Musikverein, 17 avril 1957 Philharmonique de Vienne - Andante 4997-5000 (+ 9e Mahler/Mitropoulos-1960 & Mort et Transfiguration/Böhm-1963)
Durées : I. 15'30 - II. 14'50 - III. 25'22 - IV. 24'36 = 1 h 20'30 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935 - Le livret de l'éditeur Andante propose Nowak, bien que Karajan ait semble-t-il toujours utilisé Haas...]

Karajan, 1957 (Emi 569 092-2)

Karajan [3], ø [stéréo] 23-25 mai 1957 Orchestre Philharmonique de Berlin - Emi 569 092-2 / 566 094-2 / CMS 7 63469-2 [Columbia 33CX1586/7 62170 - LP]
Durées : I. 17'05 - II. 16'04 - III. 27'31 - IV. 26'17 = 1 h 26'59 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : Horst Lindner
3Y Diap. n° 361 4Y n° 435 / 3d Compact n° 53

« En 1957, à Berlin [...], le maestro signait son interprétation la plus ample, avec une recherche de monumentalité avoué. Le résultat est impresionnant, quoique non exempt de lourdeur, mais l'Adagio se révèle réellement émouvant. Moins étouffante de somptuosité que celle de 197[5] (dans l'intégrale DG), moins narcissique aussi, cette version n'ateint cependant pas le rayonnement poétique de l'ultime enregistrement viennois de 1988. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 361 p. 120 - juin 1990)

« L'erreur me semble d'avoir voulu donner trop d'ampleur au tempo lui-même ce qui alourdit sensiblement le discours (c'est très net dans les deux premiers mouvements). Là encore, et comme dans les versions ultérieures, Karajan privilégie le côté lyrique plutôt que contemplatif de l'œuvre : c'est ainsi que le scherzo manque de violence et devient quelque peu placide. Le contraste n'est pas assez marqué avec la rêverie ineffable du trio et le finale rejoint davantage la pensée de Karajan que celle, religieuse et contemplative, du compositeur. Mais l'adagio nous offre « aussi » des moments célestes, par son immatérialité même, tout comme le « Solennel » conclusif, au long silence habité, bouleversant (à 23'30), avant que le grand thème générateur réaparaisse dans toute son ampleur. » (Jean Gallois, Compact n° 53 p. 32 - mai 1990)

Karajan [4], ø Concert Londres, 1965 Philharmonique de Vienne - Nuova Era NE 2251/52 (+ Strauss, 4 derniers Lieders)
Durées : I. 16'26 - II. 15'07 - III. 26'45 - IV. 25'49 = 1 h 24'17 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
3d Compact n° 42

« Karajan dirige une Huitième Symphonie de Bruckner intense, ardente, extrêmement intériorisée, dont le point culminant est l'immence Adagio, d'une tendresse ineffable, d'une grandeur à la fois douloureuse et mystique. [...] Les autres mouvements sont tout aussi intenses, mais la prise de son privilégiant plus que de raison les registres graves (la timbales vraiment envahissante dans l'Allegro initial), réserve cette réalisation aux seuls véritable connaisseurs. - Prise de son sèche et sans ambiance. Aération très médiocre. Le son est coloré et distordu. » (Bruno Serrou, Compact n° 42 p. 36 - mai 1989)

Karajan [5], ø Concert 21 mars 1967 Orchestre Philharmonique de Berlin - Arkadia 705.2
Durées : I. 16'31 - II. 15'40 - III. 26'59 - IV. 25'34 = 1 h 24'44 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Karajan [6], ø janvier/avril 1975 Orchestre Philharmonique de Berlin - DG "Galleria" 439 969-2 (+ Wagner, Siegfried-Idyll) / 419 196-2 / 429-648-2 (intégrale 75-81) [2530 468-49 / 2707 085 / 2740 264 (intégrale) - LP]
Durées : I. 16'47 - II. 15'05 - III. 26'07 - IV. 24'07 = 1 h 22'06 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
3Y Diap. n° 210 & 363 (intégrale) / 3d Compact n° 22, 45 & 55 (intégrale)

