Mise à jour : 09 septembre 2016

Discographie Berlioz
Symphonie Fantastique



A

Abbado, 1982 (Dg 410 895-2)

Abbado

ø 1983 - OS. de Chicago
* CD : DG 410 895-2
Son : Karl-August Naegler
Durées : I. 15'18 (reprises) - II. 5'57 - III. 16'33 - IV. 6'22 (reprises) - V. 9'33 = 54'00
6/8 Répertoire n° 63 (comparatif) / 3Y Diapason n° 293

« Abbado insiste sur la coloration des masses dynamiques, la souplesse des articulations et le legato sans vraiment réussir à s'arracher à une certaine lourdeur du fait de tempos assez larges et d'un manque de mordant. Un Berlioz qui chante trop du côté de Mendelssohn, voire de Brahms. » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 63)

« Abbado respect scrupuleusement le programme de la symphonie, en imposant des ruptures de climat très nette ; sa conception se rattache au « courant Karajan » : lecture très moderne d'une partition nettement prise comme novatrice et complexe, sur laquelle il convient de réfléchir ce que d'autres compositeurs nous ont appris de l'orchestre berliozien. Il n'y est pas toujours très convaincant par manque... d'idée fixe. Avec lui, la symphonie s'ouvre et se ferme sur deux pages magistrales, quasiment anthologiques : le premier mouvement, presque mahlérien, avec des silences habités, ses tensions acumulées et délivrées d'un trait, et le Sabbat, inouï de timbres, de virtuosité et de gouffres - jamais surchargé, visionnaire. Mais le Bal, très frais et raffiné, très... bal, manque d'ivresse ; la Scène aux champs, où l'on hésite à invoquer Beethoven ou Brahms, se fait peinture calme, sans nuages ni lueurs, et la Marche se gorge d'un triomphe de cuivre assez superficiel. » (P. Godefroid, Diapason n° 293 - avril 1984)

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Ansermet, 1960 (Decca 433 713-2)

Ansermet

ø Genève, Victoria Hall, septembre 1967 - O. de la Suisse Romande
* LP : Decca SXL 6343 (+ Corsaire-ouverture)
* CD : Decca 452 305-2 / "Ovation" 433 713-2
Durées : I. 13'32 - II. 6'05 - III. 15'58 - IV. 5'00 - V. 10'10
3Y Diapason n° 385

« Il y a malheureusement peu à dire de cette nouvelle version... Nous retrouvons les qualités de clarté, de précision, de lucide intelligence qui distinguent le grand chef helvétique. Mais cette interprétation, qui nous vaut un premier mouvement d'une belle structure plastique, accuse une certaine sécheresse, qui empêche la "scène aux champs" de nous communiquer toute sa frémissante émotion et surtout un regrettable manque de flamme, responsable d'une "Marche au supplice" exagérement lente et lourde et d'un finale freiné par d'inexplicables changements de tempo, et succédant à une introduction au contraire étrangement précipitée... Cette version ne saurait prétendre remettre en cause la suprématie de Monteux, puis de Cluytens, Karajan et Munch... » (Harry Halbreich, Harmonie n° 42 - décembre 1968)

« La nécessité d'un tel enregistrement se faisait-elle sentir après les versions récentes et toutes prestigieuses de Davis, Klemperer, Karajan et Munch ? ... Le 1er mouvement est joué avec chaleur et élégance. Le second, "Un Bal", ne met pas suffisamment les parties de harpes en évidence. Après un bon mouvement lent, la "Marche au supplice" est assez terne et lourde. Dans le finale, Ansermet utilise de grosses cloches lointaines, conception qui peut se défendre vis-à-vis des cloches à tubes trop présentes d'autres versions. Cette page est bien exécutée mais les basses sont assez mates, manquant un peu de force. » (Frans Lemaire, Revue Belge des Disques n° 166 - Eté 1968)

« Si vous aimez faire des rapprochements en musique, ne manquez pas d'écouter deux versions de la "Fantastique" : celle de Munch (1967) et celle d'Ansermet. Elles sont grandes l'une et l'autre, mais totalement différentes - à tel point que jamais encore, me semble-t-il, n'était aussi nettement apparue la différence de tempérament entre ces deux chefs. Enthousiaste, romantique et "théatral" (dans la meilleure acceptation du terme), Munch "se laisse aller" - et nous entraîne ! "Romantique contrôlé", prodigieux "analyste" musical, Ansermet dissèque la partition avec une fidélité exemplaire, "laisse faire Berlioz" - et nous entraîne aussi (écoutez sa "valse"). » (Michel R. Hofmann, Musica/J.M.F n° 176 - janvier 1969)

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Argenta, 1957 (Decca LXT 5423 - LP)Argenta, 1957 (Decca SXL 2009 - LP)Argenta, 1957 (Decca SXL 2009 - LP)Argenta, 1957 (Decca "Classics Sound" 452 305-2)