« En 18 ans [enregistrement 1957 chez Emi], Karajan n'a sensiblement pas changé de point de vue. Adoptant à nouveau la version Nowak (la plus recommandable, il persiste dans l'adoption de tempi exagérément lents et nous donne ainsi la version la plus longue de l'ouvrage [...]. Les mouvements extrêmes, notamment, souffrent de ce parti-pris de lenteur et le caractère statique de l'interprétation désamorce les tensions accumulées de ces deux mopuvements, tout aussi bien que le ton fantastique, impérieux du Scherzo. Seul, le sublime Adagio trouve ici une traduction extraordinaire, d'une beauté sonore sompueuse qui traduit une sensualité sublimée. Mais a force de viser à la pure beauté sonore, Karajan démystifie l'humilité, la naïveté d'un message fait avant tout de piété et de simplicité. A la confession individuelle, Karajan substitue une conception panthéïste fin de siècle. En bref, Karajan dirige Bruckner comme un Wagner aphone. Il en fait trop de peur de ne pas pouvoir en dire assez. [...] Bruckner, c'est autre chose. » (Jean-Yves Bras, Diapason n° 210 p. 50 - octobre 1976)

« Dans la version berlinoise de 1975 [...] le chef atteint à un rafinement et une plénitude sonore inouïs. Le premier mouvement (l'un des plus brefs de Bruckner) est malheureusement pris un peu trop lentement ; le scherzo est parfois lours, et insuffisant le contraste avec la rêverie du Trio. Mais l' « Adagio » et le final sont d'une stupéfiante beauté : aucun chef, pas même Wilhelm Furtwängler, Günter Wand ou Karajan lui-même dans ses autres interprétations, n'a ainsi dirigé la terrifiante chevauchée mystique qui ouvre le finale et n'a donné un telle ampleur à la polyphonie de la coda. » (P. Szersnovicz, Monde de la Musique n° 178 p. 92 - juin 1994)

« Karajan nous donne de la Symphonie n° 8 une vision pleine de charme, mais plus personnelle que vraiment « brucknérienne ». Très lyrique (presque trop parfois), et ne respectant pas toujours l'esprit du compsiteur. » (Compact n° 45 p. 58 - septembre 1989)

Karajan [7], ø Concert 28 août 1975 Orchestre Philharmonique de Berlin - Fachmann Fuer Klassicsher Musik CDR 140/2

Karajan [8], ø Concert 15 août 1978 Philharmonique de Vienne - Fachmann Fuer Klassicsher Musik CDR 190/1 / Sardana SACD 241/2

Karajan [9], ø Concert Eglise St.Florian 8 juin 1979 Philharmonique de Vienne - DG 072 236-9 [Vidéo]
Durées : I. 16'53 - II. 15'38 - III. 26'29 - IV. 25'35 = 1 h 24'35 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Karajan [10], ø Concert Salzbourg, 17 août 1986 Philharmonique de Vienne - Fachmann Fuer Klassicsher Musik FKM-CDR 105/6

Karajan, 1988 (DG 427 611-2)

Karajan [11], ø Vienne, Musikverein, novembre 1988 Philharmonique de Vienne - DG 427 611-2 / Sony Classical SRLM5823 / SLV 46 403 [LD vidéo]
Durées : I. 16'56 - II. 16'25 - III. 25'13 - IV. 23'59 = 1 h 22'49 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Son : Günter Hermanns
10 Rép. n° 17 / 4Y Diap. n° 352 (Vidéo : Diap. d'or n° 387)

« Karajan signe là un disque qui fera partie de son testament musical. L'écoute comparée des deux versions de studio existantes (Philharmonie de Berlin, 1975, DG, et celle-ci) m'incite à affronter sereinement l'opinion hostile des détracteurs du génie brucknérien de Karajan. Il se trouve que Karajan a joué cette Symphonie tout au long de sa carrière et qu'elle constitue même un des piliers de son répertoire. Son premier enregistrement, celui de 1957 était déjà une grande réussite et l'enregistrement « live » (Nuova Era) de son interprétation de 1965, dont Christophe Huss nous a dit grand bien, atteste, avant que d'autres « live » ne viennent confirmer la chose, qu'il se sentait en totale affinité avec cette œuvre (les concerts auxquels il m'a été donné d'assister, notamment à Salzbourg, étaient presque des cérémonies sacrées à la gloire de Saint Bruckner). [...] Le présent enregistrement ne constitue nullement un doublon car il s'agit du témoignage bouleversant de la force surhumaine qu'un homme âgé de quatre vingt ans a été capable d'insuffler à un orchestre qui en a pourtant vu d'autres, y compris avec Karajan lui-même ! On sent le vieux maître se battre farouchement avec le matériau sonore pour tenter, telle démiurge qu'il a toujours rêvé d'être, de maîtriser les énergies colossales, les enchevêtrements telluriques des blocs, lignes et agrégats -avec des écarts de dynamique prodigieux - tout en se laissant emporter par une indicible élévation spirituelle. Cela nous vaut un premier mouvement proprement inouï où les cuivres, dans un engagement expressif total, jouent à fond de leurs possibilités. Si la plastique sonore est moins léchée que dans la version berlinoise -avec des tempos plutôt modérés (16' 56 contre 16'47 avec Berlin) -la violence élémen- taire du cataclysme tragique qui embrase la fin du mouvement dans une terrifiante fanfare des trompettes et des cors est bien plus paroxystique. Karajan livre là son dernier combat contre les puissances titanesques symbolisées par le thème de « l'annonce de la mort ». Moins réussi est le Scherzo, trop lent (16'25 contre 15'05 à Berlin), un peu statique, insuffisamment tendu, mê- me si le trio lyrique est d'une grande intensité extatique. Le sublime Adagio en revanche est d'une majesté écrasante. Palier par palier, dans une ascension céleste qui transforme le temps en éternité - Karajan aurait-il lu Saint Augustin ? - avec un sens de la respiration grandiose, Karajan conduit un orchestre envoûté - les cordes sont d'une brûlante intensité - à la formidable déflagration mystique finale, puis au rayonnant apaisement du murmure des tubas et des cors. Dans le finale, Karajan égale sinon dépasse sa prodigieuse réussite berlinoise. Le rythme initial de la chevauchée obstinée, ponctué par de violents coups de timbales, est plus tranchant avec Berlin, mais la prophétique coda, dont le début évoque l'ode funèbre de la 7e Symphonie et qui débouche sur la fantastique superposition contrapunctique des principaux thèmes de la Symphonie, est plus véhémente encore avec Vienne : on en sort exténué, ivre de musique. Karajan nous entraîne, une ultime fois, dans le gigantesque brasier cosmique où il nous fait côtoyer des cimes vertigineuses. Une expérience émotionnelle unique, même si l'accomplissement orchestral n'a pas la perfection formelle dont rêvent les puristes. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 17 p. 33 - septembre 1989)

« En douze ans, la conception globale n'a pas fondamentalement changé : les tempos sont presque semblabes à ceux de l'enregistrement berlinois, un peu plus ample pour le Scherzo, un peu plus allant pour l'Adagio, toutefois. Mais la lecture est plus décantée, moins attachée à la somptuosité du son pour elle-même, plus réellement habitée, que celle de 197[5]. Les mouvements extrêmes, puissants et dynamiques mais pas emphatiques, et le Scherzo, qui souvre sur un trio d'une rare poésie, sont des réussites absolues. Seul l'Adagio, assez rapide, manque un peu de recueillemnt, encore qu'il évite le narcissisme wagnérien de la version berlinoise. Cet enregistrement est le meilleur de ceux laissés par Karajan [...]. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 352 p. 128 - septembre 1989)

Kegel [1], ø (Concert ?) 11 mars 1975 OS. Radio Leipzig - ODE Classics ODCLBOX3
Durées : I. 15'13 - II. 14'32 - III. 23'45 - IV. 24'01 = 1 h 18'00 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Kegel [2], ø 1990 OS. Radio Leipzig - Pilz 44 2063-2
Durées : I. 15'54 - II. 14'49 - III. 24'03 - IV. 23'50 = 1 h 18'52 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Kempe,  1971 (Somm SOMMCD 106-2)

Kempe, ø 12-13 novembre 1971 O. Tonhalle Zürich - Somm "Celeste Series" SOMMCD 016-2 [Tudor 74003-04 / X-7656-57 / Ex Libris 16 607 - LP]
Durées : I. 16'14 - II. 14'10 - III. 27'40 - IV. 23'41 = 1 h 22'10 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
6 Rép. n° 147 / 5 Y Diap. n° 483