Argenta

ø Paris, Maison de la Mutualité, 11-13 novembre 1957 - O. des Concerts du Conservatoire
* LP : Decca ADEC-2009 / SXL 2009 / SDD 115 / LXT 5423 (p 1961) / London CS 6025
* CD : Decca "Classics Sound" 452 305-2 (+ Préludes, Liszt-1955)
Durées : I. 12'43 - II. 6'18 - III. 15'27 - IV. 6'23 - V. 9'35 = 51'
Son : Kenneth Wilkinson
9/5 Réperoire n° 99 / 2Y Diapason n° 436

« C'est avec un intérêt particulier que l'on accueille ce disque dont la signification est exceptionnelle. En effet, c'est un des derniers enregistrements réalisés par Argenta si prématurément disparu... Il est évident que son tempérament chaleureux et passionné, son sens de la couleur et surtout son élégance et sa noblesse instinctives le désignaient à interpréter cette "Fantastique" qui reste décidemment une très grande oeuvre... L'orchestre du Conservatoire était mieux que tout autre indiqué pour cet enregistrement. Bois et cuivres, en particulier, sont admirables. Signalons qu'Argenta fait la reprise de la "Marche au supplice"... Quels que soient les mérites de certaines versions précédentes, nous pensons que, jusqu'à nouvel ordre, celle d'Argenta domine nettement tout ce qui a été réalisé à ce jour. » (Frans Lemaire, Revue Belge des Disques n° 67 - septembre 1958)

« ... Cette version de la « Fantastique » porte la griffe d'un maître. Eloignée de toute originalité douteuse, la conception d'Argenta s'appuie sur un respect absolu de la partition... Dès la 1ère phrase «à nu» des violons, très retenue, d'une sonorité diaphane, le charme est créé... En son idéale beauté de lignes, on dirait que la «valse» ne veut point de détente : l'allure rapide, le rythme insistant, presque saccadé sur la fin, évoquent un «dernier» bal cruel et désespéré. Nous retrouvons dans la «scène aux champs», intacts, les caractères des 2 premiers mouvements. Point d'apaisement ni de faille : sans se relâcher, l'enchantement devient maléfice : le dénouement approche... La «Marche au supplice» ne recherche ni la véhémence obsessionnelle (Munch), ni une impassibilité glaçante d'effroi (Markévitch). Elle revêt plutôt ce caractère d'incantation rituelle issu des mythes barbares que Stravinsky retrouvera dans le «Sacre» et prélude aux transes visionnaires de la « Nuit de Sabbat » : tempo rapide, articulation nerveuse, inflexible : les puissances maléfiques se repaissent de l'âme du vaincu ! Il y a là, conjuguées, une lucidité d'organisation et une volonté expressive prodigieuses et dont on ne trouve l'équivalent dans aucune autre version. L'interprétation d'Argenta se situe, à mon sens, un peu «au-delà» de la perfection. » (Claude Dutra, Revue « Disques » n° 102 - octobre 1958)

« Nous sommes devant une réalisation d'une classe exceptionnelle. Argenta était la musique faite homme et ses interprétations atteignaient un haut niveau de puissance suggestive. Sa "Fantastique" a trouvé en lui un traducteur inspiré à lamesure des rêves insensés de Berlioz; avec lui, la puissance explosive de la musique - que Berlioz voulait fracassante - est admirablement traduite; il n'y a pas une note qui ne trouve là sa pleine justification dans le discours enflammé de ce grand romantique. La passion est envoûtante dans le 1er mouvement et dans la val d'un "Bal"; la belle et fine poésie de la "Scène aux champs" est aussi bien traduite que l'agitation de notre héros dont la passion gronde aux basses. Et que dire de la puissance suggestive de la "Marche au supplice" et de la "Nuit de Sabbat"; tout y devient vision infernale sombre et puissante, avec des impreccations et des déformations rythmiques étonnantes. Nous avons là une version qui s'impose parmi les meilleures. » (Serge Berthoumieux, "Revue du Son" n° 167 - mars 1967)

« Quelle redécouverte ! Le chef espagnol [mort le 21 janvier 1958 à l'âge de 44 ans] exploite d'une manière simplement géniale la crudité des timbres de l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, ces cordes éffervescentes, ces bois insinuants, ces cuivres blêmes à force de blondeurs... Il projette un éclairage d'une rare violence sur le détail instrumental, gère d'une manière prodigieusement intelligente l'échelle dynamique, ainsi que la respiration organique de la musique, son flux oppressé ou bien détendu (la « Scène au Champs » est la plus révélatrice qui soit), nous plongeant ainsi au coeur du romantisme berliozien, glaise et feu mêlés, ciels fulgineux, accents sardonique. [...] - Son assez acide. » (Gérard Belvire, Répertoire n° 99 p. 82 - février 1997)

« Il faudra faire bien des efforts pour trouver quelque authenticité « française » à cet Orchestre du Conservatoire de Paris qui fait surtout entendre ses cordes tristes, ses vents aigrelets, et des décalages à la moindre occasion, bref tout ce qu'un disque rend insupportable dans une oeuvre aussi essentiellement orchestrale que la Symphonie fantastique. Dans ces circonstances, le talent d'Ataulfo Argenta ne transparaît guère. Quelques pages sans trop de notes, comme le début de la Scène au champs, peuvent laisser croire que le chef espagnol cherchait une austérité de ligne originale dans cette partition romantique. » (Eric Taver, Diapason n° 436)

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