« La redécouverte de la version Kempe-Zurich se solde par une déception [...]. La conception est assez statique, avec un orchestre moins impliqué qu'avec Böhm [1978], quelques scories d'exécution (cf. 17'45 et 25'40 de l'Adagio) à, un son touffu et une vision qui se veut solennelle, mais sans vrai galbe sonore, ni profondeur patente. C'est un bon travail d'un bon chef [...] mais rien d'exceptionnel, vraiment. » (Ch. Huss, Répertoire n° 147 p. 40 - juin 2001)

« La gravure émouvante de Kempe [...] s'impose par la musicalité infallible du geste, la concentration expressive, et la noblesse qui imprègne toute l'œuvre d'une grandeur prenante. Le paradoxe vient de ce que son exigence même le dessert, car elle expose les limites de la Tonhalle, dans le son d'ensemble [...] comme dans la performance instrumentale des différents pupitres (d'où parfois de menus problèmes de justesse et d'attaque). » (Rémy Louis, Diapason n° 483 p. 77 - juillet 2001)

Un article en anglais de David Hurwitz.

Klemperer, ø 1924 O. Opéra Etat Berlin - Archiphon CD ARC-121/25 / Symposium SYMCD 1241 [Polydor 69764-67 - 78t]
Durée : Adagio seul III. 26'38 [Vers. 1892, Lienau 1892 et révision par Schalk]

Klemperer [1], ø Concert Cologne, 7 juin 1957 OS. Radio Cologne - Arkadia 704.1 / Frequenz 051-054 [Movimento Musica 02.023 - LP / Origine : Bande Radio]
Durées : I. 14'12 - II. 14'25 - III. 22'32 - IV. 20'44 = 1 h 11'53 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]

Klemperer [2], ø Londres, Kingsway Hall, oct./nov. 1970 New Philharmonia O. - Emi "Studio" ZDMB 63835 (+ Wagner, Hindemith) [HMV SLS 872 / HMV ASD 2943/4 / Angel SB 3799 - LP] (avec deux coupures dans le finale - 276 mesures)
Durées : I. 17'56 - II. 19'53 - III. 26'57 - IV. 19'26 = 1 h 24'12 [Vers. 1890, révision de Josef Schalk Ed. Nowak, 1955]
6/5 Rép. n° 39 / 3Y Diap. n° 374

«Emi, dans le cadre de son exhaustive Edition Klemperer, nous livre en compact cette 8e de Bruckner qui fit beaucoup couler d'encre en son temps. C'est il est vrai une réalisation discutable et discutée, non seulement en raison d'une direction âpre, impresionnante d'architecture mais dénuée d'émotion, mais des deux énormes coupures que pratique arbitrairement Klemperer dans le Finale. [...] Nous passerons sur les justifications avancées par Klemperer (Bruckner aurait été « trop loin » dans l'invention), pour déplorer ce massacre qui déséquilibre totalement l'effet de symétrie avec le long et opulant Adagio qui le précède. Cet Adagio, [...] n'est ici que solennité empesée et froideur monumentaliste. Heureusement que les deux premiers mouvements nous rappellent quel brucknérien fut Klemperer en d'autre temps, par une direction implacable de compacité et d'une transparence inouïe. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 39 p. 35 - septembre 1991)

« [Pour cette Huitième Symphonie, Otto Klemperer] fait subir un traitement qui aboutit à une véritable distortion. Le premier mouvement, pris dans un tempo très ample, étonne par sa concentration et sa tension ; le Scherzo est littéralement inouï, le chef réussissant l'exploit, tout en batant tous les records de lenteur [...] de la faire rebondir avec une mobilité et une fluidité fascinante, tandis que le Trio atteint un sommet de romantisme méditatif ; l'Adagio est plus impressionnant qu'émouvant, comme souvent avec Klemperer, mais le Finale gâte l'ensemble car le maestro y pratique deux gigantesque coupures [...] qui déséquilibrent complètement l'un des mouvements les plus achevés de Bruckner, sous prétexte que l'inspiration du compositeur était trop riche. En dépit de la dimension grandiose de ce qui subsiste, pareille mutilation laisse l'auditeur frustré, avec le sentiment d'être passé tout près d'une des plus grandes interprétations, malheureusement discalifié par ce choix aberrant. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 374 p. 142 - septembre 1991)

Kobayashi, ø 29-30 novembre 2001 OP. Tchèque - Exton OVCL-00076 / OVGY-00003 (SACD)
Durées : I. 16'05 - II. 15'59 - III. 26'27 - IV. 26'04 = 1 h 24'39

Konwitschny, ø [stéréo] 18-19, 21 décembre 1959 OS. Radio Berlin - Weitblick SSS0012-2
Durées : I. 15'23 - II. 13'57 - III. 27'11 - IV. 24'42 = 1 h 21'13 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Koussevitzky, ø 30 décembre 1947 OS. Boston - ASDisc AS 360 [Origine : Bande pirate]
Durées : I. 11'55 - II. 11'20 - III. 16'05 - IV. 11'20 = 50'40 (version emputée par Koussevitzky pour être diffusée dans le cadre d'un programme radio d'une heure)
Diap. n° 360

Kubelik, ø 12 mars 1950 O. Concertgebouw - [Inédit : archives de la radio NAA]

Kubelik, 1963 (Orfeo C 203 891 A)

Kubelik [1], ø [mono] Concert 8 novembre 1963 OS Radio Bavaroise - Orfeo "Orfeo d'Or" C 203 891 A
Durées : I. 14'39 II. 14'24 - III. 22'36 - IV. 22'14 = 1 h 13'53 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]
Diap. n° 360 / 4d Compact n° 52

« Bruckner appartient au patrimoine de l'Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, et Kubelick est l'héritier de la tradition venant du Danube. L'osmose entre ces deux éléments ne peut donc être que totale. Malgré des défaillances au sein des cuivres (il est vrai constamment mis à contribution), l'orchestre sonne comme un immence vaisseau, porté par la flamme intérieur, l'ardeur généreuse et la foi de Kubelik, qui brosse un hymne immence à la création. [...] Ici, sul le compositeur s'exprime, avec toute la bonhomie qu'on lui connaît. La rythmique de certains thèmes n'est jamais soulignée à l'excès (notamment dans le Scherzo, où Kubelik se fait poète sans affecter la volonté du compositeur). Le mouvement lent chante avec tendresse et mélancolie. Lardeur de la direction délivre une émotion contenue, d'une bouleversante spiritualité. Le grand thème introductif du finale est resplendissant (regrettons cependant que certains solos de cuivres dérapent quelque peu dans le pasage apaisé, alors que le rythme de marche, ample, révèle un orchestre impresionnant). » (Bruno Serrou, Compact n° 52 p. 40 - avril 1990)

Kubelik [2], ø Concert années 1970 ? OS. Radio Bavaroise - First Classics 2003/2004 / Meteor 015/016
Durées : I. 15'29 - II. 15'09 - III. 25'30 IV. 22'05 = 1 h 18'15 [Vers. 1887/90 Robert Haas, 1935]

Knappertsbusch, 1951 (M&A 856)Knappertsbusch, 1951 (Tahra 207/208)

Knappertsbusch [1], ø Concert Berlin, Titania Palast, 7-8 janvier 1951 OP. Berlin - Tahra THA 207/208 / Music & Arts CD-856 / Arkadia CDGI 711.1 (p) 1993 (avec date du 29 janvier 1952) / Music & Arts 1028 (coffret - idem) / Greenhill GH 0006/7
Durées : I. 14'52 - II. 13'53 - III. 26'55 - IV. 22'31 = 1 h 18'30 - [Vers. 1892 et révision par Schalk]
7/4 Rép. n° 112 / 4 Y Diap. n° 397

« Personnellement je n'ai jamais vraiment accroché à ses interprétations brucknériennes, mais ici indiscutablement il se passe quelque chose, un je-ne-sais-quoi comme disait Vladimir Jankélévitch, qui est de l'ordre de l'impalpable émotion. En écoute aveugle comparée, il est probable que ces enregistrements live seraient sérieusement critiqués à cause de certaines imprécisions de mise en place, de quelques accros, des timbres instrumentaux insolites (bois), des problèmes d'intonation sur les violons, des fluctuations très personnelles de tempos (avec des ralentissements saisissants) et des phrasés parfois étonnants, c'est le moins que l'on puisse dire (Finale de la 8e). Et pourtant [...] On est étreint par ce Bruckner énorme, babylonien, où des cuivres titanesques et des cordes graves massives édifient une impresionnante forteresse.L' « Adagio » de la 8e, malgré des violons un peu acidulés, est d'une majesté toute wagnérienne avec un climax gigantesque que réhausse une largeur de respiration inhabituelle. Le Finale est lui aussi une colossale démonstration de force et même de sauvagerie tellurique. Ce Bruckner-là manque peut-être de spiritualité et même de subtilité dans la finition, mais il s'enracine dans la tradition germanique d'un Bruckner grandiose, certains dirons grandiloquent. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 112 p. 40 - avril 1998)

« Plus rapide que sa gravure munichoise ultérieure mais tout aussi formidable par son climat d'apocalypse ; il semble de plus que Knapperstbusch ait ici choisi de suivre la partition préparée à son propre usage par Furtwängler, plus proche de l'original que la version d'Orberleithner retenue à Munich. [...] Ces documents [7e, 8e et 9e] sont passionnants, même si les mélomanes doivent en connaître les limites tenant tant au choix de partitions plus ou moins retouchées qu'à la technique même de Knappertsbusch dont on sait le mépris légendaire pour les répétitions. Lors que la Philharmonie de Berlin ou de Vienne l'assistent, le résultat est granduise [...] ; en revanche avec un orchestre aussi moyen que celui de l'Etat de Bavière, le résultat est souvent plus qu'approximatif. Si l'on compare la conception du chef avec celle de son contenporain Furtwängler, on observe que, dans les tempos globalement voisins, les accélérations et le rubato de « Furt » s'opposent à la matière sculptée par « Kna » , qui construit chaque mouvement d'un seul jet sans fluctuation, comme une coulée de matière sonore brute mais d'une puissance particulièrement impresionnante. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 397 p. 128 - octobre 1993)

Knappertsbusch [2], ø Concert Munich, 5 décembre 1955 O. Etat Bavière - Orfeo C 577 02-1 / Music & Arts CD-266 / King Records KICC 2156 [Origine : Radio Bavaroise]
Durées : I. 12'44 - II. 13'16 - III. 22'14 - IV. 21'27 = 1 h 09'41 [Vers. 1892 et révision par Schalk]
Rép. n° 159 p. 113 et n° 112 / 5 Classica n° 44

« Knappertsbusch avait appris « son » Bruckner selon une tradition (Editions Schalk) à laquelle plus aucun chef ne se réfère aujourd'hui sous peine d'être accusée de provocation. On se situe donc ici dans un univers différent, auquel on adhère ou pas. La richesse d'une telle interprétation vient du sentiment de recréation qu'elle procure : ce que nous entendons est une autre « vérité » musicale. [...] La Symphonie n° 8 déborde de vie, sans porter un « message spirituel » comme chez Furwängler ou Jochum. [...] Notons enfin que les prises de son [...] furent réalisées par la Radio de Bavière. Leur dynamique reste inférieur à celles des concerts, qui n'avaient pas pour vocation une publication. Il n'était alors pas question de saturer les récepteurs des particuliers... » (Stéphane Fiédérich, Classica n° 44 p. 66 - juillet 2002)

« Autant les interprétations wagnériennes sont absoluement indicutabless et souvent même géniales [...] autant ses exécutions (le mot est pris ici dans sa connotation négative) des symphonies de Bruckner sont tout a fait contestables. Dans le dédale des nombreux labels qui ont publié ses interprétations de studio ou de concert on finit par se convaincre que, malgré son attachement au maître de Saint-Florian, Knappertsbusch est largement passé à côté de sa prodigieuse élévation spirituelle. [...] Premier problème, « Kna » utilise des éditions tronquées qui défigurent gravement le message brucknérien : [...] l'édition Schalk/Von Oberleithner dans la 8e [...]. Deuxième problème, tout aussi rédhibitoire, la mise en place est très souvent approximative, flottante même, avec de longs tunnels prosïques, des variations incontrôlées de tempos et de dynamiques et, plus grave encore du côté de l'orchestre [...], de fréquents écarts de justesse [...]. » Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 159 p. 113 - juillet 2002)

Knappertsbusch [3], ø [mono] Concert Vienne, Musikverien, 29 octobre 1961 Philharmonique de Vienne - Melodram GM 4.0008 (coffret 7 CD) / Memories HR 4171/73 / King Records KICC 2378/9 / Nuova Era 2370/72 / Memories HR 4171/73 [date 1963] [BWS / Discocorp IGI-375 - LP]
Durées : I. 15'31 - II. 14'48 - III. 26'29 - IV. 25'49 = 1 h 22'37 [Vers. 1892 et révision par Schalk]
4Y Diap. n° 361

Knappertsbusch [4], ø Concert Munich, Herukressaal, 24 janvier 1963 OP. Munich - Refrain DR 910005-2 / King Records KICC 2407

Knappertsbuch, 1963 (Winstminster 471 211-2)

Knappertsbusch [5], ø [studio] janvier 1963 OP. Munich - Westminster "The legacy" 471 211-2 / MCA "Millenium Classics" MCD 80 089 / MCA Classics MCAD2-9825A/B (+ 7e par Steinberg - stéréo inversée) / MCA MCD 99 825 / Westminster WP 64XK-10/11 / MVCW14001-2 [Music Guild MS-6208 / Vega C 30 A 441-2 / Westminster WST 235 (stéréo inversée) / CBS 72486-7 - LP]
Durées : I. 15'56 - II. 15'59 - III. 27'40 - IV. 26'02 = 1 h 25'39 [Vers. 1892 et révision par Schalk]
7/6 Rép. n° 60 & 150 / 4Y Diap. n° 393, 445 & 486

« Comme dans ses interprétations de concerts publiés par Music and Arts et Nuova Era, c'est encore aux arrangements signés Max von Oberleithner que Knappertsbusch fait appel. Pour résumer notre impression, nous dirons que les premiers mouvements déçoivent par leur manque de contenu émotionnel, surprennant quand on connaît la personnalité mystique de Kna., mais que le final est un éblouissement de grandeur. Libérant alors les forces telluriques d'un orchestre chauffé à blanc, il nous conduit vers un grand frisson qui efface les premiers instants de déception pour ne pas dire d'ennui. Interprétation donc inégale mais attachante par ses tempos amples et son approche par agrégats sonores qui rappelle plus un Klemperer qu'un Furtwängler plus attaché à la motorique. » (Philippe de Souza, Répertoire n° 60 p. 33-34 - juillet 1993)

« Deux ans avant sa mort, Knapperstbusch enregistrait la Huitième de Brukner avec la Philharmonie de Munich. COmme a son habitude, il utilise une version révisée - ici par Max von Oberleithner - que l'on considère aujourd'hui comme fautive et peu recommandable. A priori, on se dit qu'une telle œuvre doit lui convenir. Pourtant, les trois premier mouvements déçoivent par leur atonie et leur absence d'élévation spirituelle : le dernier temps en proprement extraordiniare, d'une puissance formidable, d'une grandeur mystique. » (Jacques Bonnaure, Répertoire n° 150 p. 86 - octobre 2001)

« Datant de janvier 1963, c'est la seule gravure en studio du maître [..., elle] reste fidèle à l'édition arrangée par Max von Oberleithner (1868-1935, composituer disciple de Bruckner), dont l'orchestration est assez altérée par rapport à l'original [NB : elle « empâte inutilement l'orchestration »], mais on sait que Knapperstbusch tenait à défendre ces révisions apocryphes (alors que l'originale avait supplenté cette édition dès sa révélation par Furtwängler en 1939). Une fois admise cette singularité, l'interprétation de « Kna » est évidemment très personnelle. Plus ample que dans ses concerts, elle est tout entière orientée vers le Finale. Les deux premiers temps sont conçus comme des blocs présentés de façon plutôt abrupte : l'Adagio est plus solennel qu'émouvant mais impresionne à cet égard. Mais le Finale est réellement extraordinaire ; jamais aucun autre chef à ma connaissance, n'a su lui donner cette démeusure apocalyptique qui culmine dans une coda aux accents de fin du monde. Cette conception, marginale mais à sa manière géniale, est à connaître, surtout pour ceux qui sont déja familiarisés avec la partition. » (Jean-Claude Hulot, Diapason n° 393 p. 106 - mai 1993)

Visitez le site www.syuzo.com/kna-archiv pour tout savoir des enregistrements et des concerts de Knappertsbusch.


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